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question 71

Quelle est la différence entre Theravâda, Hînayâna et Mahâyâna dans la pratique quotidienne ?

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Réponse :

Il est très tôt apparu, dès les derniers temps du bouddha historique, des différences d'interprétations sur les suites à donner au courant bouddhique. Le bouddha estimait nécessaire de diffuser son enseignement. L'une des premières différences apparaît avec deux aspirations différentes quant à ceux qui s'engagent dans le courant. Il y a ceux qui aspirent à la stricte observation de l'enseignement et de la pratique de la méditation. Les autres, au delà de leur propre démarche, souhaitant diffuser et transmettre l'enseignement du bouddhisme. De là sont issus les deux dynamiques initiales sans quelles soient contradictoires, l'une où la libération personnelle est le but affirmé du courant, l'autre où le souhait de porter le plus grand nombre à la libération est la visée ultime de ses adeptes.

Il existe, historiquement une autre explication. Dès la disparition du bouddha historique sont apparus de nombreux courants qui traduisent la souplesse d'interprétation du bouddhisme. Ces écoles se sont ensuite regroupées selon les courants dits du " grand véhicule " et du " petit véhicule ". Il est apparu que sous l'influence plus tardive d'écoles de pensée de l'Inde du Nord le Mahâyâna s'est constitué. C'est à la faveur des échanges commerciaux avec la Chine que ce courant s'est surtout développé le long de la route de la soie, jusque dans la Chine impériale, en Corée et au Japon. Toujours au nord de l'Inde, le tantrisme, en étant diffusé au Tibet, est passé du statut d'école à celui de véritable courant du bouddhisme.

Quelles que soient les différences, tous les courants du bouddhisme se fondent sur les mêmes bases à savoir les enseignements du bouddha historique. A ce titre, il est intéressant de constater que les traductions de diverses origines, indiennes, tibétaines ou chinoises des discours du bouddha, quels que soient les commentaires qui ont été rajoutés, retrouvent toujours pratiquement les mêmes mots, les mêmes tournures, l'esprit et la lettre du discours original. J'ai eu l'occasion d'écrire combien, à mon avis, c'était là une des grandes forces du bouddhisme par le fait qu'il ne s'agit pas d'une idéologie mais bien d'une méthode, d'une démarche, d'une expérimentation. Le bouddhisme comme tel a été adopté, adapté, approprié, il s'est conjugué avec d'autres éléments de la pensée de certaines cultures, il s'est développé, comme un arbre donnant de multiples branches.

Pour en revenir à votre question, pour ma part, il n'y a donc pas de différences fondamentales entre les différents courants du bouddhisme. Si certes, certains courants vont pousser des thèmes à leur extrême n'ayant parfois plus un grand rapport avec le bouddhisme originel (je prends par exemple la question et la place de l'idée de " réincarnation ", il n'en resta pas moins qu'à l'intérieur de chaque courant on peut toujours revenir à un niveau originel des discours du bouddha historique (à l'exeption de certaines sectes japonaises qui considèrent avoir réinventé le vrai bouddhisme ...). Par ailleurs, les différences affirmées dans les ouvrages savants, ou qui reprennent des descriptions plus anciennes, ne devraient pas être prises au pied de la lettre. Je suis toujours surpris de voir qu'on assimile le Theravâda avec le Hînayâna et de voir que l'on considère que pour le Theravâda, seule la libération individuelle a de l'importance. Pour le Theravâda, la libération du plus grand nombre est aussi importante que pour le grand véhicule, seulement le Theravâda considère que le moyen d'y parvenir est différent. C'est en favorisant la libération de chacun que l'on peut parvenir à la libération du plus grand nombre.

Aujourd'hui, les différents courants du bouddhisme ont dépassé leurs différences et échangent leurs connaissances et leurs méthodes. Les récits des bonzes tibétains sont connus dans l'Asie du Sud-Est et réciproquement. Le bouddhisme a d'ailleurs toujours été un courant dans lequel les bonzes s'informent de la pensée de tel ou tel maître quelle que soit la distance à laquelle ils se trouvent les uns des autres.

Pour moi, j'ai commencé par le bouddhisme zen japonais et j'ai été très impressionné par le maître Taishen Deshimaru dans le petit temple de la rue Pernety. En revanche, je me sentais extrêmement mal à l'aise avec le groupe et j'ai préféré arrêter. Je me suis ensuite tourné vers la lecture des grands textes de Suzuki et des maîtres du zen, j'ai également parcouru les grands suttra de la tradition chinoise, mais je me suis senti très mal à l'aise avec ces textes et leur dimension panthéiste. Le bouddhisme tibétain m'aurait volontiers intéressé, surtout que j'ai toujours lu avec intérêt tous les ouvrages sur cette question, mais je n'ai pas eu l'occasion de rencontrer l'instructeur qui m'aurait permis de progresser. J'ai découvert, alors que je faisais escale à Bangkok il y a 20 ans, le bouddhisme thaï, je suis passé dans un petit temple tenu par un des bonzes les plus célèbres de l'époque Pramâha Puta That qui m'a laissé demeurer dans son temple mais sans enseigner. J'ai trouvé que le bouddhisme y était plus naturel, plus accessible, plus authentique. Ce sont pour moi les vrais différences avec les autres courants du bouddhisme.

Concernant la pratique de la méditation, je vous dirai qu'il n'existe pas une pratique Theravâda, une pratique Mahâyâna et une pratique Tantrayâna. Je vous dirai qu'il existe une seule manière de méditer ou plutôt qu'il en existe plusieurs milliards. En effet, au delà des premières instructions techniques, c'est à vous de trouver les rythmes, de trouver la ou les postures, de trouver les durées, de trouver le calme et la concertation. C'est à vous de découvrir votre propre combinaison la plus propice à la méditation.

Vous pouvez aussi consulter la réponse à la question n° 20 : Quelle est la différence entre Mahâyâna, Hînayâna, Theravâda et Lamaïsme ?

Texte complet de la question

Je m'intéresse énormément au Bouddhisme et je dirais que je suis dans un processus d'étude (Les 4 Nobles Vérités, Le sentier Octuple...). Par contre je rencontre des difficultés à comprendre les différences entre les 3 doctrines principales. Je comprend de façon théorique, mais je ne parviens pas à appréhender la différence que cela fait au niveau d'une pratique quotidienne.

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Cette page a été crée le 26 décembre 2001.