Au Québec, la démocratie, la paix et la solidarité
constituent un héritage précieux, inscrit au coeur
même de la culture québécoise. Jusqu'à
présent, dans tous les domaines d'activités, qu'il
s'agisse de l'éducation, de l'économie, ou encore
des politiques sociales et des droits et libertés, les
Québécois et les Québécoises ont toujours
exprimé leur engagement à défendre et à
promouvoir la justice sociale. Partenaires pour la souveraineté
estime alors naturel que la politique extérieure d'un Québec
souverain soit fondée sur ces principes et sur le refus
de recourir aux armes dans le règlement des conflits entre
États.
La société internationale compte un nombre toujours
plus grand d'États, dont le degré de développement
et les particularités géographiques ou culturelles
diffèrent. Le Québec souverain rejoindra les rangs
des ì petits pays riches î tels
la Suède, la Norvège, la Finlande, l'Irlande, le
Danemark, l'Islande, la Suisse ou encore l'Autriche et les Pays-Bas.
La bonne foi de ces pays et leur position en faveur de la sécurité
collective sont rarement remises en cause, ceux-ci étant
pour la plupart sans passé colonialiste ni visée
hégémoniste. Leur poids moral équilibre le
poids militaire ou démographique des grandes puissances.
Certains de ces États ont joué un rôle important dans l'avènement des forces de maintien de la paix, dont la Suède et l'Irlande. Aujourd'hui, d'autres n'hésitent pas à susciter des débats démocratiques à l'échelle d'un continent, tels, par exemple, les référendums sur l'adhésion à l'Union européenne. Le Québec aura donc à définir sa contribution à l'ordre mondial du début du 21e siècle : un monde pacifique, juste, solidaire et écologique.
Aujourd'hui, pays pauvres et pays riches ont
un même combat à mener : celui de la démocratie
et du développement social. La prospérité
des nations, la paix et la survie de l'environnement dépendent
de notre capacité à transformer nos antagonismes
en mouvements de solidarité.
La politique de coopération internationale
du Québec souverain doit donc en être une d'échanges
et d'engagement réciproque entre partenaires égaux.
Elle doit être le fait de la société québécoise
dans son ensemble et non celui de son État seul. Déjà,
des milliers de Québécois et de Québécoises
travaillent sur tous les continents et un Québec souverain
continuera à soutenir les initiatives favorisant l'autodéveloppement.
Au coeur des échanges avec les gouvernements démocratiques
et les organismes de changement des divers milieux : emploi,
travail productif, formes nouvelles de production, lutte contre
la pauvreté et l'exclusion sociale et politique. Pour soutenir
ces programmes, à l'instar des pays scandinaves et des
Pays-Bas, l'État québécois pourrait s'employer
à fixer sa contribution à 0,7 % du PNB.
Partenaires pour la souveraineté croit que l'État québécois devrait appuyer sa politique de développement solidaire sur l'éducation. Antidote à l'intolérance et au racisme, l'éducation au développement est déjà dispensée par tout un réseau d'organisations régionales travaillant en collaboration avec le milieu scolaire et l'ensemble des partenaires sociaux. Il faudra renforcer ces actions car elles favorisent l'ouverture sur le monde et contribuent à enraciner un sentiment de solidarité internationale au sein de la population. L'aide humanitaire en cas de catastrophe naturelle ou de conflit armé prend alors tout son sens.
La diplomatie constitue pour un pays une voix
privilégiée d'accès et de participation au
monde international. Dans ce monde en mouvement, les questions
économiques et technologiques occupent une place importante;
il est donc impératif que le Québec y soit présent
de façon directe, sans aucun intermédiaire. Le peuple
québécois doit compter sur son État et non
sur l'État fédéral pour la défense
de ses valeurs et de ses intérêts.
Déjà, depuis les années soixante, le Québec s'illustre sur le plan international " dans le prolongement externe de ses compétences internes ", notamment dans les domaines de l'éducation et de la culture, surtout auprès des pays francophones et ceux d'Amérique latine. Le Québec a établi plusieurs délégations à l'étranger et développé une expertise unique. Malgré l'opposition farouche de l'État fédéral qui, pendant plus de quinze ans, a retardé la création du Sommet de la francophonie, tentant même d'empêcher le Québec d'être membre de l'Agence de coopération culturelle et technique, auquel il adhérera en 1971, le Québec a réussi à faire entendre sa voix. Cependant, seule la souveraineté lui permettra d'assumer sa place pleine et entière à la table des nations, notamment à l'Organisation des Nations Unies.
Indépendant, le Québec devra
participer aux forums et aux conférences internationales,
là où l'on discute des problèmes fondamentaux
de l'heure, telles les récentes conférences sur
l'environnement et le développement social tenues au Brésil
et au Danemark. Le Québec y participera d'autant plus que
le principe de l'égalité des États y est
appliqué concrètement par la règle : un
pays, un vote.
Le Québec est fortement touché par certains accords économiques internationaux conclus par le Canada. C'est le cas notamment du GATT ( Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce ) et de l'ALÉNA ( Accord de libre-échange nord-américain ) dont l'approche strictement commerciale ignore l'essentiel des protections sociales et environnementales. S'il veut défendre ses intérêts économiques et ses valeurs profondes, le Québec doit participer directement aux négociations et établir lui-même ses alliances avec les autres pays.
Les dernières négociations du GATT le démontrent. Dans le domaine de l'agriculture, par exemple, le Canada a ignoré la position du Québec et des pays de l'Union européenne favorables à la protection des marchés intérieurs pour les produits agricoles. Résultat : les producteurs laitiers du Québec ont été lésés.
L'approche sociale préconisée par nombre d'organisations québécoises lors des négociations de l'ALÉNA a aussi été écartée. Les droits sociaux, les normes minimales du travail, les droits démocratiques et humains, les normes environnementales, etc, autant de préoccupations passées sous silence. Or, d'ici l'an 2005, le processus d'intégration des Amériques se poursuivra. Il est donc important qu'un Québec indépendant établisse des alliances avec les pays soutenant l'approche sociale, notamment ceux du MERCOSUR tels le Brésil, l'Argentine ou encore l'Uruguay.
Pays francophone au littoral atlantique, il appartient au Québec d'accorder la priorité à ses rapports économiques avec l'Europe et l'Afrique, tout comme avec les pays du continent américain. Encore une fois, la politique du Canada, davantage orientée vers les pays d'Asie et du Pacifique, va à l'encontre des intérêts du Québec. Souverain, le Québec pourra conclure les ententes économiques bilatérales de son choix.
Pays francophone, nordique, américain, cosmopolite, le Québec indépendant saura inscrire ses relations diplomatiques dans la continuité de ses valeurs de paix et de liberté, contribuant de la sorte à l'évolution des relations entre les peuples. Ses programmes de coopération, ses nombreuses relations commerciales et techniques avec les autres pays, ses délégations en Europe, en Amérique et ailleurs, toute une dimension de la vie québécoise qui illustre déjà la volonté du Québec de souscrire, à l'échelle internationale, à des objectifs de paix, de développement humain, d'équilibre et d'équité.
En matière de sécurité, le Québec est particulièrement bien placé pour développer une diplomatie préventive préconisant le développement et la transformation des industries de guerre en outils de paix et de développement. Sortant des cadres traditionnels, il pourra choisir de promouvoir la mise sur pied d'une école internationale du maintien de la paix, destinée à prévoir et à désamorcer les situations génératrices de conflits.
La participation du Québec aux alliances militaires internationales nées de l'après-guerre, tels l'OTAN et NORAD, semble anachronique. Évitant de se placer dans une position de dépendance envers les alliés américains et européens, la priorité devrait être accordée aux nouvelles conditions de sécurité telle l'assistance civile.
Par ailleurs, Partenaires pour la souveraineté
croit que le Québec ne devrait pas devenir un pays sans
armée. La surveillance territoriale et l'ordre public,
de même que la participation aux opérations de maintien
de la paix, voilà le mandat qu'un Québec souverain
réserverait à son armée. Non une armée
de soldats machines-à-tuer, mais plutôt une armée
de soldats-diplomates, de soldats-citoyens dans une société
libérale, tolérante et démocratique.