Les gouvernements Chirac (1986-1988), Balladur (1993-1995) et Jospin (1997-2002) ont engagé de vastes programmes de privatisation. Le gouvernement Raffarin les poursuit. France Télécom est devenu ainsi un groupe privé.
À SAVOIR
- L'Etat a retiré 5,1 milliards d'euros de la vente de près de 11 % du capital de France Télécom. Compte tenu des actions réservées aux salariés, l'actionnaire public ne détient plus désormais que 41 % du capital du groupe de télécommunications.
- La valeur des participations de l'Etat encore cotées en Bourse (Areva, Air France, Snecma, France Télécom, etc.) représente environ 50 milliards d'euros. Auxquels il convient d'ajouter les intérêts à 100 % dans des privatisables comme Gaz de France, Electricité de France, les Autoroutes du Nord ou Paris Rhin Rhône notamment.
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LEXIQUE
- Action spécifique : version française de la golden share britannique. Introduite en 1986, l'action spécifique sert à protéger les « intérêts nationaux », en prévoyant un droit d'agrément du ministre de l'Economie pour toute prise de participation excédant 10 % du capital. |
Le verbe « privatiser » et son substantif « privatisation » sont entrés dans la langue française au début des années 60. La privatisation est l'opération par laquelle on transfère au secteur privé une activité relevant jusqu'alors du secteur public. Et l'on considère comme publique toute entreprise sur laquelle l'Etat peut exercer directement ou indirectement une influence dominante, parce qu'il détient soit la majorité du capital, soit la majorité des voix attachées aux actions.
Pourquoi l'Etat privatise
L'objectif numéro un de l'Etat est de trouver des ressources financières pour combler ses déficits ou rembourser ses dettes. Une partie des recettes peut aussi être consacrée à la recapitalisation d'entreprises publiques. Par ailleurs, les sociétés évoluant dans un secteur concurrentiel ont besoin de nouer des alliances stratégiques, ce qui entraîne souvent des participations croisées en capital facilitées, en principe, par la cotation des sociétés en Bourse. Cela leur serait interdit si les sociétés demeuraient dans le giron de l'Etat. Enfin, une privatisation peut se réaliser sous la forme d'une augmentation de capital, ce qui permet à un groupe de retrouver une certaine aisance financière.
Comment il procède
La procédure de privatisation est une opération complexe, qui nécessite de s'entourer d'un maximum de précautions. D'autant que l'évaluation des actions n'est pas une science exacte. Une fois arrêté le nom de l'entreprise, le gouvernement saisit la Commission des participations et des transferts, qui évaluera la valeur de la société et fixera un prix plancher. L'Etat lance ensuite des appels d'offres auprès des banques chargées de monter l'opération et d'assurer le placement des actions. Le ministre de l'Economie arrête le prix définitif et l'offre à prix ferme démarre. Une privatisation peut également prendre la forme d'une vente de gré à gré. Mais, dans ce cas, le public n'est pas sollicité.
Quel intérêt pour le souscripteur ?
Au-delà du prix proposé (souvent attrayant), participer à une privatisation est un bon moyen de s'initier à la Bourse, surtout dans le cadre d'un PEA. Pour ceux qui gèrent déjà un portefeuille, c'est parfois l'occasion d'acquérir une valeur évoluant dans un secteur qui n'est pas représenté en Bourse. Pour autant, il ne faut pas souscrire les yeux fermés. Le fait qu'une entreprise vienne du giron de l'Etat ne garantit pas des plus-values. Surtout, une fois cotée, la valeur restera soumise aux lois du marché, avec l'influence déterminante de Wall Street, du dollar, des taux d'intérêt, de la croissance économique et surtout de ses propres perspectives de développement et de croissance bénéficiaire. Selon les statistiques, les détenteurs d'actions privatisées sont très fidèles. Ils gardent pour la majorité leurs titres en dépit des aléas de ces dernières années.
Cessions d'actifs
Le gouvernement Raffarin a poursuivi la vente d'actifs publics. En novembre 2002, l'Etat a cédé en un week-end, aux enchères, sa part dans le Crédit lyonnais puis, de façon très inattendue, 8,5 % de Renault en juillet 2003. En juin dernier, ce fut la mise sur le marché de 35 % du capital de la Snecma. En août, la Société nationale d'électricité et de thermique (Snet), propriété du groupe Charbonnages de France, a été privatisée. Enfin, rappelons qu'en mai Air France, en rachetant la compagnie néerlandaise KLM, a été privatisée de fait, ce qui a ramené la participation de l'Etat à 44,7 %. Mais l'opération la plus importante cette année demeure la privatisation de France Télécom. Le gros morceau à venir, peut-être en 2005, sera l'introduction en Bourse d'EDF, sans qu'une privatisation proprement dite soit actuellement envisagée
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