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Le monde à l’envers



Le 8 mars dernier, la Présidente de la République française et la Chancelière allemande s’entretenaient au sujet de la journée internationale de l’Homme. Réunies en conseil binational des ministres – à 82% des femmes pour la France, 54% pour l’Allemagne (toutes aux postes clés de l’Economie, de l’Intérieur et des Affaires étrangères) – les 2 sous-secrétaires d'Etat à la Condition masculine, à la petite enfance et au 3ème âge proposaient de soumettre aux députées une loi facilitant l’accès des hommes à la politique.

Cette sous-représentation fausserait trop, à leurs yeux, le fonctionnement démocratique des institutions. La Première ministre, tout en convenant de cette sous-représentation (12% seulement des députées françaises et 32% des députées allemandes sont des hommes) a fait valoir, en le regrettant, que la politique n'intéresse pas les hommes. Les récentes émissions de télévision n’ont-elle pas montré que le cerveau masculin reste irréductiblement centré sur la motricité plutôt que la réflexion ? La Garde des Sceaux s’inquiète d'ailleurs de la masculinisation de la magistrature. Longtemps la justice n’a formé que des magistrates, mais avec l’arrivée de tous ces magistrats hommes, il en va de l’impartialité de la justice dont elle ne peut plus se porter garante. Ces propos ont choqué le ministre allemand de la justice, un homme.

Violences
La ministre allemande de l’Intérieur s’interroge sur les raisons de la hausse de 60% de violences sexuelles contre les tous jeunes hommes constatée en 2004 en France, elle se demande si le phénomène ne va pas s'étendre outre-Rhin. Son homologue française lui fait remarquer qu’avec 3 hommes tués tous les quatre jours par leur femme en Allemagne, la République Fédérale n’a pas à se gausser de la France, où un certain sens de la séduction permet de maintenir le chiffre à 6 hommes assassinés par mois. La ministre allemande émet un doute sur le sérieux des statistiques françaises. D’ailleurs, un reporter du journal français Libération a recensé 30 hommes morts de la main de leur conjointe au cours des seuls mois de juillet et août 2004. Il est vrai que le gouvernement français a décidé de frapper un grand coup : un spot contre la violence domestique est diffusé actuellement sur les ondes. Mais la violence sexiste est aussi dans la rue. Les hommes hésitent encore à se promener passée une certaine heure dans les rues peu fréquentées : des femelles malodorantes et au physique ingrat, souvent en groupe, ont tendance à les suivre, à les harceler, à les insulter s’ils ne leur adressent pas un petit sourire gentil, quand elles ne se jettent pas sur les plus mignons d’entre eux pour leur enfoncer violemment des objets dans le fondement, les passer à tabac ou leur lacérer le visage. Les policières qui recueillent les plaintes ont beau conseiller aux jeunes gens de rester chez eux après 22 heures, ils ne veulent rien entendre… Il faut dire qu’avec des affiches montrant en gros plan et de façon fort suggestive des parties de corps masculins, au seul motif de vendre un shampoing, une voiture ou des valeurs boursières, on n’aide pas les femmes à contrôler leurs pulsions sexuelles naturelles.

Salaires
Côté finances, la présidente de la République a promis une loi sur l’égalité salariale femmes-hommes. Mais pour l’heure, à travail égal, les hommes continuent de gagner 10 à 15% de moins que les femmes, et encore faut-il qu’ils y accèdent, à ce « travail égal ». Les hommes sont en effet confrontés à un plafond de verre : ils ont beau afficher des performances supérieures à celles des filles à l’école comme à l’Université, ils demeurent discriminés à l’embauche, et ne représentent que 14% des chefs d’entreprise de plus de 10 salariés. Il est vrai que leur cycle hormonal irrégulier en fait des collaborateurs peu fiables, puisqu’il est impossible de savoir à quel moment ils sont soumis à leurs poussées abrutissantes de testostérone. Bref, partout en Europe, on enregistre des différences de salaires de plus de 30%.
Inévitablement, le débat en est venu à la question des retraites. La ministre de la Fonction publique (où le nombre d’hommes à des postes de décision est encore plus bas que dans le privé) souligne qu'avec 45% de retraite en moins que les femmes, les hommes ont bien plus de mal à survivre. La raison en tient grandement au travail à temps partiel : 85% des postes à temps partiel sont occupés par des hommes en Allemagne, à peine moins en France, une fainéantise qui finit par coûter cher au moment de la retraite, c’est évident. Les hommes assurent que ce temps partiel est subi directement dans 25% des cas, et lié à la gestion du travail domestique pour la majorité des autres cas. Ils rappellent qu’ils assument à eux seuls 80% du travail domestique, travail qui n’ouvre droit à aucune couverture sociale ni salaire.
Off the record, les ministres reconnaissent toutefois que "les hommes préfèrent astiquer le parquet" plutôt que de "se coltiner des journées à briller avec les collègues" ou à "échanger des blagues salaces devant la machine à café". Saisissant l'occasion, l'une des ministres a raconté la dernière qui court sur les bruns. Le sous-secrétaire français à la Condition masculine a déploré ces propos sexistes et rappelé que la loi contre les propos discriminatoires votée en 2004 n’a pas jugé bon de protéger les hommes en tant qu’hommes. Non sans exaspération, il a ajouté : "La journée internationale de l’Homme a de beaux jours devant elle".




Mise à jour: 21/03/05 | Retour en haut de page |