Championnat d'Europe 1968 Demi-finale - 5 Juin 1968

Yougoslavie (0) 1 Dzajic 86 Angleterre (0) 0

Stadio Communale, Florence - 21,834 José María Ortiz de Mendibil (SPA)

Une fois de plus, on a usé d'un peu de psychologie pour amateurs. Selon l'entraîneur yougoslave, Rajko Mitic, il s'agissait là de la meilleure équipe de Yougoslavie depuis celle dans laquelle il avait lui-même évolué dans les années 50 - et l'adversaire semblait le croire. 'L'Angleterre en danger', pouvait-on lire dans un grand quotidien anglais - et la sélection d'Alf Ramsey souffrait d'une prudence presque maladive. En appelant Norman Hunter, le coach anglais alignait cinq joueurs au milieu de terrain, dont deux récupérateurs, et laissait Roger Hunt seul devant.

Les Yougoslaves jouant derrière avec un libéro, les spectateurs assistent à un autre match serré - et rude, ponctué par 49 coups francs. Il est difficile de savoir qui a commencé. Ramsey a déclaré que Dobrivoje Trivic, la réponse yougoslave à Nobby Stiles, avait agressé Bobby Charlton et Alan Ball dans les deux premières minutes, Alan Mullery se vengeant à hauteur de tibia après dix minutes de jeu. Hunter a certainement télescopé Ivica Osim, le meneur de jeu yougoslave, au cours des cinq premières minutes : celui-ci ne s'est pratiquement pas montré pendant tout le reste du match. Ball, qui a boité pendant des jours après la rencontre, a avoué n'avoir "jamais disputé un match comme celui-là, où l'intention des adversaires était de faire mal". Hunt et Mirsad Fazlagic écopent chacun d'un carton jaune.

Sur ce véritable champ de bataille, les Anglais n'ont que quelques occasions - la tête de Ball, qui se trouve en position de hors-jeu, s'écrase sur la transversale, puis ce même Ball expédie un tir violent au-dessus de la barre, après une excellente phase de jeu. L'Angleterre aurait pu venir à bout des dix hommes encore valides, si elle avait eu la puissance de feu ou un ailier capable de rivaliser avec Dragan Dzajic, le meilleur à ce poste en Europe. Faisant preuve d'une maîtrise de la balle exceptionnelle pour un joueur de sa taille et de son gabarit, avec une habileté déconcertante balle au pied, il se débarrasse de trois adversaires, avant d'être stoppé par un quatrième. Et lorsqu'un long ballon venant de la gauche rentre dans la surface, il est plus rapide que l'admirable Bobby Moore ("J'aurais pu détourner le ballon de la main, mais ce n'est pas mon style"), il amortit la balle de la poitrine et la catapulte dans le but anglais, hors de portée de Gordon Banks.

Le dernier acte de représailles de Mullery sur Trivic lui vaut d'être le premier joueur à être expulsé sous les couleurs de l'Angleterre, une nation qui dispute alors son 424e match international officiel. Les Anglais sont abattus (ils n'ont toujours pas accédé à la finale), mais Ramsey ne peut s'en prendre qu'à lui-même : le choix de Hunter était vraiment une erreur tactique.