n France, plus de 70 000 adolescentes seraient concernées par des mariages forcés selon les chiffres convergents rassemblés par les associations auditionnées par le Haut Conseil à l'intégration dans un avis remis au premier ministre en 2003. Et, le phénomène a tendance à progresser.
Les mariages forcés sont surtout développés dans les communautés issues du Mali, de la Mauritanie et du Sénégal mais aussi chez des populations originaires d'Afrique du Nord, d'Asie et de Turquie. Si en France le code civil prohibe le mariage contraint selon l'article 146 "il n'y a pas de mariage lorsqu'il n'y a point de consentement" , une jeune fille binationale peut se voir mariée, lors d'un séjour dans son pays d'origine, selon la loi de ce pays.
Plusieurs associations observent le cas de jeunes mineures de plus de 16 ans retirées de la scolarité et envoyées par leur famille dans leur pays d'origine pour contracter un mariage précoce. Aussi, une partie de ces mariages forcés sont-ils motivés par des questions de papiers : en étant marié à une jeune fille ayant la nationalité française, un conjoint espère obtenir plus facilement un titre de séjour.
Une jeune fille binationale qui aurait été mariée de force dans son pays d'origine peut demander l'annulation de ce mariage devant le tribunal de grande instance ou saisir le procureur avant la transcription de l'acte en droit français.
"Lors de la transcription des bans à l'ambassade, il y a des appels à l'aide de jeunes filles, celles-ci étant entendues dans le cadre d'un entretien individuel. Lorsqu'il y a suspicion de mariage forcé, le parquet est saisi, mais l'affaire est souvent classée. La justice ne suit pas. Il est très difficile en effet de prouver qu'il y a mariage forcé, et souvent la jeune fille revient sur ces positions, car pour elle il est très difficile psychologiquement de s'opposer à sa famille", relève Jeannette Bougrab, auteur de l'avis remis au premier ministre dans lequel le HCI se prononçait pour un relèvement de l'âge légal du mariage en France à 18 ans afin de freiner le phénomène. "A 18 ans, les filles sont plus fortes qu'à 15 ans. Il est plus facile pour elles de s'opposer à leurs parents", souligne Mme Bougrab.