De Tokyo, Jacques Chirac dramatise l'enjeu du référendum du 29 mai
LE MONDE | 28.03.05 | 14h50
Tokyo de notre envoyée spéciale

l a fallu qu'un Japonais, participant à un colloque organisé, lundi 28 mars, à Tokyo, interroge Jacques Chirac, en visite officielle au Japon, sur la montée du non au référendum en France, pour que le président explique pourquoi "l'intérêt de la France, de l'Europe mais aussi de la paix, du développement, et de la sauvegarde de notre modèle social, suppose de répondre oui au traité constitutionnel".

Interrogé la veille par la presse française, sur le même sujet, M. Chirac avait d'abord fait mine de ne pas vouloir répondre à une question intérieure, avant de reconnaître qu'elle était aussi européenne et mondiale. Il avait alors dramatisé l'enjeu du référendum, en estimant que son résultat "engagera très profondément, pour les décennies à venir, la France et les Français".

Soulignant "l'importance de la voix de la France" et le poids qu'elle peut avoir dans les décisions européennes ­ par exemple sur le réacteur à fusion nucléaire ITER, pomme de discorde avec les Japonais ­, le chef de l'Etat avait déclaré qu'il aurait l'occasion d'expliquer aux Français "tout le sérieux avec lequel il faut réfléchir" à la question qui leur sera posée le 29 mai. Pressé, à droite comme à gauche, de s'engager, le président admettait ainsi qu'il prenait, lui aussi, au sérieux la campagne très active des partisans du non.

Dans la réponse qu'il a faite lundi, M. Chirac a développé des arguments de fond, pris quelques précautions oratoires vis-à-vis des partisans du non et s'est attaché à déconnecter la question sur le traité européen du mécontentement social en France.

SOCLE DE PAIX

L'idée des pères fondateurs de l'Europe, a-t-il expliqué, était de "sortir des guerres incessantes, des drames, des pertes humaines", et, "en réalité, de régler enfin le contentieux entre la France et l'Allemagne". C'est ce socle de paix, a fait valoir M. Chirac, qui a permis à l'Europe de bâtir un "modèle social européen", qui, a-t-il ajouté, a "vocation à s'élargir". A vingt-cinq, cependant, "les structures n'ont pas suivi" et la nécessité d'un nouveau traité est apparue "pour avoir une meilleure gestion", a-t-il dit.

M. Chirac avait pourtant prouvé que l'élargissement de l'Europe à 25 ne se réduisait pas à des problèmes de gestion, en menant, les 22 et 23 mars, à Bruxelles, une bataille contre la libéralisation des services en Europe, demandée avec insistance par les nouveaux entrants des pays de l'Est. "Nous sommes en démocratie, en période de démarrage de campagne", s'est contenté d'expliquer le président lundi, ajoutant que "les problèmes européens sont toujours un peu complexes".

Sans froisser les tenants du non, il a réclamé une campagne pédagogique, dans laquelle il appartiendrait "à celles et ceux qui font la campagne, soit en faveur du oui, soit en faveur du non, d'expliquer les raisons de leur choix". Alors que les difficultés du gouvernement risquent de gêner sa campagne, M. Chirac a souhaité que la réponse des Français au référendum "ne soit pas fonction de préoccupations autres qu'européennes".


Béatrice Gurrey
Article paru dans l'édition du 29.03.05


 
    
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