L’idée était dans les tuyaux depuis quelque temps. La récente réunion du G20, à Londres, où les paradis fiscaux ont tenu la vedette, a fourni l’occasion de passer à l’acte. Partant du constat que « toutes les banques françaises ont des filiales dans les paradis fiscaux », « il nous a semblé qu’il fallait qu’on participe à ce mouvement de la société civile internationale » pour mettre un terme à ces places offshore, explique Véronique Descacq. « Nous avons proposé aux autres syndicats de nous associer dans une action consistant à interpeller les banques dans les instances où nous sommes légitimes, CE, CCE, comités de groupe. » Ainsi les fédérations CFDT, CFTC, CGT, FO et CGC de la profession ont-elles décidé de demander à leurs militants de mener, ensemble, une sorte « d’opération transparence ». Démarche innovante consistant à réclamer aux directions, à l’aide d’un questionnement type, « des informations précises sur l’étendue des implantations des banques dans les paradis fiscaux, la nature des activités qu’elles y exercent, leur incidence sur le chiffre d’affaires, leurs effectifs ». Cela « sous la menace, s’ils refusent de les donner, de faire intervenir nos experts pour aller chercher ces informations », précise Véronique Descacq. Les syndicalistes demanderont un « calendrier de retrait » de ces « paradis », ainsi que « l’arrêt immédiat » des publicités sur les avantages fiscaux de placements offshore, véritable « valorisation implicite de l’évasion ou fraude fiscale ». Avec cette campagne, enfin, souligne Véronique Descacq, les syndicats espèrent aider les salariés du secteur, durement éprouvés par les dérives des banques, à « retrouver un certain sens du travail honnêtement fait ». « Notre métier peut être exercé proprement, il faut revenir à nos fondamentaux ». Y. H.