errière les discours volontaristes perce le blues.
"Tout recommence, il n'y a pas de répit", s'est désolé François Hollande, lundi 21 mars, en marge de la présentation du comité des intellectuels et artistes pour le oui réunis par le PS.
"Tout recommence." C'est ainsi que le dirigeant socialiste a commenté son propre parcours depuis sa réélection, par les militants, à la tête du parti, en mai 2003 lors du congrès de Dijon et son autorité depuis lors sans cesse remise en question.
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Semprun conseille la psychanalyse à Fabius |
Invité à prendre la parole, lors de la réunion, lundi 21 mars, du comité de soutien pour le oui des intellectuels et artistes réunis à l'initiative de Jack Lang , l'écrivain Jorge Semprun s'en est vivement pris à Laurent Fabius, partisan du non. Il lui a reproché son "manque de courtoisie" à l'égard du chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, lors de sa venue le 1er mars en France, l'accusant d'avoir lu"un catalogue d'art"pendant son discours à l'Assemblée nationale, avant de dénoncer la"politique de gribouille"du socialiste français.En conclusion de son intervention, M. Semprun, qui a également critiqué le député (PS) des Landes, Henri Emmanuelli, autre partisan du non, a conseillé à M. Fabius de se tourner vers la"psychanalyse".
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"Quand j'en ai eu terminé avec le congrès, il y a eu les élections régionales et européennes. Après, il y a eu le référendum (interne au PS, le 1
er décembre 2004 sur la Constitution européenne),
et puis maintenant un autre...", a-t-il reconnu, ajoutant :
"Il n'y a pas de solidarité." A chaque fois, la contestation, dans les rangs du PS, est repartie de plus belle, prenant pour appui, en permanence, la question de son
"autorité".
Sans y prendre garde, lundi, l'écrivain Jorge Semprun, membre du comité de soutien pour le oui, a d'ailleurs mis les pieds dans le plat. "Mitterrand n'est plus là pour mettre la paix dans le parti", a-t-il lancé. Debout à ses côtés, M. Hollande a encaissé sans broncher.
A cela, il faut ajouter la réaction, très négative des militants, après la parution de l'hebdomadaire Paris-Match, montrant, côte à côte, M. Hollande et le président de l'UMP, Nicolas Sarkozy. Les deux hommes seront à nouveau réunis, dans l'émission"Vivement dimanche"de Michel Drucker, le 27 mars, mais d'une tout autre façon : l'un et l'autre témoigneront pour un ami commun, l'acteur Christian Clavier.
Confronté à des enquêtes d'opinion qui ne le ménagent pas, et à une situation de crise dans le parti, qui pourrait l'amener à prendre des "sanctions" vis-à-vis des partisans du non qui font ouvertement campagne, le premier secrétaire du PS chasse toute part de responsabilité dans la situation actuelle. "Le problème, dit-il, c'est qu'on n'a pas encore choisi notre candidat" pour l'élection présidentielle de 2007. Faute de candidat"naturel"qui se serait imposé, les ambitions des uns et des autres serait, selon lui, la source de tous les maux. "Fabius prend son risque par rapport à une investiture", affirme M. Hollande
La désignation du candidat, prévue en 2006, obsède les esprits. Soulignant le manque de discipline dans les rangs socialistes, le premier secrétaire est allé jusqu'à s'inquiéter du fait que des militants, le moment venu, puissent même remettre en cause le choix de la majorité. "Il ne faudrait pas que la désignation du candidat puisse être transgressée", a-t-il glissé, comme l'est actuellement la consigne de vote sur le référendum.
"FEMELLES DOMINANTES"
En attendant, le mécontentement grandit au PS. Lundi soir, Lionel Jospin a néanmoins préféré garder un silence obtus sur la montée du non à gauche. Invité par sa section du 18e arrondissement à discuter de laïcité et de parité, l'ancien premier ministre s'en est strictement tenu à l'ordre du jour.
Evoquant son action en la matière, il a provoqué l'hilarité de la salle en évoquant la présence de... "femelles dominantes" dans son gouvernement. Un point de vue un peu décalé mais qui ne devrait pas durer. M. Jospin a prévu d'intervenir à nouveau dans le débat sur la Constitution européenne, avant le référendum, à l'occasion d'au moins deux meetings, dont l'un pourrait se tenir à Paris.