Dukkha

Dukkha




Le bouddhisme, le bouddha historique et de nombreux sages de l'Inde, constatent simplement que le vivant et dukkha vont ensemble, sont indissociables l'un de l'autre. Dukkha est consubstantiel du vivant.

Dans les suttas bouddhistes, on trouve de nombreux exemples sur ce qu'est dukkha, par exemple il est dit : « quand le nourrisson naît, il pleure », ailleurs il est dit : « quand le cadet paraît, l'aîné en est jaloux ».

Vous voyez, il ne s'agit pas de réduire dukkha à la souffrance, mais de traduire la nature conjointe de dukkha avec la vie. Il n'est pas juste de traduire dukkha par souffrance.A l'instar de nombreux auteurs, j'ai toujours préféré conserver tel quel ce terme de « dukkha ». Il n'est pas non plus juste de traduire dukkha par toute une déclinaison de la souffrance dans les domaines physiques, fonctionnels, émotionnels affectifs. Non, on peut simplement reconnaître que ce qui rend dukkha plus évident c'est la souffrance, mais que la souffrance n'est que le symptôme de dukkha, et qu'elle n'est que la manifestation finale d'un processus.

Si l'on veut bien observer attentivement l'énoncé des quatre nobles vérités, fondement du premier discours du bouddha historique et seule base commune de tous les courants du bouddhisme, on y retrouve quatre fois la notion de dukkha :

1 – il y a dukkha
2 – l'attachement est la cause de dukkha
3 – quand l'attachement cesse, alors cesse dukkha
4 – voici le chemin qui conduit à la cessation de dukkha

La notion de dukkha est centrale dans le bouddhisme et la parfaite compréhension de dukkha est fondamentale pour la pleine compréhension du bouddhisme. C'est pourquoi le seul mot de souffrance ne doit pas et en peut pas être retenu comme seule traduction du mot dukkha. Rater la juste compréhension de dukkha, c'est à mon avis, manquer complètement la compréhension du bouddhisme dans son entier.

Une autre façon d'approcher la notion de dukkha est également de regarder son étymologie. Le mot a très certainement une origine sanskrite et a ensuite été traduit en pali. En tout état de cause, en sanskrit, dukkha s'écrit duakha et est composé de deux éléments, le premier est un préfixe (il n'est donc pas étonnant de voir ce mot ensuite être appliqué ou applicable à de nombreuses situations) « du » qui veut dire « incorrect », « impropre », « mal » et de la racine « stha » qui veut dire « emplacement », « établissement ». Ainsi la traduction en français que l'on pourrait retenir parmi d'autres pourrait être « incorrectement établi » qui reflète l'idée de quelque chose qui advient, qui s'installe, qui s'impose, et qui bouleverse ce qui était établi.

Avant de poursuivre sur l'exposé de dukkha et de détailler les exemples qui manifestent les différentes formes de dukkha tels qu'ils sont présentés dans le discours du bouddha historique, voici comment les commentateurs et les érudits bouddhistes distinguent les différentes variantes de dukkha. Il ne s'agit pas ici d'expliquer ou de désigner un phénomène qui conduit à dukkha ou qui est la manifestation de dukkha, il s'agit simplement de ranger les différentes manifestations de dukkha dans des catégories distinctes.

Dukkha peut être décomposé en sept catégories :

1 – Dukkha dukkha
2 – Viparinâma dukkha
3 – Sankhara dukkha
4 – Paticchanna dukkha
5 – Atpaticchanna dukkha
6 – Pariyâya dukkha
7 – Nippariyâya dukkha


1 – Dukkha dukkha

Dukkha dukkha, c'est la dimension première de la souffrance physique ou mentale.

Ce sont les douleurs physiques, les maux affectant les différentes parties du corps, ce sont les dysfonctionnements physiologiques, les maladies, les traumatismes, les handicaps, les difficultés fonctionnelles …

Ce sont également tous les états mentaux pathogènes, la tristesse, la peine, la mélancolie, la torpeur, l'inquiétude, le désespoir, l'angoisse, la détresse, le mal être, la solitude …

Tout cela est dukkha et correspond à ce qui est généralement signifié par le mot « souffrance ».

Tout un chacun a pu éprouver ces sensations désagréables et on ne rencontre personne qui n'y soit pas assujetti.


2 – Viparinâma dukkha

Viparinâma dukkha pourrait être traduit par dukkha dû au changement. Cette forme intéresse tous les états plaisants de satisfaction physique et mentale, où le sujet se sent bien et jouit pleinement de ses sens. Il apparaît tout naturellement que cette plénitude sensorielle et affective est perpétuellement recherchée. Mais il intervient toujours des circonstances qui font que ce plaisir est interrompu, diminué, empêché, rendu difficile ou impossible. Il en résulte un sentiment de perte de cet état, extrêmement frustrant, douloureux, déstabilisant. C'est ce changement qui se tient toujours à l'horizon de cette plénitude qui est dukkha.

Alors que beaucoup estiment que ces circonstances sont imprévisibles, soudaines, accidentelles, le bouddhisme considère qu'il est dans la nature même de cette pleine satisfaction ne pas durer, de s'arrêter, de se dissiper. Bref, c'est cette plénitude même qui est dukkha.

Le sujet connaît de telles situations tout au long de sa vie. Depuis la naissance, où il quitte l'univers utérin, puis au moment du sevrage, puis quand la mère réduit et suspend son omniprésence charnelle, toutes ces situations sont marquées par un changement souvent brutal. Les ages successifs depuis l'enfance, l'adolescence jusqu'à l'âge adulte sont semés d'événements de cette nature.

Tout cela est dukkha dû au changement.


3 – Sankhara dukkha

Pour poursuivre sur cet exposé de dukkha après la souffrance pure (dukkha dukkha) et après le plaisir exposé au changement (viparinâma dukkha), on pourrait penser comme le suggère ailleurs le bouddhisme qu'une attitude d'indifférence au plaisir en lui-même pourrait permettre de se prémunir de dukkha.

Ainsi, pourrait-on penser, l'équanimité, c'est-à-dire le fait de ne ressentir ni plaisir, ni déplaisir des sensations qui sont vécues, pourrait permettre de se soustraire de dukkha.

Il n'en est rien, l'équanimité qui certes, réduit considérablement la possibilité de dukkha, est aussi dukkha, car elle est aussi fragile, limitée, bref impermanente.

Ce qui est dukkha ici, c'est l'effort nécessaire pour accéder et pour maintenir cet état d'équanimité. Ce qui est dukkha, c'est que cet état répond à l'existence de certaines conditions qui lorsque qu'elles ne sont pas réunies font disparaître cet état. Tous ces états, toutes ces formations mentales, toutes ces perceptions sont conditionnées, et en tant que telles sont dukkha.

Le bouddhisme postule que « tous les états conditionnés sont dukkha ».


4 – Paticchanna dukkha

Littéralement paticchanna dukkha signifie douleurs cachées ou dissimulées. C'est le propre des problèmes de santé douloureux mais non visibles, c'est le propre des états mentaux perturbés qui nous affectent sans que rien n'y puisse paraître à l'extérieur.

Cette forme de dukkha, qui n'est pas évidente, pas visible, pas apparente, est aussi appelée apataka dukkha (dukkha non apparente).


5 – Atpaticchanna dukkha A l'inverse, toutes les blessures corporelles apparentes ( les plaies, les bosses, les hématomes etc…), qui ne sont pas liées à la nature intrinsèque du corps ou de l'organe mental, mais qui ont des causes externes, sont appelées atpaticchanna dukkha ou bien dukkha exposé. On peut également les désigner comme pakata dukkha c'est-à-dire dukkha évidente.


6 – Pariyâya dukkha

Il s'agit ici de dukkha en devenir. Toutes les perceptions ou formations mentales, toutes les orientations qui ne sont pas immédiatement dukkha, mais peuvent conduire à une situation où dukkha va nécessairement se présenter sont désignées comme pariyâya dukkha.


7 – Nippariyâya dukkha

Littéralement nippariyâya dukkha signifie dukkha directe. Il s'agit de cette forme de dukkha intrinsèque et consubstantielle qui apparaît et réapparaît de la même manière et en fonction des mêmes circonstances. C'est le dukkha qui advient présentement et inévitablement.

Cette forme de dukkha directe ou dukkha intrinsèque vient en contre point de la forme de dukkha précédente qu'on pourrait appeler « dukkha à retardement » ou « dukkha indirecte ».

[Nota : certains auteurs ont rassemblé ces sept catégories en trois groupes.]



Pour mieux comprendre ce caractère bien spécifique de la notion de dukkha et la place fondamentale dans la pensée bouddhique, il convient de revenir aux déclarations du bouddha historique lui-même.

Voilà ce que dit le bouddha historique dans le Dhamma Cakkappavattana Sutta : « Voici, ô bikkhus, la noble vérité sur dukkha. La naissance est dukkha, la vieillesse est dukkha, la maladie est dukkha, la mort est dukkha, l'union avec ce que nous haïssons est dukkha, la séparation d'avec ce que nous aimons est dukkha, ne pas obtenir ce que nous désirons est dukkha, en résumé les cinq agrégats d'attachement sont dukkha ».

Le bouddha historique expose et décompose de manière simple des différentes composantes de dukkha. Il démontre dukkha en désignant toutes les situations où se rencontre dukkha. Ainsi dukkha est  :

1 – la naissance,
2 – la vieillesse,
3 – la maladie,
4 – la mort,
5 – l'union avec ce qui est haï,
6 – la séparation d'avec ce qui est aimé,
7 – la non-obtentionn de ce qui est désiré,
8 – les cinq agrégats.


1 – la naissance ~ jâti dukkha ~

Il ne faut pas comprendre la naissance uniquement comme le fait de naître physiquement. Il est vrai que pour les bouddhistes et pour de nombreux orientaux, ce n'est pas la mort qui est inexorable, c'est la naissance. En effet, il n'y a pas de mort sans naissance préalable. Il n'est pas étonnant de la trouver en tête de liste.

La naissance, c'est la renaissance. La naissance, c'est surtout le fait de revenir vers une situation de non maîtrise des choses ou de non contrôle des choses (émotions, sentiments, attachement aux personnes, aux objets, aux perceptions, aux formations mentales …). C'est ce point de départ qui inaugure l'engrenage qui conduit tôt ou tard à dukkha. C'est en tant que tel que « la naissance » est dukkha.

La naissance, c'est aussi la volonté, l'acharnement, l'attachement à la continuation, à perpétuation, à l'ininterruption, au renouvellement des choses, du plaisir des sens … C'est cette volonté, cet acharnement, cette lutte pour revenir qui est dukkha.



2 – la vieillesse ~ jarâ dukkha ~

Il ne faut pas associer d'une manière arbitraire la vieillesse et dukkha. Ce qui est dukkha dans la vieillesse, ce peut être bien sûr l'affaiblissement physique et psychique dû à l'age, mais de ce point de vue, chaque individu ne vieillit pas de la même façon. Ce peut être également la diminution des facultés mentales ou physiques, la perte progressive de jouissance sensorielle, qu'elle soit sensuelle ou existentielle, mais là encore chaque individu se positionne différemment par rapport à ces changements. Ce qui est dukkha dans la vieillesse, c'est le caractère incertain, fragile, changeant, fugace, du vivant, des sensations, des sentiments, des attachements. C'est cela que le vieillissement révèle à chaque instant invariablement, imperturbablement, inexorablement.



3 – la maladie ~ dukkha dukkha ~

Ici encore, il ne faut pas limiter dukkha à la simple dimension de la douleur qu'occasionne la maladie. De plus, de nombreuses affections ne sont pas douloureuses ce qui est d'ailleurs la raison de leur non-détection.

De la même manière, la maladie est dukkha car elle prive abruptement le sujet de tout ou partie de ses moyens. Le caractère incertain, changeant et défaillant du vivant apparaît d'une façon plus brutale, voire contraire même au sens du vivant. C'est également le caractère relatif de nos certitudes sur notre propre corps qui sont mises en échec, ce que ne croyons être sain, en bon état de fonctionnement ne l'est peut-être pas.



4 – la mort ~ marana dukkha ~

Naturellement, la mort est dukkha, comme la vieillesse et la maladie cela se comprend aisément. Là encore, il ne s'agit pas de se focaliser sur le seul fait de la mort. D'ailleurs les bouddhistes s'inscrivent dans une philosophie plus globale qui considère que la vie commence avant la naissance et ne s'achève pas après la mort. Les bouddhistes partagent avec l'indouisme et de nombreux courants d'Asie, l'idée que la mort en tant que telle n'est pas la véritable fin. La mort n'est pas dukkha en tant qu'émotion ou en tant que peur, mais simplement en tant que stade ultime d'une vie, mais pas « fin » ultime (celle-ci étant le parinibbana).

La mort, c'est la désagrégation des cinq agrégats qui achève ce processus décomposé dans ses étapes précédentes, soit après la naissance, la vieillesse et la maladie.

Avec la mort, ce qui est mis en relief c'est le caractère transitoire et passager de la vie par elle-même.



5 – l'union avec ce qui est haï ~ appiyehi sampayoga dukkha ~

Etre associé avec ce que l'on n'aime pas, au-delà de l'aspect insatisfaisant, déplaisant, désagréable et même stressant que cela peut avoir, met en relief le caractère extrêmement limité de notre système de valeurs, qui ne vaut que pour autant qu'il est partagé.

L'absence de souci de l'autre, l'individualisme, le manque de solidarité, l'arrivisme, la cupidité, la médisance …sont autant d'attitudes que nous rencontrons dans nos milieux professionnels, dans nos voisinages résidentiels, et autres. Ces attitudes sont naturellement autant d'obstacles à un développement personnel harmonieux dont chacun souhaite se détourner. Ces situations sont d'autant plus insoutenables qu'on ne peut pas toujours s'en soustraire.

Il est naturel que tout un chacun cherche à se rapprocher de ce qu'il aime et à se détourner de ce qu'il hait, mais la réalité de la société peut rendre cette inclination naturelle difficilement réalisable.

Ce qui est dukkha c'est cette inadéquation de nos valeurs à celles de certains autres, c'est l'impossibilité de cohésion avec certains systèmes ou certaines organisations, c'est cet obstacle interposé à soi même dans nos relations au monde et aux autres.



6 – la séparation d'avec ce qui est aimé ~ piyehi vippayoga dukkha ~

La perte, l'absence, le manque, l'éloignement c'est aussi dukkha. Ici dukkha, renvoie à des sentiments qui se situent en dehors de la perception sensorielle. Ces situations illustrent là encore la fragilité de nos constructions, en particulier quand elles impliquent nos relations avec les autres.

Clairement, c'est l'attachement aux personnes ou aux choses qui est dukkha.

On voit bien ici, que dukkha n'est pas seulement ce qui est négatif. En fait, l'affection, l'amour, l'attachement à l'autre, le plaisir, la satisfaction, le contentement, tout cela est aussi dukkha. C'est dukkha, non pas directement, mais parce que ces situations sont temporaires, qu'elles ne durent pas, que tôt ou tard une séparation aura lieu et que tous ces sentiments se dissiperont en générant de l'inquiétude, de l'émotion, de l'affliction ...



7 – la non-obtention de ce qui est désiré ~ icchitalâbha dukkha ~

Il est évident pour tout un chacun que nous sommes perpétuellement à la recherche de l'obtention de tel ou tel objet de consommation, de telle ou telle marque ostentatoire de statut social (une belle voiture, un appartement dans un bon quartier …), de la compagnie de telle ou telle personne (un beau garçon ou une belle fille). Il est également évident que cette volonté effrénée d'appropriation ne se traduit pas toujours par des résultats positifs et que les déceptions sont nombreuses. Il faut pouvoir se satisfaire d'autre chose, mais souvent le besoin ressurgit, et la volonté d'appropriation se renouvelle.

Ce qui est dukkha ce n'est pas seulement le fait de n'avoir pas obtenu ce que l'on désirait, mais c'est cet acharnement irrépressible à vouloir obtenir, à s'approprier, à s'accaparer, à vouloir pour soi, à vouloir à soi seul toutes ces choses.

En général, le contentement de la jouissance des objets que nous possédons ou des biens que nous nous sommes procurés est très éphémère et tout un chacun une fois qu'il a obtenu ce qu'il voulait, délaisse ce qu'il vient d'obtenir pour porter son dévolu sur un nouvel objet. Cette insatisfaction récurrente, qui pousse à vouloir toujours plus, advient parce qu'il est évident qu'une fois que les objets désirés ont été obtenus, ils n'apportent ni une satisfaction durable, ni un meilleur être, ni la résolution des difficultés du quotidien, ni le bonheur.

Ce qui est dukkha, c'est cette illusion de la satisfaction qui ne dure pas, qui s'efface rapidement, qui rend vains les efforts déployés, qui relativise les motivations de ces efforts et qui conduit à une nouvelle démarche d'appropriation vers un nouvel objet. Un cycle sans fin s'enclenche et se ré-enclenche à chaque fois et une renaissance vers une nouvelle envie s'enclenche une fois la précédente satisfaite.



8 – les cinq agrégats ~ pañcupâdânakkhandhâ dukkha ~

Rappelons que les cinq agrégats sont ce qui caractérisent tout être vivant, à savoir :

1 – les formes matérielles
2 – les sensations
3 – les perceptions
4 – les formations mentales (les représentations mentales)
5 – la conscience

Les cinq agrégats sont des agrégats d'attachement parce que le sujet a toujours tendance à considérer que chacun de ces éléments lui appartiennent, sont siens, sont stables, durables, sans fin.

Tout être vivant à tendance à croire que cette forme physique, cet ensemble d'éléments matériels est le moi, est solide, persistant, durable, mais la simple observation attentive de la réalité démontre que ceci est une illusion.

Tout être vivant à tendance à croire que les sensations sont lui, sont à lui, sont le moi, sont inaltérables, sont durables, mais, la simple observation démontre le contraire.

Tout être vivant à tendance à croire que les perceptions sont le moi, sont durables, mais, là encore, la simple observation démontre que ce n'est pas le cas.

Tout être vivant à tendance à considérer que les formations mentales fabriquées à partir de ces trois agrégats et par l'organe mental sont le vrai moi, celui là même qui est permanent, inaliénable, stable, inscrit dans la durée, mais, encore une fois, la simple observation démontre que cela n'est qu'une chimère.

Tout être vivant à tendance à croire que la conscience qu'il élabore de connaître et de savoir à partir des données du corps, des sensations, des perceptions et des formations mentales est le « Moi », est le « Je », est le point où réside cette personnalité inattaquable, inviolable, sans fin, sans limite … , mais, sur cet agrégat comme sur les autres, il n'y a que variation, que changement, que transformation, qu'incertitude, que dissipation, que disparition.

A chaque processus de perception, qu'il s'agisse de voir (1er agrégat : éléments matériels formant ce qui deviendra l'image, 2ème agrégat : contacts visuels entre l'œil et la chose vue, 3ème agrégat : image perçue, intellection, 4ème agrégat : interprétation de l'image perçue, 5ème agrégat : conscience que l'image perçue s'inscrit dans tout un ensemble de significations), de sentir, d'entendre, de toucher, de goûter ou de comprendre, à chacun de ces processus, à chacune de ces étapes de ces processus, le sujet a toujours tendance à s'abandonner à ces données. Il y a l'appropriation de ces processus, il y a le caractère agréable, neutre ou désagréable qui y sont associés et toutes les tentatives qui sont développées soit pour renouveler ces plaisirs, soit pour éviter ces déplaisirs, il y a l'attachement à ces données et l'effort pour s'en souvenir, pour se remémorer les moyens de les retrouver. Tous ces aspects sont illusoires, transitoires, impermanents. Tous ces aspects sont dukkha.

En résumé, les cinq agrégats sont dukkha :

– les formes matérielles sont dukkha,
– les sensations sont dukkha,
– les perceptions sont dukkha,
– les formations mentales (les représentations mentales) sont dukkha,
– la conscience est dukkha.

Dans toute son expérience, dans toutes ses recherches, au cours de sa très longue investigation sur le monde, dans toutes ses méditations, tout au long de sa retraite, le bouddha historique n'a vu que le changement, que toutes choses étaient soumises au changement. Tout n'est que naissance, croissance, altération, décroissance, dépérissement, mort, disparition, dispersion.

Il peut paraître vain, compte tenu de l'exposé qui est développé ci-dessus, de continuer à vouloir mettre une traduction en face du mot dukkha, la seule solution est bien de lister un catalogue de propositions. Ainsi dukkha renvoie à :
- insatisfaction, frustration, non-contenttement, déplaisir, non plaisir,
- échec, imperfection, inachèe;vement, inconfort,
- attente, ennui, inquiétude, crainnte, angoisse, mal être, trouble,
- atténuation, altération, ddéperdition, dépérissement,
- inadéquation, vacance, manque, viide,
- fin, interruption, disparition, mort, - déception, tristesse, mélaancolie, dépression, vague à l'âme,
- énervement, colère, impulssivité, mécontentement, conflit, incompatibilité,
- maladie, douleur, peine, affection, trouuble, malaise, souffrance.



Cinq
réponses aux e-mails ont été consacrées à "dukkha" suivant différents aspects :


1 - question n° 19 Peut-on orienter l'éducation d'un jeune pour le soustraire de dukkha ?

2 - question n° 23 Dukkha n'est-elle pas également impermanente ?

3 - question n° 60 De dukkha à la libération de dukkha

4 – question n° 76 Pourquoi dukkha apparaît comme nécessaire ?

5 - question n° 83 Si j'arrive à me libérer de cette souffrance (dukkha), serais-je encore vivante ?










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Cette page a été crée le 29 avril 2002.


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