Les sociétés qui disposent d'une trésorerie suffisante décident parfois de racheter en Bourse leurs propres titres et de les annuler, ce qui augmente mécaniquement le montant du bénéfice net par action.
À SAVOIR
- Le rachat d'actions entraîne généralement une revalorisation du titre, car il permet une augmentation du bénéfice par action estimé, que les analystes calculent sur le nombre d'actions en circulation plus faible. A PER égal, l'action s'apprécie, car le BPA augmente. Cette revalorisation est automatique si les titres rachetés sont annulés.
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Avec la faiblesse des taux d'intérêt, les sociétés cotées en Bourse qui disposent d'une trésorerie abondante placée en produits monétaires ne tirent plus une rentabilité suffisante de ce poste. Pour mieux rémunérer leurs actionnaires en l'absence de projet d'investissement, elles préfèrent racheter leurs propres actions et les annuler. A l'heure du corporate governance , ces rachats permettent de restituer aux actionnaires une partie des richesses qui leur reviennent.
Quel est l'intérêt de l'opération ?
En rachetant ses propres actions et en les annulant, la société réduit le nombre de titres en circulation et augmente ainsi le bénéfice net par action (BNPA) et l'actif net par action. On dit alors que les rachats d'actions jouent un effet relutif sur le BNPA.
Selon la banque américaine JP Morgan, qui a étudié une cinquantaine d'opérations en Grande-Bretagne, la réaction du marché a toujours été positive, les cours progressant en moyenne de 15 % soixante jours après leur annonce. Et plus le programme était important (supérieur à 10 % du capital), plus les gains l'ont été pour les actionnaires. Cet effet de hausse n'est cependant valable que dans un laps de temps assez court et dans un contexte de marché favorable. Le rachat d'actions peut également être utilisé par les sociétés qui souhaitent se prémunir contre une prise de contrôle inamicale. En renchérissant le prix de leurs titres à court terme, celles-ci augmentent en effet le coût des offres publiques lancées contre elles.
La législation
Jusqu'en septembre 1998, les sociétés françaises ne pouvaient racheter leurs propres actions. A l'exception des opérations de régularisation de cours et des achats en Bourse en vue de consentir des titres aux salariés de l'entreprise. La seule voie possible était la réduction de capital non motivée par des pertes - une procédure particulièrement lourde. Elle doit être proposée à l'assemblée générale extraordinaire et s'inscrire dans le cadre d'une offre publique de rachat. Depuis septembre 1998, les sociétés peuvent également racheter leurs propres titres de manière plus souple, en faisant adopter en assemblée générale ordinaire un programme de rachat d'actions. Il permet à l'entreprise de racheter jusqu'à 10 % de ses titres sur le marché pendant une période de dix-huit mois.
En 2004, les sociétés ont été nombreuses à racheter des actions ou à annoncer des programmes de rachat d'actions significatifs. Parmi elles figurent Euronext et Carrefour. Le distributeur veut racheter en deux ans de 3 à 5 % de son capital, un moyen de calmer la grogne de ses actionnaires -
Le développement des Oceane
Les programmes de rachat d'actions ont permis le développement de nouveaux instruments financiers : les obligations à option de conversion et/ou d'échange en actions nouvelles ou existantes. Les sociétés ayant émis de tels produits peuvent en effet choisir d'attribuer aux porteurs de ces obligations (lorsqu'ils décident de procéder à la conversion) des titres qu'elles auront préalablement rachetés sur le marché. Cela leur permet de ne pas diluer leur capital en émettant de nouvelles actions. Les premières Oceane ont été émises fin 1998 par la Société générale. |
Financer des acquisitions
Une société peut décider de racheter ses propres actions et, plutôt que de les annuler, d'utiliser ces titres pour régler une acquisition. L'AMF considère que ce mode de financement peut jouer sur l'ajustement de parité du cours des actions des deux sociétés au détriment des actionnaires de la société objet de l'acquisition. C'est pourquoi un arrêté du ministère de l'Economie et des Finances du 4 décembre 2000 a instauré, à la demande de la COB, un délai de trois mois entre le rachat par une société de ses propres actions et l'acquisition par cette société d'une autre entreprise avec les titres rachetés. Cet arrêté a décidé qu'un expert indépendant serait nommé pour vérifier la valeur des titres, la valeur des biens achetés ainsi que l'équité du rapport d'échange. |