Pratiquée dans le cadre d'OPCVM diversifiés ou sous la forme de fonds de fonds, la gestion alternative est de plus en plus à la mode. Elle vise à se démarquer des marchés et ses résultats sont plutôt satisfaisants.
À SAVOIR
- Pour accorder son agrément, l'AMF, impose aux OPCVM le respect de règles strictes en matière de liquidité et de sécurité. Les fonds dont la valorisation n'est que trimestrielle, dont la liquidité n'est pas garantie, ou qui ont largement recours aux ventes à découvert ne répondent pas aux critères imposés. De sorte que nombre de hedge funds offshore et de fonds futures ne bénéficient pas du fameux visa. Le gendarme de la Bourse a publié une série de recommandations vis-à-vis des fonds de fonds alternatifs, afin d'améliorer l'information auprès des souscripteurs et d'obtenir davantage de garanties de la part des promoteurs. L'AMF vient, par ailleurs, d'édicter de nouvelles règles pour les fonds alternatifs gérés en direct. |
REPÈRE
- C'est aux Etats-Unis, en 1949, qu'un Australien du nom de Albert W. Jones a créé le premier hedge fund. A une sélection de titres de qualité, il associait des ventes à découvert sur d'autres titres, qui lui permettaient de se prémunir contre l'évolution des marchés. Il recourait à l'effet de levier afin d'améliorer sa performance. Il appliquait un système de frais de gestion en fonction de la performance du fonds, très répandu aujourd'hui dans le monde de la gestion alternative. |
La gestion alternative regroupe un ensemble de méthodes visant à obtenir une performance absolue (indépendante, à la hausse comme à la baisse, de l'évolution des marchés financiers). Ces méthodes s'appuient sur les marchés à terme et sur tous les instruments financiers permettant d'alterner ou d'associer des positions acheteuses ou vendeuses sur les différents marchés (actions, convertibles, obligations, monétaires, matières premières...). On retrouve la gestion alternative soit via des fonds assurant une seule méthode de gestion - hedge funds ou fonds communs d'intervention sur les marchés à terme (FCIMT) -, soit via des fonds de fonds associant différents gérants et styles de gestion, afin d'assurer une meilleure maîtrise du risque.
Les différentes stratégies
L'arbitrage (relative value) vise à tirer profit des incohérences existant à un moment donné sur le cours d'un même titre entre différents marchés ou sur les cours de titres équivalents. Cette stratégie peut, par exemple, s'appliquer aux obligations convertibles décotées. L'arbitrage consiste dès lors à acheter le titre décoté et à se couvrir contre l'évolution de l'action sous-jacente par une position vendeuse, afin de profiter, quelle que soit la tendance du marché, du retour à une valorisation plus juste. L'arbitrage s'applique également aux actions (écart d'une place boursière à l'autre sur un même titre) et aux produits de taux (décalages sur la courbe des taux). L'effet de levier y est utilisé pour offrir des rendements intéressants à partir d'écarts parfois minimes.
La stratégie long/short consiste à être à l'achat (long) sur des actifs considérés comme décotés et à se couvrir contre la baisse des marchés en adoptant des positions vendeuses (short) sur des actifs équivalents considérés comme surévalués. Cette méthode, utilisée sur les actions, vise soit à être totalement neutre par rapport à l'évolution des marchés (neutral market) , soit à anticiper une tendance en privilégiant les positions acheteuses ou vendeuses. Les stratégies directionnelles globales tirent profit de l'anticipation des orientations haussières ou baissières de différents marchés (actions, obligations, devises, matières premières...). Elles s'appuient sur une analyse macroéconomique (global macro) ou sur une analyse technique des tendances des marchés (CTA).
D'autres stratégies alterna-tives existent. Certains gérants jouent, par exemple, les situations spéciales : OPA, OPE, restructurations de dettes...
Les risques de la gestion alternative
La gestion alternative n'est pas dépourvue de risques. L'effet de levier utilisé par certains gérants pour doper la performance peut exposer le fonds bien au-delà du montant des actifs. Les mauvaises anticipations peuvent donc se révéler très négatives. De plus, la performance est directement liée au talent du gérant et à la qualité de ses paris.
En conséquence, l'investissement direct dans les hedge funds ou les FCIMT est à réserver aux investisseurs avertis capables d'identifier clairement les caractéristiques du fonds qu'ils ont choisi.
Des méthodes en plein développement
Longtemps réservée à de riches investisseurs et pratiquée par des spécialistes, la gestion alternative est de plus en plus à la mode. De nouvelles sociétés de gestion s'y lancent sous la forme de fonds de fonds plus accessibles ou l'intègrent à des OPCVM diversifiés. Cette possibilité de diversification est un atout pour le particulier. Cependant, certaines straté-gies alternatives telles que les arbitrages (notamment sur les convertibles) ont un potentiel de développement limité. Autre point : les nouveaux acteurs de la gestion alternative n'ont pas forcément accès aux meilleurs hedge funds , ceux-ci étant souvent fermés aux nouveaux souscripteurs. |