oici des extraits du "diagnostic sur la France 2005", présenté par Martine Aubry, Jack Lang et Dominique Strauss-Kahn comme une première étape d'élaboration du projet socialiste pour 2007 (1) et de la contribution (2) que lui oppose le courant minoritaire Nouveau Parti socialiste (NPS).
Mondialisation
(1) Nous sommes entrés dans une phase nouvelle de la mondialisation, celle de la constitution d'une économie-monde. La compétition devient plus intense et concerne désormais l'ensemble des systèmes économiques et sociaux. Mais cette mondialisation n'est en rien homogène. D'un côté, elle produit des inégalités à mesure qu'elle crée des richesses puisqu'elle repose sur une organisation hiérarchisée et sur des interdépendances définies par les Etats les plus puissants et les multinationales. De l'autre, elle présente des opportunités réelles. L'ouverture des marchés à l'échelle mondiale porte un grand potentiel de croissance.
(2) Le premier effet de la mondialisation libérale a d'abord été de donner un nouveau visage à l'ordre capitaliste qui a changé de nature. Un nouvel ordre économique mondial s'est installé, caractérisé par une polarisation économique autour des entreprises transnationales, nouveaux maîtres du monde, qui imposent leur loi à des concurrents, aux consommateurs, aux Etats et aux institutions nationales.
La conjonction de l'explosion démographique et de l'épuisement prévisible des ressources de combustible fossile entraîne un choc énergétique qui met directement en cause le mode de développement industriel dominant. La croissance économique pour elle-même apparaît comme insoutenable. Il faut donc la faire évoluer vers un développement soutenable et durable.
Europe
(1) L'Europe est au cœur de notre combat politique. Elle souffre essentiellement d'un manque de volonté politique. Les problèmes sont connus : l'insuffisance du budget européen, l'absence d'une réelle politique industrielle, les désaccords sur l'harmonisation des droits sociaux et fiscaux et les divisions sur la politique étrangère. Le traité constitutionnel est l'étape nécessaire pour trouver un nouvel élan politique.
(2) Le projet européen est dans l'impasse. L'Europe à laquelle nous avions assigné la mission de bâtir les règles, les protections et les droits que les citoyens et les salariés européens ne peuvent plus attendre de leurs Etats nationaux, trop faibles face à la mondialisation libérale, agit à rebours de sa vocation. L'emblème du virage idéologique libéral de la construction européenne est la directive sur les services, dite directive Bolkestein.
Inégalités sociales
(1) Nous sommes dans une société fragmentée. Cela demande de faire évoluer notre grille d'analyse, qui date des années 1970, 1980. Mais si nous ne pouvons plus parler de classes au sens propre, il y a bien des principes collectifs d'organisation et de domination à l'œuvre. Ils recoupent évidement les inégalités sociales.
(2) Les travailleurs ayant un revenu de 1,5 smic sont les seuls à ne pas avoir bénéficié de la création de richesses depuis dix ans et sont tombés dans un étau social. Contrairement à l'image véhiculée d'une atomisation des intérêts sociaux, il est à rappeler que les deux tiers des 25 millions de salariés français partagent une commune condition sociale : laissés-pour-compte de la politique, mais contributeurs essentiels au financement de la sphère publique. C'est cette catégorie (...) qu'il faut chercher à réassocier à un projet collectif d'avenir.