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Lumière silencieuse | I’m not there | Le Chaos | Entretien avec Jean-Luc Godard

Sortie du 05 décembre 2007

Lumière silencieuse



Un film ample et profondément habité : « Lumière Silencieuse » de Carlos Reygadas fut l’un des plus beaux joyaux de la 60ème compétition cannoise.
Des paysans mennonites vivant au nord du Mexique sont les protagonistes du nouveau film de Carlos Reygadas.



(Mexique, France, Hollande, 2007, 2h22)
Avec Cornelio Wall Fehr, Miriam Toews, Maria Pankratz, Peter Wall, Elisabth Fehr, Jacobo Klassen




Interview de
Carlos Reygadas

Interview menée
par Julien Welter

Format Real Player



Galerie photos




Synopsis : Dans la communauté des mennonites du nord du Mexique, Johan très croyant et père de famille tombe amoureux d’une autre femme.

Critique : La caméra fixée sur le ciel s’engouffre dans la nuit profonde où seules les étoiles scintillent au travers d’une brume légère. Le souffle du vent et les vagues piaillements d’une nature encore endormie se réveillent à mesure que l’aube révèle un ciel irisé, rouge, jaune, bleu, incandescent, accompagné par un travelling sensuel et énigmatique. Cette introduction magnifique convie d’emblé le spectateur à prendre en considération les enjeux de Carlos Reygadas pour ce dernier film, « Lumière Silencieuse » : capter la grâce dans une approche contemplative, dans un déploiement sensible du Temps et de l’espace. Puis, après la Nature viennent les visages des hommes, des femmes et des enfants. Pas n’importe lesquels, des Mennonites du Mexique, une communauté originellement venue de Suisse au XVIème siècle, un groupe de dissidents protestants éminemment fervents. La famille de Johan est modérée, accepte les voitures et la médecine, mais ne tolère pas le téléphone et internet tout en plaçant au centre de leur vie un rituel de prière systématique. Loin de forger un univers abrupt, cette famille de têtes blondes comme les blés vit dans la douceur, dans une parcimonie de mots qui renforce la sensualité des êtres entre eux et leur harmonie vibrante avec la nature.
Carlos Reygadas s’approche de ces derniers avec une immense générosité, une tendresse palpable et infinie, silencieuse, qui ne se dément jamais. Et si tel un dérèglement la passion de Johan pour autre femme est le nœud de l’intrigue, elle est avant tout un nœud dans la gorge de l’infidèle, une émotion coincée qui bouleverse, jamais sale, jamais impure, mais irrépressible : cette nuance si fine est l’un des plus brillants scintillements du film car, avec la compassion hors du commun que Reygadas avait déjà prouvée dans « Japon » et « Batalla del Cielo », le cinéaste donne à voir et à comprendre l’étendue d’une complexité profondément humaine. Mais au delà encore, parce que le film convoque in extremis l’idée du miracle au sein même de cette histoire si simple et que la beauté formelle de ses images sont toujours stupéfiantes, il se libère de «Lumière Silencieuse» un sentiment fascinant, celui d’une élévation de l'âme vers le sacré, comme une prière.

Olivier Bombarda

Synopsis : Johan, un paysan de la province du Chihuahua au nord du Mexique, vit dans une communauté mennonite avec sa femme et ses six enfants. En contradiction avec les lois divines et humaines, il est tombé amoureux d'une autre femme.

Critique : Presque tout le monde ignore que dans l'immensité de la province Chihuahua, au nord du Mexique, vit une communauté mennonite de près de 100.000 personnes, qui possède ses propres écoles, ses hôpitaux et même un système juridique spécifique. Certains membres de la communauté refusent encore toute forme de communication ou de transport modernes, comme le téléphone, internet, l'automobile ou les machines agricoles. Les Mennonites sont les descendants d'une minorité conservatrice et pacifique, longtemps persécutée, et qui parle un dialecte du nord de l'Allemagne. Cette communauté quitta l'Europe (par trop belliqueuse) au cours du 19° siècle pour s'installer au Canada; après la première Guerre Mondiale, pour fuir l'atmosphère anti-allemande, ils s'implantèrent vers 1920 au Mexique où la majorité d'entre eux vit encore aujourd'hui.

Un peu d'histoire est nécessaire si l'on veut bien saisir la nouvelle oeuvre de Carlos Reygadas, un film magnifique, mystique et salvateur qui, comme « Japon » et « Battle in Heaven » se consacre à l'éternel mystère de l'amour et de la trahison. Johan aime deux femmes en même temps, ce qui constitue pour un Mennonite, qui gagne sa vie avec les dons de Dieu et fait prier ses enfants avant chaque repas, une faute impardonnable. Hormis la parcours religieux, Johann n'est pas sans rappeler le personnage de « Sehnsucht » de Valeska Griesebach (Berlinale 2007) ou encore Ian Curtis dans „Control“ (d'Anton Corbijn), présenté en ouverture de la ‚Quinzaine des Réalisateurs’. Tous trois subissent l'opposition de deux conceptions incompatibles du monde. Chez Reygadas, cependant, la solution à la fois la plus invraisemblable et la plus plausible semble possible.

La manière dont Reygadas filme ce conflit de l'âme fait de lui un metteur en scène unique. On est frappé tout d'abord par ces images incroyables, évoquant celles en cinémascope de John Ford, et qui nous dévoilent des paysages grandioses de champs à perte de vue et de cieux rougeoyants. Dans ces images paisibles et sereines, Dieu ne semble pas loin. Les visages des paysans travaillant dans les champs ne trahissent aucune bassesse, aucune méchanceté. Comme s'ils étaient les véritables serviteurs de Dieu, qui vivent selon le message religieux originel, sans s'en prévaloir et sans prosélytisme. Ce qui rend particulièrement crédible la profession de foi de Reygadas, c'est de n'avoir choisi que des acteurs non professionnels issus de différentes communautés mennonites, et d'avoir fait - en véritable visionnaire - entièrement confiance aux acteurs leur permettant ainsi de mettre tout le poids de leur propre existence dans leur personnage.

Johan, bien qu'affligé à l'extrème par les remords, continue à croire en la possibilité d'un paradis terrestre. A aucun moment, il ne fait mystère des ses sentiments, même s'ils s'avèrent blessants pour les deux femmes. Quand il fait des cercles avec son pick-up en fredonnant une chansonnette mexicaine ou quand, dans les moments de grande souffrance, il prophétise la possibilité réelle de trouver une solution, il suggère au spectateur, soudainement happé hors de l'agitation festivalière, que dans sa propre vie, pleine de contradictions insolubles, une issue est forcément à portée de main.

Martin Rosefeldt


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Lumière silencieuse
(Mexique, France, Hollande, 2007, 2h22)
Avec Cornelio Wall Fehr, Miriam Toews, Maria Pankratz, Peter Wall, Elisabth Fehr, Jacobo Klassen
Sortie du 05 décembre 2007
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Polar majestueux enfoui dans les ténèbres de tourments intérieurs, « La nuit nous appartient » évoque avec maestria la lutte à mort des dealers et de la police new-yorkaise à la fin des années 80 sur le mode de la tragédie antique.


Mise à jour: 10/12/07 | Retour en haut de page |