Est-il préférable d'acheter des warrants ou les actions auxquelles ils sont associés ? La réponse diffère selon la nature des warrants retenus, le risque que l'on est prêt à assumer et bien sûr l'évolution du cours du sous-jacent.
LEXIQUE
- Echéance
Date à laquelle expire le warrant.
- Élasticité
C'est l'effet de levier du warrant. Si l'élasticité est de 8, sa variation sera, en pourcentage, 8 fois supérieure à celle de l'actif sous-jacent.
- Parité
C'est le nombre de warrants correspondant à une action.
- Pricer
Cela permet de calculer le cours futur du warrant, selon les objectifs sur le support.
- Quotité
Nombre minimal de warrants qu'il faut acheter (elle est de 1 000).
- Prime
Un warrant est négocié moyennant le paiement d'une prime représentant son prix à l'unité, à multiplier par la quotité |
Vaut-il mieux acheter un warrant ou son sous-jacent ? Tout dépend de l'évolution du sous-jacent. L'investisseur doit choisir le warrant le mieux adapté au mouvement attendu sur le sous-jacent et au délai imparti pour que ce mouvement se réalise. En effet, le détenteur d'un warrant doit tenir compte de sa durée de vie limitée.
Prenons l'exemple de deux investisseurs, Alain et William, qui décident de faire un match. Alain achète 1 000 actions Suez à 18 euros, pour un montant de 18 000 euros (hors frais de courtage). Au même moment, William se porte acquéreur de 9 000 call warrants Suez dotés d'un prix d'exercice de 18 euros et venant à échéance le 14 juin 2005. Bref, un warrant pourvu d'un faible profil de risque compte tenu de son échéance éloignée et d'un prix d'exercice égal au cours de l'action. La prime vaut 0,27 euro, la parité est de 5 warrants contre 1 action, et la quotité est de 1 000.
Une différence saute aux yeux : bien que tous les deux jouent sur 1 000 actions, Alain immobilise plus de liquidités que William. Ce dernier mise en effet 2 430 euros, soit 13,5 % seulement du capital investi par Alain (18 000 euros).
Hausse de l'action
Première hypothèse : le titre Suez gagne 15 %, à 20,70 euros, en trois mois. Le prix des calls, qui bondissent à 0,60 euro, génère une plus-value brute de 2 970 euros. William gagne donc 122 %. Alors que le gain brut (hors frais de courtage) d'Alain, inférieur en valeur absolue (2 700 euros), ne dépasse pas 15 %. William bénéficie de la forte élasticité des warrants : l'effet de levier. Celui-ci s'obtient en divisant la performance en pourcentage des warrants par celle des actions. Dans notre exemple, l'effet de levier du warrant est de 122 %/15 % = 8,13.
Baisse de l'action
Deuxième hypothèse : trois mois après les achats, l'action perd 15 %. Le prix du warrant chute à 0,03 euro, soit une moins-value de 2 160 euros équivalant à une perte de 89 % de la mise de fonds. Quant à la moins-value d'Alain, de 2 700 euros, certes moins importante en pourcentage (- 15 %), elle représente néanmoins une perte supérieure en valeur absolue.
L'action stagne
Troisième hypothèse : au bout de trois mois, le niveau du titre Suez stagne à 18 euros. Alain et William, moins confiants en un rebond de l'action à court terme, soldent leurs positions. Alain ne perd que les frais de Bourse, soit environ 180 euros (- 1 %), pour une position nette restante de 17 820 euros. Quant à William, ses warrants perdent une partie de leur prix compte tenu de l'impact des trois mois passés sur leur valeur temps. Reste que, grâce au choix de calls dotés d'un profil de risque peu élevé, ces warrants, à 0,21 euro, génèrent une perte de 560 euros, frais de courtage compris (environ 20 euros). Soit une baisse de 23 %.
Le risque des warrants est donc raisonnable et limité par rapport à celui des actions en cas de hausse, de baisse ou de stagnation, à condition de se positionner sur un warrant « à la monnaie » doté d'une échéance à moyen ou long terme. En revanche, si l'on opte pour un warrant « hors de la monnaie », on peut perdre l'intégralité de l'investissement -
Trois règles à suivre
- NE PAS SE FIER AU COURS AFFICHÉ
Il se peut que le warrant n'ait pas fait l'objet de la moindre transaction depuis un certain temps. Seuls les cours demandés et offerts sur le carnet d'ordres sont à prendre en compte. De même, le volume des transactions n'est pas significatif.
- NE PAS CRAINDRE FORCÉMENT LES PETITES PRIMES
Si un warrant qui cote 0,30 euro a une parité de 2 warrants pour 1 action, celui qui est doté des mêmes caractéristiques avec une parité de 10 pour 1 est plus intéressant à 0,05 euro. Evitez tout de même les warrants dont la valeur faciale est quasi nulle.
- NE PAS ÊTRE TROP GOURMAND
Espérer un gain important sur un warrant est légitime compte tenu du risque pris. Toutefois, une performance de 40 % mérite quelques prises de bénéfices |