Augmenter la taille du texte Diminuer la taille du texte Envoyer cet article par couriel Imprimer cet article

Piat : "Imposer le dialogue"

19/09/2005 Propos recueillis par FREDERIC WARINGUEZ
De Sports.fr
Philippe Piat, 63 ans, sera élu mardi à la tête de la Fifpro, le syndicat international des footballeurs professionnels, à l'issue de son assemblée générale à Londres. Patron depuis 1969 de l'UNFP, le très progressiste syndicat français, Piat entend devenir un véritable interlocuteur des grandes instances internationales que sont la Fifa et l'UEFA pour faire entendre la voix des joueurs.

Philippe Piat, membre historique de la Fifpro depuis sa création.Philippe Piat, membre historique de la Fifpro depuis sa création.
Vous allez succéder à l'Anglais Gordon Taylor à la tête de la Fifpro. Que signifie pour vous cette élection ?
C'est le Comité directeur de la Fifpro qui m'a demandé d'être candidat. Pour moi, c'est d'abord une reconnaissance de la vivacité du syndicat français. L'UNFP, composante importante de la Fifpro, est un syndicat puissant et très actif. L'UNFP peut ainsi se targuer d'être à l'origine de l'arrêt Bosman puisque nous avions soutenu ce joueur avec l'aide du syndicat espagnol...

Quels sont les objectifs que vous vous assignez au cours de votre mandat?
La première chose, c'est de garantir l'indépendance de la Fifpro vis-à-vis de la Fifa, de l'UEFA, des Fédérations... Jusqu'à maintenant, ces organismes font mine de nous ouvrir leurs portes mais restent totalement décisionnaires. Je veux instaurer un dialogue clair avec elles. L'objectif à terme, c'est de mettre en place une convention collective ou un accord collectif à l'échelle européenne. A travers des minimas dans la rémunération, des avantages sociaux, il faut tendre vers une homogénéisation de ce qui existe. Sachant que ce qui sera obtenu au niveau européen s'appliquera ensuite par ricochet au monde entier...

"Marier le droit et la spécificité du foot"

Finalement, ne s'agit-il pas d'exporter le modèle français ?
Oui car la convention collective française, la charte du football français, est sans aucun doute la plus avancée au plan mondial. Elle marie au mieux le droit et la spécificité du foot en protégeant à la fois le système et ses acteurs. Cette charte existe depuis 1973, elle avait été à l'époque négociée avec Philippe Seguin qui était le président de la Commission paritaire, et elle tient toujours. C'est cette convention qui a notamment permis aux joueurs d'être libres quand ils arrivaient en fin de contrat...

En 2001, Sepp Blatter avait promis une meilleure représentativité des joueurs au sein de la Fifa. Qu'en est-il aujourd'hui ?
C'est une promesse qui n'a pas été tenue. Notre place n'est pas forcément dans le Comité exécutif de la Fifa ou de l'UEFA mais nous devons devenir suffisamment indépendants pour nous faire entendre et parvenir à ce que des règles dérogatoires par rapport au droit européen, puissent être obtenues avec notre accord. Nos interlocuteurs doivent avoir envie de danser le tango avec nous. Ce n'est pas tout à fait le cas aujourd'hui. On est à un tournant.

La réforme des transferts constitue un des grands sujets de discussion actuellement...
Il faut trouver un moyen d'éviter les excès. 38 millions pour Essien, c'est n'importe quoi. Aujourd'hui, les montants sont amplifiés, les salaires connaissent une inflation incroyable, les commissions d'agents sont en augmentation, on apprend qu'il existe de faux contrats d'image, que des sommes sont virés sur des comptes à l'étranger pour échapper à l'impôt... Tout cela est malsain. Aujourd'hui, trop de clubs établissent des contrats non pas pour faire jouer un joueur mais pour constituer un capital pour de futures reventes. C'est un sujet très compliqué avec un système qui fonctionne depuis trop longtemps sur de mauvaises habitudes et je crois que ce sera difficile d'obtenir un consensus pour plus de régulation.

"Pas de quotas mais des obligations"

Etes-vous favorable à la mise en place de quotas de joueurs étrangers dans les clubs ?
Il faut arrêter de parler de quotas. C'est tout simplement contraire aux idées fondatrices de la Communauté européenne, à savoir la libre circulation et la non-discrimination. Ceci dit, il n'est pas interdit de réfléchir à l'obligation de faire jouer des joueurs formés dans le pays. Un accord-Fifa-Fifpro là-dessus aurait du poids par rapport à l'Union européenne.

Autre sujet épineux, la mise à disposition par les clubs de leurs joueurs aux sélections nationales et l'indemnisation réclamée par certains...
Je comprends la revendication des clubs qui voient des joueurs qu'ils paient grassement partir en sélection pour deux mois sur l'ensemble d'une saison. L'idée d'une indemnisation me paraît logique, une indemnisation qui ne serait pas indexée sur le salaire mais qui serait forfaitaire. Sur le principe, tout le monde semble d'accord, c'est quelque chose qui devrait aboutir.

Malgré les efforts de l'UNFP en France, les joueurs au chômage semblent toujours plus nombreux...
Le chômage ne s'aggrave pas car nous parvenons à le juguler. Un gros travail de reclassement est effectué et nous aidons aussi les clubs à recruter en finançant une part des charges sociales. Le chômage s'explique d'une part parce qu'il y a trop de jeunes en formation, d'autre part par un afflux massif de joueurs étrangers. Ce dernier point n'est pas normal, notamment en L2. Pour les grands clubs qui jouent l'Europe, il est normal de rechercher l'excellence mais en L2, il vaudrait mieux faire jouer des joueurs en formation plutôt que se tourner trop systématiquement vers l'étranger. On ne voit pas toujours l'intérêt de la chose. Il y a nécessité d'une prise de conscience de la situation, à la Ligue et dans les clubs.

Merci d'envoyer le spam à : pouriels@sports.fr
l'Achat-Vente Garanti
dvd, cd, livres, jeux video, hifi, portables, informatique, jeux, photo, mode, maison, voiture,
tous les produits.