lors que le Parti socialiste fait campagne officiellement pour le "oui" au référendum sur la Constitution européenne du 29 mai, le "non" monte en puissance et devient majoritaire chez les électeurs de gauche, ce qui inquiète fortement les états-majors.
Le quatrième sondage donnant coup sur coup le "non" vainqueur, celui de l'institut Ipsos publié par Le Figaro mardi 29 mars, place le "non" à 54 % pour l'ensemble des Français, mais montre aussi que 53 % des électeurs socialistes refuseraient le texte, contre 45 % dans un sondage très récent du même institut.
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Si le "non" l'emporte, M. Chevènement veut participer à la reconstruction de la gauche |
Jean-Pierre Chevènement, président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen, a indiqué, mardi 29 mars, qu'en cas de victoire du "non", il serait prêt à un "dialogue" avec les partisans socialistes qui militent dans ce sens, tels que Laurent Fabius ou Henri Emmanuelli, pour envisager l'avenir de la gauche.
L'ancien ministre de l'intérieur a expliqué sur RTL que "bien entendu" il souhaiterait participer à une reconstruction de la gauche, si les Français votaient "non" à la Constitution européenne.
"Mais, pour le moment, il faut assurer la victoire du 'non'", qui est "possible", a-t-il dit. - (avec AFP).
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LES TÉNORS DU "OUI" INQUIETS Les problèmes sociaux intérieurs et le rejet par la gauche de la politique du président Jacques Chirac expliquent largement cette tendance, les scrutins référendaires en France ayant souvent été utilisés par les électeurs pour sanctionner des dirigeants, sans forcément répondre prioritairement à la question posée.
"Le cœur du socle sociologique de la gauche est touché", affirme mardi, dans Le Figaro, Pierre Giacometti, directeur général d'Ipsos, qui relève en outre que pour l'électorat, essentiellement de gauche, "construction européenne rime avec délocalisations, remise en cause des acquis sociaux, insécurité économique".
Les dirigeants socialistes, qui plaident pour le "oui" (avec d'importantes exceptions, comme le numéro deux, et ancien premier ministre, Laurent Fabius, et l'ancien premier secrétaire, Henri Emmanuelli), traditionnellement très européens, s'inquiètent grandement de cette évolution.
Ils en font implicitement porter la responsabilité au président de la République - qui, depuis Tokyo, a annoncé lundi 28 mars qu'il s'engagerait dans la campagne - et au gouvernement de Jean-Pierre Raffarin.
Les raisons de la montée du "non" "n'ont rien à voir ni avec l'Europe ni avec le texte". "Les Français ne sont pas contents du président de la République, pas contents du gouvernement, ils sont inquiets d'une l'Europe libérale", a assuré mardi l'ancien ministre des affaires europénnes, Pierre Moscovici.
Selon M. Moscovici, un des auteurs du traité, la victoire du "non" "ne serait pas la fin du monde, mais un recul, une immobilisation, une paralysie de l'Europe".
Au micro de la BBC à Londres, l'ancien ministre Jack Lang, considéré comme "présidentiable" en 2007, a mis en cause l'information sur ce texte.
LES VERTS VEULENT ÉVITER LA CONFUSION POLITIQUE
"Les gens, y compris ceux au sein du Parti socialiste, qui disent que la Constitution est trop libérale mentent" car le texte "est probablement le traité le plus progressiste que nous ayons eu en Europe depuis le début", a-t-il dit.
Alors que les communistes et le Mouvement républicain et citoyen, de l'ancien dirigeant socialiste Jean-Pierre Chevènement, militent pour le "non", socialistes et Verts souhaitent éviter la confusion politique dans leur électorat.
"Que Chirac et Raffarin tentent de convaincre leurs propres électeurs, c'est évidemment leur tâche. Pour les nôtres, on ne doit pas laisser à penser que nous tolérerions en quoi que ce soit la politique qui est menée par le gouvernement", a déclaré lundi l'ancienne ministre de l'environnement, Dominique Voynet, une dirigeante des Verts.
"Ce gouvernement n'a eu de cesse de démanteler les acquis sociaux, d'humilier ou de dévaloriser les salariés, les fonctionnaires, de clouer le bec aux jeunes. (...) On est en train de le payer plein pot dans la montée des intentions de vote pour le 'non'", a-t-elle souligné.