Les congrès du PCUS

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VIe Congrès (8-16 août 1917)

Il se tient à Petrograd, presque dans la clandestinité, en l'absence de plusieurs dirigeants dont Lénine, qui envoie ses instructions de Finlande où il est exilé depuis les journées de Juillet. Le Parti compte désormais 240 000 membres. Ce congrès ratifie l'adhésion du groupe formé par Trotsky (élu au Comité central), Lounatcharski, Ioffé, Ouritski et leurs amis.

VIIe Congrès (6-8 mars 1918)

Le parti prend le nom de «Parti communiste (bolchevik)». Les dirigeants quittent Petrograd pour Moscou et s'installent au Kremlin.

VIIIe Congrès (mars 1919)

Il entraîne la création d'organes spécialisés : Politburo (5 membres) et Orgburo (secrétariat).

IXe Congrès (mars-avril 1920)

Il se tient alors que des «tendances» (fractions) naissent dans le parti, qui critiquent la gestion démocratique, administrative et économique. Le groupe dit du «centralisme démocratique» reproche à Lénine d'avoir détourné le sens de cette formule en développant l'autoritarisme hiérarchique à la faveur de la guerre civile et des nouveaux organes créés. Ce groupe ne comprend que des militants de second plan, mais il exprime des vues que d'autres commencent à partager au fond d'eux-mêmes.

Le IXe Congrès oppose au groupe du «centralisme démocratique» le principe supérieur d'unité, tout en décidant la création d'une Commission de contrôle pour enrayer les abus de pouvoir et le bureaucratisme.

Xe Congrès (8-16 mars 1921)

Dans des conditions de chaos économique, de mécontentement général, de famine, de soulèvement des marins de Cronstadt, se tient le Xe Congrès du parti communiste (un millier de délégués des 730 000 membres et stagiaires du parti). Avec une grande lucidité, Lénine tire la leçon des événements. En même temps qu'il donne l'ordre de réduire les mutins de Cronstadt, il propose l'adoption d'ue nouvelle politique économique, qui abandonne les méthodes du communisme de guerre : réconciliation avec les paysans, l'industrie et le commerce, contrôle de l'État. Cependant l'on n'a pas attendu la crise de Cronstadt pour dresser la liste des changements à introduire dans le pays : dès le 24 février 1921, le Politburo avait adopti le principe du remplacement de la réquisition par l'impôt agricole.

Le Congrès prend d'autres mesures  : les fractions sont interdites, une nouvelle purge touche 25% des adhérents, des règles strictes d'admission sont promulgées. Il en résulte une série d'exclusions qui frappent les vieux militants bolcheviks. À leur place, Staline ouvre les rangs à de jeunes communistes, issus du peuple, souvent analphabètes mais avides de formation et d'une fidélité totale.

Trotski est remplacé par Dzerjinski au commissariat du peuple aux Voies de communication.

XIe Congrès (21 mars-2 avril 1922)

Preobrajenski essaie en vain de mettre en cause le cumul des fonctions de Staline (membre du Politburo et de l'Orgburo, commissaire du peuple à l'inspection ouvrière et paysanne (Rabkrin), commissaire du peuple aux Nationalités). Au lendemain de ce Congrès, le Comité central décide la création pour Staline du poste technique de secrétaire général (gensek) avec Molotov et Kouïbychev comme adjoints.

XIIe Congrès (17-25 avril 1923; ou octobre??)

Il voit une unité de surface (Lénine est mourant); c'est le premier congrès qui se tient en l'absence de Lénine. Mais on voit naître une «opposition ouvrière» contre la «nouvelle bourgeoisie». De plus, le 8 octobre 1923, Trotsky dénonce la «dictature de l'appareil», cause de la crise économique. Le parti répond par une déclaration sur l'augmentation du rôle de la base, mais rien de concret.

Staline accepte l'absorption du Rabkrin au sein de la commission centrale de contrôle placée sous la direction de Kouïbychev, qui lui est à l'époque tout dévoué. Staline annonce qu'il a formé une troïka avec Kamenev et Zinoviev; il s'assure ainsi la maîtrise du Politburo et indirectement du Comité central élargi à 40 membres.

Le congrès confirme les principes de la RSFSR.

XIIIe Congrès (23-31 mai 1924)

Le 22 mai, le Comité central se réunit pour savoir si le «testament» de Lénine doit être porté à la connaissance du Congrès. Trotski garde le silence, Zinoviev et Kamenev se portent garants des mérites de Staline, et l'on ne décide de communiquer le texte qu'aux chefs des délégations. En URSS, le «testament» est enterré de fait jusqu'en 1956; en Occident, on le connaît dès 1925, sans pour autant admettre totalement son authenticité.

Sur l'invitation de Zinoviev, Trotsky, tout en maintenant certains de ses points de vues, inaugure le système de l'autocritique de principe.

XIVe Congrès (18-31 décembre 1925)

Le parti compte alors 1,08 million de membres et stagiaires. Les seuls délégués vraiment hostiles à Staline sont ceux de Léningrad, où Zinoniev est tout-puissant. Kamenev essaie d'incriminer Staline en accusant sa gestion dictatoriale, Zinoniev reparle du «testament» de Lénine et tonne contre les privilèges des koulaks et des nepmen.

Staline fait approuver son action par 559 voix contre 65. Il charge une commission d'enquêter sur la situation du parti à Léningrd, ce qui se termine par l'élimination des partisans de Zinoniev et la désignation de Kirov, arrivé de Bakou, comme Premier secrétaire local.

Le Comité central est porté à plus de 100 membres. Le Politburo compte 9 titulaires (avec l'entrée de Molotov, Vorochilov, Kalinine, Kamenev n'étant plus que suppléant) et 5 suppléants (dont Dzerjinski et Roudzoutak).

XVe Congrès (2-19 décembre 1927)

Il voit un débat entre Staline, opposé aux koulaks et favorable à un essor industriel, et Boukharine, favorable à l'enrichissement paysan. Aucun programme n'est adopté.

Le Plénum du Comité central en octobre 1927 avait exclu de son sein Trotsky et Zinoniev. Le 7 novembre, les partisans de Trotski manifestent à Léningrad (Zinoviev et Radek), Karkov (Rakovski) et Moscou (Trotski et Preobrajenski) aux cris de «À bas l'opportunisme», «Áppliquez le testament de Lénine», etc. Une semaine plus tard, Trotski et Zinoviev sont exclus du parti, Kamenev et Rakovski du Comité central. Le XVe congrès consacre la défaite des opposants trotskystes et exclut une centaine de militants connus. Puis il propose de réintégrer ceux qui se soumettraient publiquement, après une mise à l'épreuve de six mois. Zinoviev, Kamenev et une vingtaine d'autres se soumettent. Trotsky maintient ses positions en janvier 1928 : il est exilé le 17 janvier à Alma-Ata.

XVIe Congrès (juin-juillet 1930)

C'est sans doute le premier congrès où aucune divergence ne s'exprime. Tomski n'st pas réélu au Politburo.

Il décide le plan quinquennal et la collectivisation. Boukharine et Rykov sont évincés, et 170 000 membres du parti sont exclus. Le XVIe Congrès consacre la victoire des partisans d'un rythme croissant («le Plan en quatre ans»). De nouveaux objectifs sont définis comme de véritables «défis», mais sans rapport avec les possibilités réelles.

XVIIe Congrès ou «Congrès des vainqueurs» (26 janvier-10 février 1934)

On définit de nouvelles orientations en politique extérieure :
  • Non-intervention et neutralité;
  • Apaisement vis-à-vis de l'Allemagne et du Japon, dans le cadre d'une politique réaliste;
  • Ouverture (sans illusions) vers les démocraties occidentales.

On adopte le IIe Plan (1933-1937), aux objectifs plus modérés et plus réalistes.

Tous les orateurs rivalisent dans l'éloge du «grand architecte du socialisme». Kirov, membre du Bureau politique, déclare que Staline est «le plus grand des chefs de tous les temps et de tous les peuples». C'est à l'occasion de ce congrès qu'est développé le thème de la «rupture»  : si les problèmes persistent, c'est qu'il y a rupture entre les décisions du Parti et l'application locale. Ce discours, ainsi que le fantasme du complot, rencontre facilement l'adhésion de la base.

Après les grands procès des années 1936-1939, sur les 1 966 délégués du XVIIe Congrès de 1934, 1 108 ont disparu.

XVIIIe Congrès (mars 1939)

La détente commence après les grands procès, mais aucune critique n'est formulée sur les événements des cinq dernières années. Les appareils locaux sont désignés comme responsables des excès commis. Les statuts du parti sont à nouveau rédigés, avec plus de «démocratie». La centralisation est renforcée, affirmant la prééminence du Politburo. Le XVIIIe Congrès voit aussi de nouvelles nominations (Jdanov, Khrouchtchev, Beria, Molotov...).

XIXe Congrès (octobre 1952)

Le Parti compte alors 6,88 millions de membres et stagiaires, jeunes en majorité, représentés par des apparatchiki expérimentés.

Malenkov fait un rapport : l'URSS a la bombe A, le IVe Plan (1946-1950) a eu un succès «remarquable». Il critique les projets de Khrouchtchev (agrovilles, regroupement de kolkhozes). Khrouchtchev fait aussi un rapport, où il dénonce la dégénérescence bureaucratique et antidémocratique.

Le Parti devient «PCUS» et perd son appelation de «bolchevik». Le Politburo est remplacé par un Praesidium beaucoup plus lourd : on passe de 12 à 25 titulaires et 11 suppléants. Le secrétariat du Comité central passe de 5  10 membres en raison de la suppression de l'Orgburo, et les effectifs du Comité central lui-même double presque. C'est le nouveau CC qui ratifie la composition du Praesidium. Brejnev appartient à la fois au Praesidium (en tant que suppléant) et au secrétariat du CC. Staline reconnaît bientôt que le Praesidium ne peut siéger de façon régulière : il désigne un bureau secret de 9 membres et se borne comme auparavant à réunir des conseils restreints (Malenkov, Beria, Khrouchtchev, Boulganine). Il ne semble pas que le Praesidium ait jamais été réuni.

XXe Congrès (février 1956)

Le parti compte 7,2 millions de membres. Il y a 1 436 délégués.

En politique extérieure, Krouchtchev proclame la coexistence pacifique entre États à régimes différents, la possibilité d'éviter la IIIe Guerre mondiale malgré l'impérialisme et grâce au bloc socialiste, et le passage au socialisme par des voies diverses, y compris parlementaires.

En matière économique, on annonce le VIe Plan, et on veut secouer l'apathie bureaucratique.

Khrouchtchev fait un rapport secret à huis-clos, le 24 février, et dénonce les crimes de Staline. Les Américains diffusent le texte en juin. En URSS, le rapport lui-même n'est pas publié, mais il est examiné par les organisations locales du parti, et il y provoque une véritable sensation.

XXIe Congrès (janvier-février 1959)

Il annonce le VIIe Plan (septennal).

XXIIe Congrès (17-31 octobre 1961)

Le parti compte 9,7 millions de membres et stagiaires, et il y a presque 5 000 délégués. Le congrès se tient en présence des délégués de 80 partis frères.

Khrouchtchev compte faire approuver un nouveau programme; le précédent datait de mars 1919 et avait pour objectif l'édification du socialisme. La réalisation du communisme s'achèverait en 20 ans grâce à toutes les ressources du progrès technique, en particulier de l'électrification. Dès 1970, l'URSS dépasserait la production industrielle et agricole des États-Unis par tête d'habitant.

La campagne contre Staline reprend (on ôte discrètement sa dépouille du mausolée de Lénine dans la nuit du 31 octobre). Khrouchtchev lance l'idée de préparer une nouvelle constitution. La délégation chinoise affirme sa solidarité avec Staline.

XXIIIe Congrès (29 mars-8 avril 1966)

VIIIe Plan. Brejnev reprend le titre de secrétaire général jadis porté par Staline. On promulgue de nouveaux statuts du Parti.

XXIVe Congrès (mars-avril 1971)

IXe Plan. Brejnev rappelle qu'il faut mener à bien une révolution culturelle pour «former chez les masses les plus larges de travailleurs une conception du monde communiste», c'est-à-dire les insérer dans la collectivité grâce à un «climat moral» de satisfaction, de fierté et d'efficacité. C'est la même orientation depuis la Révolution.

XXVe Congrès (mars 1976)

Xe Plan.
Effectifs du parti bolchevik/communiste de 1917 à 1980

Fév. 1917 17 000
1918 100 000
1920 600 000
1924 472 000
1926 1 078 000
1930 1 600 000
1932 3 500 000
Début 1939 1 600 000
1941 3 800 000
1946 5 500 000
1953 7 000 000
1964 10 000 000
1981 17 500 000

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