Conséquence comptable du rachat d'une société, les survaleurs ont une place importante dans le bilan de l'entreprise acquéreuse. L'application des normes IFRS va beaucoup modifier leur évaluation et leur présentation.
À SAVOIR
- Le pooling of interests (mise en commun d'intérêts). Cette méthode comptable, naguère autorisée lors des acquisitions et regroupements d'entreprises, est dorénavant interdite par les normes IFRS. Seule la méthode de comptabilisation du coût d'acquisition est autorisée. Lors de la première application des dispositions IFRS, les entreprises auront le choix de retraiter ou pas de manière rétroactive les anciens regroupements |
LEXIQUE
- Actifs incorporels : dans cette catégorie d'actifs bien particuliers se trouvent les brevets, les marques acquises (celles qui sont générées en interne ne remplissent pas les conditions de comptabilisation), les licences, les listes de clients, les frais de développement, à condition qu'ils répondent aux conditions de comptabilisation énoncées par les normes IFRS |
Les sociétés qui ont réalisé des opérations de croissance externe distinguaient jusqu'à présent généralement deux types de résultats : le résultat net et le résultat net avant amortissement des écarts d'acquisition (appelés généralement goodwills, ou survaleurs). L'application des normes IFRS va modifier l'évaluation et la présentation de ces survaleurs.
Cet écart reflète la différence entre le coût d'acquisition d'une entreprises et la juste valeur de ses actifs ainsi que de ses passifs éventuels. Il est justifié par l'anticipation d'une rentabilité de la société acquise supérieure à celle de ses capitaux propres.
Quel impact sur les comptes ?
Les écarts d'acquisition, qui étaient auparavant amortis chaque année, feront dorénavant l'objet de tests annuels de dépréciation et ne seront plus amortis. Ils ne peuvent plus être imputés directement sur les capitaux propres. En somme, une acquisition qui se révélerait être une « mauvaise affaire » aurait des conséquences immédiates dans les comptes de l'entreprise à l'origine de l'achat, puisque, dans ce cas, les écarts d'acquisition pourraient être réduits à une valeur nulle dès l'année qui a suivi l'acquisition, par exemple. En tout état de cause, plus les écarts sont importants, plus les montants susceptibles d'être dépréciés le sont et plus les résultats pourront s'en trouver pénalisés. L'importance des écarts d'acquisition et de leur éventuelle dépréciation devrait amener les entreprises à donner une information soit directement dans le compte de résultats, soit dans les notes annexes, selon le nouveau référentiel IFRS.
Doit-on s'en méfier ?
Oui et non ! Certaines publications de comptes ont donné lieu par le passé à de mauvaises surprises. L'exemple le plus impressionnant a été celui de Vivendi Universal, qui a annoncé pour son exercice 2001 une perte annuelle de 13,6 milliards d'euros - la plus importante de l'industrie française - compte tenu de 15,7 milliards d'euros d'amortissement de survaleurs.
Dorénavant, le nouveau référentiel IFRS permettra de suivre la valeur de ces écarts régulièrement, compte tenu de la nouvelle méthode d'évaluation. Après une boulimie d'acquisitions réalisées dans l'euphorie sur les sociétés de télécommunications et de médias, la valeur de marché des actifs acquis s'est effondrée. Ce qui a nécessité un ajustement de leur valorisation dans les comptes du groupe, très pénalisant pour les actionnaires. De telles variations devraient être moins importantes, puisque les nouvelles normes IFRS requièrent qu'un test de dépréciation du goodwill soit effectué chaque année et que tout nouveau goodwill soit testé avant la clôture de l'exercice d'acquisition.
Leurs conséquences
Ces survaleurs ont toutefois deux conséquences possibles, qui doivent retenir l'attention des investisseurs. D'une part, les conseils d'administration peuvent prendre prétexte de ces pertes comptables pour supprimer ou réduire la distribution de dividendes.
D'autre part, la réduction des capitaux propres qui en résulte diminue la capacité de croissance externe et peut conduire à une augmentation de capital potentiellement dilutive -
Des actifs incorporels amortis ou non
Les nouvelles normes IFRS distinguent les actifs incorporels à durée d'utilité déterminée et ceux à durée d'utilité indéterminée. Les premiers seront amortis sur leur durée d'utilité et les seconds feront l'objet de tests de dépréciation annuels.
Autre acquis des normes IFRS : les parts de marché telles qu'elles pouvaient exister à l'actif du bilan de certaines sociétés ne pourront plus être comptabilisées, car elles ne répondent pas aux conditions de comptabilisation des actifs incorporels. Elles devront donc être retraitées lors de la première application des normes IFRS.
De manière générale, avec les nouvelles normes IFRS, les conditions de comptabilisation des actifs incorporels sont beaucoup plus strictes.
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