e camp du oui à la Constitution européenne est soulagé en France de la remise à plat de la directive Bolkestein sur la libéralisation des services en Europe, devenu le cheval de bataille des partisans du non. Le premier secrétaire du Parti socialiste (PS) s'est réjoui que
"le principe qui était le plus en contradiction avec le modèle européen, celui du pays d'origine, - soit -
écarté", tout en soulignant que cette décision
"aurait dû être prise beaucoup plus tôt". François Hollande a fait valoir qu'avec le vote de la Constitution, lors du référendum du 29 mai,
"nous aurons une protection supplémentaire par rapport à une future directive services", rappelant que le traité donne, pour la première fois, une reconnaissance juridique aux services publics. Cela constitue, à ses yeux,
"un verrou total pour éviter toute dérive".
"C'est réglé, on a débarrassé le terrain de cette directive",
a déclaré mercredi sur France 2 le président de l'Assemblée nationale, Jean-Louis Debré, alors que l'UMP exprimait sa
"grande satisfaction". M. Chirac a agi
"pour le bien de la France et pour le bien de l'Europe", a renchéri Pierre Lequiller, président de la délégation pour l'Union européenne de l'Assemblée.
Même un défenseur du non comme le sénateur socialiste Jean-Luc Mélenchon a tiré comme "leçon" de l'épisode que, "pourvu qu'on se batte sur une bonne idée, on la fait avancer". C'est cependant la critique qui domine parmi les opposants à la Constitution. M. Mélenchon ne "fait pas confiance" à la décision des Vingt-Cinq de revoir en profondeur la directive. Citant l'Allemagne et la Grande-Bretagne, que dirigent un chancelier social-démocrate, Gerhard Schröder, et un premier ministre travailliste, Tony Blair, il a jugé que leurs dirigeants étaient "des libéraux totalement exaltés, des idéologues".
Le MRC de Jean-Pierre Chevènement juge que "le camp du oui s'affole et se montre prêt à tous les mensonges". Son premier secrétaire, Georges Sarre, considère que les Vingt-Cinq "jouent la montre".
Le PCF a jugé "totalement faux" le fait que la directive soit enterrée, car "l'objectif de libéralisation des services a été clairement réaffirmé".
C'est même pour Philippe de Villiers une "gigantesque arnaque". Selon le président du Mouvement pour la France (MPF), "la directive ne sera pas retirée", elle fera juste l'objet d'une "petite toilette de printemps".
Dans le camp syndical, la CFDT, qui appuie le oui, s'est "félicitée" de la remise à plat du texte, jugeant que le nouveau traité constitutionnel donnait "les moyens de s'opposer à de telles directives". Les autres organisations sont plus exigeantes. FO a prévenu qu'elle ne pourrait "se satisfaire de simples amendements", rappelant qu'elle était intervenue, en mars 2004, pour demander le retrait du projet. "Gardons-nous bien de crier victoire", a souligné la CFE-CGC (cadres), "connaissant la duplicité des eurocrates qui s'empressent de faire revenir par la fenêtre ce que la pression populaire a fait sortir par la porte". La CGT estime urgent de promouvoir une directive-cadre définissant les services publics une revendication du mouvement syndical européen "depuis des années".