Lettres

La Coupe du Monde et sons sens


            Paru dans la revue Occulture en 1999

Toute, la journée, j'avais travaille au décryptage de la riche conquête de l'Armet de Mambrin, promoteur essentiel de la révélation messianique du Code de la Bible et de la Vie. L'exégèse entrait dans sa deuxième phase. Moi qui l'avais prévue paisible, j'étais surprise de la voir, dès le troisième chapitre, s'élever à une hauteur imprévue. Qui aurait deviné ce qui couvait sous la conquête du Heaume de Mambrin ? L'analyse du récit et le décodage des mots qui s'y clouaient mettaient noir sur blanc un aveu d'une transcendance inouïe. Cervantès s'y déclarait le héros absolu d'une étape évolutive majeure, clé de voûte de l'essor civilisateur. L'audace et le réalisme avec lesquels Miguel de Cervantès s'autorisait à dire son secret "mystique" étaient stupéfiants. Le Prince des génies jouait avec le feu de Dieu. Ce n'était pas une sinécure que défaire chaque grain d'énigme sans se brûler. Mes lecteurs se laisseraient-ils entraîner dans un raisonnement qui touchait à la substance vivante du Cosmos ? Pour me changer les idées, je descendis au salon et allumai la télévision. A l'écran, un gardien de but sautait sur le ballon avec une rare énergie: " A moi, à moi ! ".
Normalement je n'ai d'attention que pour la course à pied, à cause de Carl Lewis et de l' extraordinaire transparence avec laquelle sa peau noire laisse voir la courbe séphirothique dirigeant de l' intérieur la perfection de ses mouvements. Ce que j'aime dans l'exploit sportif, c'est le système nerveux révélant son ordre. Point de vue dont je n'imaginais pas qu'il pût être satisfait par la contemplation d'un match de football. Aussi, sans remords, comme nombre de femmes, abandonnai-je cet intérêt à la luxuriance parfois incompréhensible de la conscience virile.
Dans quelle intention, le hasard me fit-il découvrir une présence chamanique dans le gardien de but en soyeuse tenue noire et verte?
  • Qui est-ce? demandai-je à mon neveu.
  • Le gardien de but de l'équipe du Paraguay. Il en est aussi l'entraîneur et le capitaine. Il paraît qu'il va se présenter, dans son pays, aux élections présidentielles, avec des chances d'être élu.
  • Comment s'appelle-t-il ?
  • José-Luis Chilavert
Chilavert ? Dans le village où je suis née, il y avait des Alibert et des Chalivert. Mais pas de Chilavert. Quand une lettre se déplace dans un nom pour en donner un autre c'est toujours un clin d'œil. Mais' là, ce fût la foudre! Chilavert en hébreu, Chilo-beer, le puits de Chilo. Chilo, c'est le nom du Messie. Pardon pour la trivialité, mais je sortais d'en prendre ! Je venais d'éteindre mon ordinateur, après m'être fait peur avec des révélations risquées à ce sujet, Cependant, un mot m' avait manqué, dans cet exercice, et c'était celui de Chilo. Je n'en avais pas consulté la formule. Pourtant, je savais que c'était le nom biblique du Messie, son identité d'origine. Et voilà qu'au travers du nom d'un gardien de but de langue espagnole, Je recevais de plein fouet l'ordre d'en évaluer le sens. C'était contenu dans la dualité Chilo- Beer.
1) beer, le puits du messie. Il est à mesurer;
2) la jauge, c'est le mot Chilo.
Ces indications interfèrent directement sur mon travail. Une méthode m'est ainsi indiquée, à utiliser tout de suite, afin de persévérer dans la révélation messianique du Code de la Bible et de la Vie. J'en prends note. Mais que le conseil m'arrive si vite et par l'intermédiaire d'un match de football ! Il est vrai qu'il se déroule à Saint Etienne. J'en déduis qu'il sera saint et saint de le tenir pour bon.

1. La contribution imprévue


Il me faut donc savoir ce que Chilo signifie exactement. Selon mon dictionnaire rabbinique, ce mot renvoie à Josué 18, 3 et au nom de la ville où fut établie la tente d' assignation ... Siloh, ville de la tribu d'Ephraïm, mais aussi à Genèse 49,10, jusqu'à ce qu'arrive (la fin) de Siloh ( que le règne de David commence ); selon d'autres, celui à qui sera le pouvoir (pour Acher lo), c'est-à-dire le Messie...                .
Là, je sursaute. Chilo, contraction de Acher lo: quelle précision et comme elle se donne à point nommé. D'une part, elle prouve qu'en milieu biblique Acher a bien été considéré comme le codon originel, responsable de l'histoire terrestre. D'autre part, elle montre que le messie est celui qui, le premier, peut dire "A moi le sens de Acher", En ce sens, il est un gardien de but, gardien du but divin. Le geste qui interprète le rmeux cette prise de possession vient de surgir à l'écran, interprété par un Chilavert semi-volant. Acher, c'est le ballon qui doit faire goal au bout d'un envoi dont la courbe roule sur les milliards d'années qui nous séparent aujourd'hui de l'an zéro de la Création. Le buteur céleste a donné son coup franc au commencement des choses. L'information a été activée! à l'instant zéro du temps. Moïse a eu le génie de comprendre que c'était une forme. verbale, un triplet, comme on dit en Physique moderne, au sujet des quarks.

A lire de droite à gauche:

Le codon, activé au départ de la Création, dit à peu près ceci : le svstème de vérité ( Alef) se fera connaître ( Schin) par la créature douée de conscience ( Reisch) qu'il va tout exprès fabriquer en vue de cette finalité : l'inscription de la totalité de sa formule dans la culture humaine.
L'existence d'un triplet conducteur d'évolution est facile à admettre si l'on connaît la thèse sacrée. La conception métaphysique soutenue par les sagesses traditionnelles, Bible en tête, veut que le Cosmos soit l'hémisphère "qui Fait" d'un Cortex Primordial. Principe qui engage des conséquences. Dans nos cerveaux, la liaison gauche-droite et retour se fait grâce à l'influx central. L'analogie entre cortex humain et Cortex Primordial - Rosch, de son nom propre - oblige à concevoir pour le second ce qui caractérise le premier. Il en résulte qu'une énergie tient l'emploi d'influx central dans le Rosch de la Création. Cette énergie circule d'un hémisphère à l'autre, transporte les informations du "qui Sait" vers le "qui Fait" et retour, monte dans les étages de la structure cosmique, tout comme l'influx central grimpe dans les couches de notre cortex, au gré du temps, assimilant les informations qui façonnent notre expérience.
Le mouvement inaugural de ce système de liaison, je l'ai appelé Premier Échange Latéral, le PEL. Louria, le Kabbaliste, l'a décrit au moyen d'une image: la ligne, le fil. Miguel de Cervantès utilise aussi une métaphore, la corde, pour évoquer sa force constructive qui, sur terre se dépose en cercles, formant cycles : Minéral, Végétal, Animal, Humain, Conscience culturelle ...
Le vilebrequin cosmique est arme d'une mèche: le codon Acher. En dernier effet, l'Humanité développe son histoire sous la pression de ses éléments, au fur et à mesure qu'ils entrent en action, l'énergie passant de l'un à l'autre. Au fil de cette ultime animation, chaque lettre induit un type d'incitation spirituelle, dont les résultats s'intègrent l'un au suivant. Trois, c'est la règle. Le réel prend toujours toutes choses avec trois doigts. Les biologistes modernes l'ont constaté. Trois nucléotides spécifient une protéine. La vérité du système absolu s'exprime partout.
Donnons une couleur qui fasse référence facile à chacun de ces trois épisodes civilisateurs. Soit Alef, carton bleu: l'azur convient à la période hébraïque, où, durant des millénaires, les fortes têtes des maîtres de la Loi ont recueilli les données du système divin, tandis qu'elles tombaient du ciel. Période de réception, elle admet une suite. La reconstitution du tout sous forme symbolique. Etape Schin, carton jaune: Miguel de Cervantès s'en déclare l'interprète délégué, au chapitre de la riche conquête de l'Armet de Mambrin. Puis, carton blanc, conclusion sous le signe Reisch. Au bleu de l'Alef, correspond la vaste période au cours de laquelle les éléments du système de vérité se font détecter et enregistrer par les traditions, l'hébraïque en particulier. Puis, le message passe de l'hébreu à l'espagnol et du Sacré au profane. Mon travail consiste à montrer que Miguel de Cervantès en est le grand transitaire. Le nom de Chilo ( la lettre Alef s'est absentée, ses leçons étant intégrées dans le Schin, devenu de ce fait initiale) est en direct rapport de sens avec cette deuxième position culturelle. La tarière évolutive est encore en action aujourd'hui. Il lui reste à inscrire le Reisch dans le vécu du monde.
Forte de ces renseignements, dictionnaire toujours ouvert sur mes genoux, je reviens au match. Chilo, passe! Mais beer ! Jauger la structure, voir où en est le système, songer au référent cortical. On dirait que les quatre lettres de beer combinent une indication devant m'aider à suivre le spectacle. J'en rirais si je n'étais habituée à l'extrême liberté avec laquelle la vie parle sans contrainte, ni pudeur. Tout lui est bon de ce qui agit en elle. Tout lui sert à dire ce qu'elle pense.


2- Le But en Or

Dans le jeu qui se déroule, je n'apprécie vraiment que le travail du gardien de but. Ses plongeons de poisson me fascinent. Chaque fois que Chilavert allonge un saut de tout son corps, coupant la trajectoire d'un ballon qui aurait bien fait goal, un suspens se marque dans mon esprit comme si quelque chose voulait entrer dans les filets de la conscience lucide.
Mais le match Paraguay-France a déroulé ses deux mi-temps, sans s ' avérer concluant. Aucun but n'a été marqué. Le caractère messianique de ma réflexion collatérale me sensibilise à cette absence de conclusion. Il faut jouer les prolongations. Je ne savais pas que la règle du football est ainsi conçue qu'il existe un temps de rattrapage au cours duquel chaque équipe tente sa dernière chance, ayant droit à cinq tirs au but.
Cinq. Une mesure systémique fort précise. Cinq, ce sont les cinq doigts de la main "qui Fait". Dans le cortex, cinq couches peuvent être métabolisées par le côté concrétisateur, utilisant ses deux instances Bip et BOP. Et si l'on surveille sa dynamique dans le seul espace du BOP, on découvre que cinq strates font le même décompte. Le cinq est toujours sauvé. Le football aurait-il des affinités avec le système de vérité?
Changement de place, sur le terrain. Jusque là en pleine lumière, Chilavert se retrouve comme éteint, pour les prolongations. La variation d'éclairage est frappante, strictement due à l'emplacement sur le terrain dont une moitié s'assombrit. La fluctuation est si forte qu'elle répercute sur ma pensée. Quel est donc le sens de ce retrait ? En quoi concerne-t-il l'espace Chilo ? Et voilà que le but décisif est marqué. Par la France. Le joueur s'appelle Laurent Blanc. La maniaquerie nominaliste qui m'affecte en tire une idée superbe : l'or en blanc. La lumière, or en hébreu, a fait mouche dans le blanc. Autrement dit, la lumière dans la cible. Un automatisme de l'esprit me fait voir le Reisch de Acher s'y planter en plein cœur. L'ozone d'une précision cosmique flotterait-elle dans l'air du temps ?
J'apprendrai plus tard que le but qui met fin aux prolongations s'appelait jadis "mort subite". Il a été rebaptisé" But en Or" à l'occasion de la Coupe du Monde 98. Une fois encore, je suis frappée par la propriété du langage qui entoure le ballon rond. Sur l'alphabet hébraïque le site de la "mort subite" se voit très bien, ainsi que l'espace assigné à la prolongation.

Elle se produit en NIV 3, ponctuellement au site balisé 900, borne-limite où prend fin, normalement, l'activité du côté "qui Fait". L'énergie qui l'animait jusque-là se dirige alors côté "qui Sait". Là, en NIV 4, zone des prolongations, elle fera valoir l'existence des lumières, celles-ci se rallumant à l'endroit du Reisch. "But en Or", l'expression est géniale pour dire que le but de cette stratégie est d'établir les lumières de l'esprit.
Mais qui donc a songe a modifier ainsi le vocabulaire, dans le livret du Mondial 98 ? La défaite cesse de drainer l'attention. L'accent est mis sur la victoire. Dans quelle intention ? Pourquoi substituer l'idée de "But en Or" à celle de Stop fatal ? Pourquoi avoir attendu que la compétition ait lieu en France pour procéder à ce basculement ? En quoi cela intéresse-t-il notre pays, par delà la Coupe du Monde?
Il Y a du passage à l'acte dans le shoot vainqueur de Laurent Blanc. Faut-il qu'il en porte la formule dans ses nom et prénom ! Mais c'est toujours ainsi, dans la Bible, dans Don Quichotte et dans la Vie. Les noms pavoisent, porteurs emblématiques du sens à repérer dans le fait où ils sont acteurs.
Laurent Blanc = l'Or en blanc.
Dans mon attribution conventionnelle de couleurs aux trois cartons de l'aventure civilisatrice, le blanc désigne la France.

Quand le petit prophète Obadia a fait ses calculs de futurologue ( cf. Obadia, 19, 20), il s'est fié aux trois lettres de Acher. Sa vision, c'est ce qu'il a pensé, après avoir supputé l'avenir de ce codon. Il en a déterminé le programme en recherchant les lettres exprimant les moments évolutifs et il a trouvé que, pour le messianisme, ce serait en Sépharad et Tzarfat. Espagne et France.
Cervantès s'est-il établi sur le texte d'Obadia pour prévoir, à son tour, que l'énergie civilisatrice devrait un jour percer en France ? Ses mouvements peuvent être suivis du regard. C'est le travail des initiés. Ils sont "guetteurs". Cervantès a été une sentinelle impeccable, au seizième siècle. Il a vu - l'Expulsion de 1492 en était le signe - que l'énergie désertait l'ère hébraïque pour pénétrer dans la zone ibérique, afin d'y écrire le Schin, et fier d'être son héraut, il a hurlé: DESOCUPADO ! Mot clé, il pavoise en tête du Prologue, in Quichotte I.
Impossible de comprendre la désoccupation évoquée, si l'on ignore le voyage, sur le temps, du triplet propulsé par le PEL, le Premier Echange Latéral parti de l'Invisible via le Cosmos et la Terre. Conscient de la réalité de cette dynamique, Cervantès s'identifie l' homme du Schin. Un initié prévoit toujours ce qui doit venir après lui. Et c'est en direction de Paris que le Prince des génies lance le convoi énergétique auquel il a ajouté sa propre récolte. Il l'indique en QuichotteII, chapitre XXVI - 26, valeur numérologique du Tétragramme. En ce lieu de l'histoire de l'Ingénieux Hidalgo, l'écrivain envisage l'immigration de la doctrine de vérité. Pour signifier son déplacement, il jette à cheval le seigneur Gaïferos, Mélisandre en croupe, leur faisant franchir en hâte les Pyrénées, avec mission d'aller prendre chaire et tribune en Sorbonne. Le récit qu'en fait le retable de Maese Pedro fournit à l'écrivain cinq occasions de nommer la France, plus une sixième interpellant Paris.
Ce qu'ont su Obadia et Cervantès, l'allemand le dit aussi.
Il n'est nullement indifférent que la Gaule soit appelée Frankreich en langue teutonne. Quel nom plus adéquat pour désigner le pays où le Reisch de Acher doit s'écrire en toute franchise d'expression ? Le mot en a été mis dans la bouche du voisin pour qu'il le crie par la fenêtre, afin que nul n'en ignore.
Le Reisch doit-il vraiment se faire vivre en Frankreich ?

3- Adieu l'Espagne, vive la France !

Depuis que Don Quichotte m'a donné son coup sur la tête, j'ai souvent envisagé ce que pourrait être l'événement. Du point de vue théorique, une simple transmission de pouvoir. L'énergie évolutive cesse d'innerver l'aire hispanique et pénètre en France, animant, activant la dernière lettre de Acher
Tout comme l'Alef avait éclairé la longue réflexion juive, puis le Schin, la période espagnole, de la même manière en parfaite continuité, le Reisch s'allumerait en France, projetant sur le pays et ses habitants les feux illuminants du codage de conclusion. Augurer l'arrivée en France du thème Reisch n'est pas difficile. En revanche, prévoir les faits qui en marqueraient l'événement est impossible. Nous sommes toujours en retard sur l'imaginaire de la vie. Il faut que les choses s'installent dans une cloque d'espace-temps, distillant de l'expérience, pour que l'attention puisse les observer. Le meilleur des guetteurs ne peut qu'en déceler le surgissement et dégager le message.
Quand José-Luis Chilavert a vu "le But en Or" rouler au-dessus de sa tête, il s'est couché de tout son long sur la pelouse, devant sa cage, et de sa main droite à trois reprises, il a frappé la terre, dans un geste de dépit douloureux : pourquoi, ai-je donc raté ce ballon? Comme si c'était la faute de la planète... Dans ma pensée en contrepoint, une petite voix a dit : il a raison. C'est à cause du globe en train de tourner, entraînant le grand changement. Le Schin de Acher rentre dans l'ombre. Le Reisch de Frankreich s'ouvre au soleil. Déjà Chilavert se redressait, guéri de son échec, attentif à consoler ses coéquipiers. Ce n'était pas un malheur si l'énergie évolutive désertait l'aire ibérique pour entrer en France. L'universalité s'annonçait, la conciliation des peuples et des doctrines.
  • Contre qui ont-ils gagné au premier tour, ces paraguayens?
  • Contre l'Espagne.
  • L'Espagne a été éliminée ?
  • A la surprise générale.
  • Au premier tour? D'un seul coup?
  • En deux temps. Battue par Nigeria et le Paraguay.
  • On ne s'y attendait pas?
  • Pensez-vous ! L'équipe partait gagnante !
A l'instant même, mon attention est devenue une sangsue. Je ne veux plus rien perdre de ce Mondial. Le spectacle en plusieurs actes qui se déroule sur une quarantaine de jours constitue un grand symbole. J'y vois une sorte de Grand Opéra. Il me faut en aspirer les moindres détails. L'élimination rapide de l'équipe espagnole fait soupçonner la nature de l'événement profond. La vie le met en images au fil des rencontres. En les observant, je saurai si, oui ou non, l'énergie ambulante vide le bassin Schin pour remplir le suivant.
Du coup, il devient significatif que l'équipe d'Israël n'ait pas été retenue pour participer au concours. Mesure pertinente, si la Coupe du Monde de football est chargée d'interpréter l'état acquis dans l'actualité par le codon Acher. Il y a des siècles que l'émergence hébraïque n'occupe plus le zénith. Sa magistrale exploitation de l'Alef est achevée. Intégrée dans une fabuleuse littérature. Déposée en bibliothèque. Au regard de cette réalité, c'est sagesse exquise, de la part du hasard, qu'avoir mis le camp d'Israël hors jeu. Eliminé pour cause de mission accomplie.
Dans cette perspective, il devient extrêmement intéressant que l'équipe espagnole, donnée pour favorite, soit évincée, au su et au vu des millions de spectateurs qui suivent la compétition dans le monde. Au "vu", pas de doute. Mais au "su" ? La surprise en tient lieu. L'émotion prélude toujours à la prise de conscience. Deuil national, dans la péninsule. Madrid ville morte. Les peuples vivent à la chaleur de la ligne perceuse. Ils ne désirent rien tant qu'en garder pour eux l'électricité, même s'ils ne savent pas d'où vient le courant.
L'aire hispanique serait-elle en train de subir la désoccupation ? Pour qui? Pour le Reisch de Acher?
L'Hispanité s'étend aux deux Amériques, représentée par les équipes du Chili, d'Argentine, Colombie, Mexique, Paraguay. Les cinq seront également évincées. La percussion du moment cosmique exigeait ce retrait. L'énergie perceuse en a fini avec la période Schin, carton jaune retiré de la circulation, et pénètre dans le blanc où le Reisch doit s'ériger. D'accord. La France est en cause. D'accord. D'accord ...
Objection, toutefois. Pourquoi faut-il apprendre ces grands secrets par l'intermédiaire d'une compétition de football? Parce qu'elle est Mondiale? Parce qu'elle se déroule sur le sol français ? Quelles affinités en ont décidé ? Il Y a forcément une raison. La vie ne se trompe jamais dans le choix des faits chargés d'interpréter ses désirs. Comment se fourvoierait-elle au moment de mettre en scène le troisième acte du grand projet qui l'anime?
Si l'énergie civilisatrice quitte le territoire espagnol, c'est que le Reisch s'inscrit dans le ciel de France. Diagnostic troublant, qui demande à être soutenu, fixé par d'autres éléments de signification, car s'il s'avérait exact, ce serait tout un programme ...
Mais il a été vécu sur le terrain, le signe symbolisant cette fastueuse opération ! Au niveau des demi-finales! Au cours de la difficile rencontre France-Croatie.
Un carton rouge a été levé contre Laurent Blanc, l'homme du "But en Or". Ce joueur, le seul, paraît-il, qui ne soit pas affilié à un Club étranger, pur soldat de France, en somme, est accusé d'avoir bousculé un adversaire et commis une faute grave. Il est expulsé. La mesure prise contre lui paraît sévère et même injuste. Le public proteste. Moi-même, qui ne suis pas rompue aux gesticulations codifiées du football, j'ai été frappée par la raideur rugueuse avec laquelle monsieur Garcia Aranda a levé son bras droit. Ce n'était pas le bras levé de la justice impartiale. Il y avait de l'humeur dans ce geste. Et il était espagnol, cet arbitre. Comment n'aurait-il pas ressenti la dés occupation de son aire nationale ? Il en était l'huissier... C'est lui qui présentait la sommation. Il a été l'exact interprète de la décision de justice à signifier. Un homme de théâtre l'a observé, au Club du Football: Le bras armé du destin.
Si monsieur Garcia Aranda avait donné un carton jaune à Laurent Blanc, la faute commise aurait été sanctionnée à sa juste mesure. Quelle conséquence au niveau de l'assignation évolutive manifestant sa force exécutoire? Le symbolisme de la situation aurait été différent. Le carton jaune n'aurait pas motivé l'expulsion du joueur. Il aurait fallu en déduire que l'énergie hésitait. L'ambiguïté aurait caractérisé l'esprit du moment. Mais le réel ne fait pas dans l'équivoque. Le carton rouge est sorti tout chaud, tout vif de son chapeau. Le jaune n'était pas convenable. Ne correspondait ni au nuancier conventionnel que j'ai cru bon de fixer, où le jaune réfère au Schin et à Cervantès, ni à la blancheur-cible évoquée par le nom de notre joueur national, marqueur du "But en Or".
Ce joueur s'est fait remarquer une autre fois, dans un second épisode "prolongations". C'est lui qui a frappé le tir au but ayant fait la différence avec l'Italie. Rencontre cocasse. Le meilleur attaquant italien, Di Baggio, que l'on dit incapable de rater un penalty, frappe un ballon qui, au lieu de rentrer dans les filets comme cela lui est demandé, heurte la barre transversale. Un de mes lecteurs, en toute naïveté de commentaire, m'écrit, à ce sujet : Dans un moment comme celui-là, c'est uniquement ce qui est dans la tête qui fait la différence. Il est le dernier à tirer, la pression est trop lourde. Cette fois, la légitimité; c'est lui qui ne l'a pas. Il ne peut pas, il n'a pas le droit, quelque chose le lui interdit.
Eh oui, la légitimité, c'est le programme évolutif qui la confère. C'est le module civilisateur qui l'ôte ou la donne. Et sa volonté s'inscrit dans nos têtes.
Quand il a quitté le terrain, après avoir reçu son carton rouge, Laurent Blanc s'est signé avec dévotion. Demandait-il pardon pour la faute qui le pénalisait ou remerciait-il le Ciel de l'avoir choisi, symbole de l'esprit du moment? Le soir même, à la tribune du Club du Football, Bernard Pivot, notre hebdomadaire bouilleur de culture littéraire, en parle à belle ironie. La mine émerveillée par l'idée qui le hante, il reproche au joueur marseillais de ne s'être signé que deux fois: une fois pour le Père, une fois pour le Fils, et rien pour le Saint Esprit qui est pourtant l'intelligence. Qu'est ce dire, juste ciel? Qui, le Père? Qui, le Fils, et qui ou quoi le Saint Esprit? Supposons que le Père soit le Rosch Primordial, le Fils l'influx ambulant qui coud la Terre à l'Invisible aux gros points cycliques de son faufil. Le Saint Esprit, c'est le codon Acher. Donneur d'intelligence, à coup sûr. Étais-je surprise d'entendre Bernard Pivot tenir ce discours ecclésiastique ! Regretter que le Saint Esprit n'ait pas reçu son signe de croix! Mais quel besoin de l'honorer ? Il était en action sur le terrain ...

4- Les affinités sélectives


Mais que se passe-t-il donc, d'essentiel, derrière cette Aventure de Ballon Rond ? La Coupe du Monde serait-elle en connivence étroite avec le codon-Acher ?
Je presse mon neveu de questions techniques. Et d'abord les règles du jeu. On dirait que le fondateur du football les a empruntées à La Face cachée du Cerveau.
Gauche et droite y sont représentées : deux équipes en compétition, deux cages à buts. Sur le terrain, dix joueurs figurent les dix potentialités qui s'inscrivent dans les six couches d'une structure. Le gardien de but n'est pas le onzième. Il est un tout à lui seul, une unité où s'incarne le vouloir vivre et triompher de l'équipe, l'autodéfense particularisée d'une moitié structurale. Dans le langage de la connaissance pratique, cela s'appelle le Gardien, la puissance qui remplit cette fonction. Certains disent l'ange gardien ...
Le ballon est un élément impressionnant, dans l'exercice de la partie. On dit que les joueurs vont plus vite lorsqu'ils le poussent du pied. Courir ne les fatigue plus. Symboliquement active dans le ballon rond, l'énergie ambulante leur communique sa puissance. Et comme dans une structure corticale, elle circule d'un côté à l'autre du terrain, d'un joueur à l'autre, symétrie sensible à certains moments.
Dans les paramètres fondateurs du jeu, le destin est bien là, acteur au travers des arbitres. Si compétents qu'ils soient, ces hommes ne peuvent pas tout contrôler mais leurs décisions sont irrévocables. Agents arbitraires du sort...
Et ces chiffres !
Trente-deux équipes comme les trente-deux points d'émergence de la sagesse sacrée ; 64 matches, un chiffre qui se retrouve dans les hexagrammes du Yi-King et, en biologie moléculaire, dans les 64 triplets résultant des combinaisons offertes par les quatre types de nucléotides intervenant trois par trois dans le codage des protéines. Sans omettre le choix de l'entraîneur. Aimé Jacquet a consigné vingt-deux joueurs dans sa sélection. Vingt-deux comme les 22 lettres de l'alphabet hébraïque, la vingt-troisième valeur étant l'ensemble. Ce n'est tout de même pas le souci de composer un prototype sportif du Modèle Absolu qui a inspiré le sélectionneur-entraîneur de l'équipe de France. Je ne pense pas qu'un calcul numérologique lié au système divin lui ait dicté la décision, pour lui pragmatique, de faire deux fois onze. Mais ce chiffre est aussi celui d'un demi tour de spirale, dans la chaîne chromosomique.
Qui plus est, cet homme a été violemment contesté dans la Presse, alors qu'il porte un prénom le désignant comme objet d'amour. Il est en cela tout semblable à l'hébreu et au judaïsme. Véritable tour de contrôle, dira de lui un journaliste de la revue bilingue Hémisphère. L'analogie est d'autant plus singulière à noter que cet ancien ouvrier n'a rien de juif. Simplement, son identité exhibe la consigne à laquelle l'humanité contrevient depuis toujours à l'égard du peuple de la Bible. Connivences subtiles ... à mes yeux, elles font étinceler le Mondial. Une signification remarquable ressort du fait qu'il soit consacré au football, puisque la loi organique de ce sport semble calquée sur le plan du système divin et c'est Acher qui en assure l'insertion dans la conscience humaine.
La règle du coup franc m'a séduite : poser le ballon à l'endroit où la faute a été commise. Principe talmudique. Toujours repartir de l'endroit où l'erreur a été induite.
Et ce mot: goal. Est-ce possible?
Go-al. Go, en chaldéen, c'est dedans, au milieu et al écrit en hébreu alef- lamed , désigne le système de vérité, le système divin qui s'enseigne tout seul. La doctrine que le codon Acher s'occupe de transmettre à l'Humanité. Que fait-il dans un match de football ? Mais pourquoi n'y serait-il pas acteur, tout autant qu'ailleurs?
Un match se développe en deux parties, tout comme le système de vérité comprend deux instances que j'appelle Bip et BOP. Analogie de structuration. Confirme qu'un reflet du système de vérité puisse briller dans une partie de football. Un journaliste de télévision, de ceux qui ont la langue fleurie pour chanter les prouesses sportives, n'a pas hésité à parler de "grand-messe", dite à Saint-Denis, sur le Stade de France, promu au rang d'autel royal... Le football aurait-il été inventé par quelqu'un qui désirait figurer, en mode ludique, la table de valeurs du système divin? Le football lui serait-il une métaphore idéale? La connivence repérée tiendrait-elle à ce rapport de sens? Est-ce en raison de sa force expressive que la Vie a utilisé la Coupe du Monde pour rendre visible sa propre kermesse spirituelle?

5- Le thème Tête

Supposons que, véritablement, le Reisch allume son troisième phare culturel, dans le codon-pilote. Reisch réfère à Rosch, la tête. Il faut donc que l'énergie civilisatrice fasse une tête contre le Reisch pour que le thème prenne feu. Cela devrait se voir, une initiative pareille. Si telle est la teneur du message confié à l'expressivité du Mondial 98, plusieurs éléments concrets devraient la caractériser.
Reisch, dernière lettre à écrire pour que le codon civilisateur soit vivant, lisible, écrit en pleines lettres dans la conscience collective. Quand on a demandé au capitaine de l'équipe grâce à quelle qualité les Bleus avaient gagné, Deschamps s'est touché le front d'un index supérieurement pertinent : La tête!
Et qui d'autre, qui, si ce n'était Fabien Barthez, pouvait mieux symboliser le thème sélectionné ? Il avait la tête requise. Avant chaque match, Laurent Blanc n'embrassait-il pas sa tête rasée? Que faisait-il, pieusement? Une bise au gardien de but, une prière au succès ? Une caresse prémonitoire au ballon du Reisch à écrire en France ? Reisch, c'est Rosch. Et Rosch, c'est la tête. Le cortex. Le cerveau. Le modèle absolu. La structure qui correspond au système de vérité, le fond de référence. La tête à mettre dans la tête des hommes pour que la conscience soit ajustée à son mode d'emploi. La tête à embrasser. La connaissance à monter en épingle. Peu importe que Laurent Blanc n'en sache rien, en termes d'intellect. C'était en lui, à l'état diffus, comme l'est en chacun de nous la Présence.
Et puis, quand il a eu son carton rouge, il a été remplacé. Est entré sur le terrain, guilleret, un jeune homme à la tête ronde et dorée. Frank Lebœuf. Transloque : le bel œuf. Cette exclamation me semble celle de l'énergie en action, dans la circonstance. Eh oui, Frank Lebœuf, son nom est le judicieux anagramme de la vérité qu'il expose à ciel ouvert: sa tête. Lumineuse, comme l'exige le fait de succéder au héros de l'Or en blanc. Éclat naïf du transcendant. Symbole agréé par d'innombrables traditions, l'œuf désigne le Modèle Absolu, Rosch. Ce qui vient de s'insérer dans l'équipe de France, c'est l'image vivante de la structure que désigne le Reisch. Un franc et bel œuf symbolique de ce qui jubile dans l'air du temps.
Après la victoire des Bleus, le 12 juillet, Fabien Barthez est rentré chez lui, à Lavelanet, dans l'Ariège. Une caméra l'attendait. A l'image, il était gêné. Sa main droite touchait sans cesse son oreille droite où un accessoiriste du plateau lui avait enfoncé l'oreillette d'écoute. Pouvait pas s'y faire. Système nerveux en état de grâce. Il conservait, visible dans sa luminosité corporelle, la perfection yogique d'un organisme ayant bénéficié de la méditation dynamique que constitue le fait d'avoir eu l' œil fixé sur les déplacements du ballon, pendant des jours et des jours. Il ne supportait pas d'écouter par la droite. Il n'entendait rien, par l'oreillette radiophonique. Le système auditif fonctionne comme le cerveau. L'oreille "qui Sait" entend, mais n'écoute pas. Elle entend pour le compte de l'autre, qui a le génie du Faire. Notre science n'a pas encore découvert cette norme. . Barthez, en revanche, en vivait spectaculairement la règle. En sa profonde et immédiate intelligence du corps, il montrait à l'image la gêne que lui causait l'appareil acoustique mal placé dans son oreille directrice. La vérité du Reisch et de sa thèse était en lui, actrice au travers de la norme auditive!
A la télé. En direct. A Lavelanet. Lave la net ! Quoi donc ? Mais la tête.
Cet homme a le "rire au corps" comme on dit avoir le diable au corps, ce rire tellement propre à l'homme dont la faculté relève de l'aire du langage. Dans le gardien de but de l'équipe de France, l'attache au rire, c'est norme physiologique de combat. Son système nerveux - le poulpe - est suspendu à ce pôle, le plus haut avant celui, un centimètre au-dessus, qui intègre le pur pouvoir de parler. Comment en serait-il autrement? Son nom rit le premier. Bar, en hébreu, c'est le fils, la construction généalogique parfaite, dans le domaine de l'esprit, de la connaissance initiatique. C'est le mot clé pour dire que la structure du système de vérité, la tête, a été identifiée dans le Reisch. La syllabe Thez dit de quoi il s'agit : de la thèse en cause dans le Bar. La thèse de la tète ... C'est la part de thèse dont le Reisch est chargé dans la formule originelle du codage cosmique.
En Ariège, qui dit mieux ? Un nom qui déclare: ai-je ari, oui ou non? Ari, c'est le système de vérité (a= Alef) lorsqu'il est en fonction dans sa structure (r= Reisch) parce que l'énergie l'y a poussé (i = Yod, l'énergie de la ligne perceuse). Ari, c'est le surnom qui se donne, en hébreu, aux maîtres de la Loi. Parce qu'ils sont des lions, à l'intérieur du système de la Connaissance. Ari = lion.
Ce vin de messe nominaliste me monte à la tête. Il est bon de s'en laisser étourdir, de temps à autre, ne serait-ce que pour sentir l'alcool du Verbe dans le titrage des paroles-vins de table.
Calmons- nous et puisqu'il est question de lion, venons en à Zinedine Zidane. Dans la dernière rencontre, celle contre le Brésil, c'est lui qui a marqué les deux premiers buts. Par un jeu de tète, alors que ce n'est pas son fort. Ces deux exploits inusités se sont localisés dans la première mi-temps. Si l'on raccorde cet espace-temps au Bip du système de vérité, l'on voit immédiatement ce qui a joué, en même temps que Zidane et en lui, pour que la tête soit l'héroïne visible de la victoire. En Bip, s'inscrivent toujours les deux premiers niveaux d'organisation. Niv1 est le site de réception, là où l'information, le décret, le guézer, s'inscrit d'autorité, sans discussion. Niv 2 est la bande d'activité qui en développe le thème et l'érige en symbole. L'habileté habituelle de Zinedine Zidane s'est accrue sous la pression de ce déterminatif systémique. Les deux "têtes" qui ont jeté
le ballon dans les filets en illustrent l'autorité. D'une rare éloquence, ces deux inscriptions. La première affirmait que le thème en jeu était bien la Tête. Le second validait sa force de décret, l'entrée en efficience du Reisch de Acher.
Il ferait beau voir que l'énergie du PEL, désoccupant l'Espagne, pénètre en France sans saluer! Les médias en ont fait un "scoop", sans s'en rendre compte. Il y a quelques jours à peine, une émission télévisée a jeté son flash d'importance sur la dernière crampe d'unité ayant travaillé les partis politiques de droite. Ils ont appelé L'Alliance leur ultime tentative de renforcement réciproque. Le professeur de droit Martinez était à la barre, représentant le Front National. Les journalistes évitaient de le laisser parler. Il en était réduit à rire. L'ironie donnait à son visage une expression narquoise de soccaroneria espagnole. L'encens biblique du mot L'Alliance dut soudain lui monter au nez, car en réplique directe à l'emploi qu'en fit je ne sais plus quel notable de la politicaillerie, il s'exclama, railleur:
Eh oui, la France promise. La France qui doit faire alliance avec le Reisch de Acher. Le réel crache toujours le morceau, après l'avoir mâchonné. Par ce moyen, les idées du Verbe nous arrivent. Emiettées en bons mots particularisés, afin que chacun en distille sa part. Reste à les entendre et comprendre en quoi consiste le fait humain d'être porte-voix.

6- Don Quichotte qui shoote

Promise à la France, la victoire entraîne la défaite du Brésil. En termes de football international, le rapport de forces est émouvant: l'équipe du Brésil détient la Coupe du Monde. Vaincre, serait pour elle la conserver. Et pour la France, la lui prendre. Au plan où l'affaire décrirait symboliquement le passage de Schin en Reisch, il y aurait comme une erreur d'aiguillage. L'aire hispanique semble n'être pas en jeu. Et si elle n'est pas la puissance qui rentre dans l'ombre, c'est que le Schin de Acher n'est pas en cause, dans l'événement cosmique dont la Coupe du Monde, du coup, ne serait plus l'interprète. La visualisation du phénomène ne serait pas orthodoxe, au regard de la formule codante. Premier élément de distorsion, il serait suffisant à faire échouer l'exégèse entreprise. La légalisation du Reisch ne serait pas acquise. La logique du sens ne peut tolérer une rupture de cohérence.
Jusqu'ici, tous les points de signification dégagés ont participé à la mise en évidence d'un seul et unique thème, la passation de pouvoir du Schin au Reisch. Cet effet évolutif se conclut normalement à la frontière de l'aire hispanique et de la zone française. Si la frontière change de lieu, la translation perd sa validité. La dissonance topologique rend absurde la transcription symbolique. Aussi, faut-il regarder de près dans la relation de voisinage. Le Brésil n'est pas la Norvège ... Portugal et Espagne sont serrés l'un contre l'autre, dans le giron de la péninsule. A l'époque où Cervantès publie le second tome de l'histoire de L'Ingénieux Hidalgo, Don Quichotte de la Manche - 1615 - les deux pays n'en formaient qu'un. L'Alliance qui les unissait se brise en 1640. Aujourd'hui, les deux nations ont en commun leur voisinage objectif dans le même tablier du relief géographique. Mais la géographie n'est pas l'exact support de la communication. Le médiateur, c'est la résonance linguistique.
Le Brésil parle portugais. Si chaque province d'Espagne réclamait son droit à l'idiome local, le galicien arriverait vite auprès du portugais comme élément de jonction. La péninsule est en soi une entité verbale que les vibrations locales divisent en langues régionales. Le Portugal n'en est pas moins une bordure atlantique, regardant de loin Rio de Janeiro. Par l'intermédiaire du portugais, le Brésil reste attaché à l'aire péninsulaire et participe de son étendue vibratoire. En tant que surface langagière, l'aire ibérique peut englober le Brésil. La zone carton-jaune, dirais-je, pour continuer à exploiter ce marquage, était là où se trouvaient les équipes espagnole, mexicaine, chilienne, argentine, colombienne, paraguayenne et, à la limite ultime de l' Hispanité, la brésilienne. Sept intervenants. Bon chiffre pour dire complet!
Gardons la référence carton jaune, propre à l' Hispanité. Au sens concret du dépôt, Miguel de Cervantès en était le conservateur. D'ailleurs, Don Quichotte a été accepté dans tous les pays d'Amérique latine. On priait naguère pour le salut de son âme, en Colombie. L'amie chilienne qui m'a parlé pour la première fois de l'Hidalgo l'a fait en termes contondants, me reprochant de privilégier la corrida comme facteur de civilisation. Le Chili n'a retenu de l'Espagne que Don Quichotte. Important de constater la forte présence de Don Quichotte dans l'Hispanité culturelle, car si Cervantès est réellement l'homme du Schin, c'est l'Ingénieux Hidalgo qui véhicule le contenu du message lancé vers la France.
Comme je cherchais un moyen plaisant de le dire, le téléphone a sonné. Une amie journaliste, Marie-Pierre Planchon planchons ensemble pour dégager la pierre qui marie le Reisch à sa mise en image - tient à me donner un conseil: jouer au Loto de la Coupe du Monde. J'ignorais qu'il y eût lieu de miser sur le score final. Elle insiste pour que je remplisse une grille. Aux aurores, alors qu'elle était à l'antenne, elle a eu la surprise d'entendre sa collaboratrice annoncer sa chronique sur les romans policiers d'un titre qui valait un clin d'œil: Don Quichotte qui shoote. Eh, oui, cela peut se dire de cette façon-là. C'est bien Don Quichotte qui a shooté le ballon de vérité en direction de la France. Goal parfait. L'Hidalgo était le seul buteur pouvant frapper de la pointe la dernière lettre d'Acher. Un véritable cachet de conformité, cette allitération prise comme titre d'une présentation de romans policiers. Quel suspense plus intrigant concevoir que celui développé par le réel en son incessante croissance ?
Je suis donc allée au village "faire mon loto". Une certitude : le Brésil ne marquerait pas. Rien. Zéro pour son équipe. Quant au score à prévoir, pour l'équipe française, je n'y ai pas vraiment réfléchi. J'ai parié sur un autre "But en Or". C'était idiot. La vie ne répète pas. Si j'avais eu tant soit peu de sang froid, j'aurais coché deux points pour la première mi-temps et le troisième pour la suivante, par stricte obéissance à la règle des trois niveaux d'organisation. C'est toujours elle qui concrétise une situation. J'étais fort capable de tabler sur ce score. Une inhibition s'est marquée dans mon esprit. J'en ai ressenti le pincement au moment où la télévision nous a appris que Ronaldo, le buteur-fétiche du Brésil, avait été la proie d'une crise de convulsions quelques heures avant de défendre ses couleurs, jaune et vert. La tétanie lui a arraché un cri - j'ai cru que j'allais mourir, a-t-il déclaré. Certaines personnes voudraient qu'il y ait eu de la feinte, dans ce malaise. J'estime plus juste de l'attribuer au retrait de l'énergie.
Un organisme de champion - quand il n'a subi aucun dopage susceptible de déformer ses perceptions - est doué pour enregistrer ce genre d'événement. Ronaldo est comme Zidane. L'un et l'autre sont des systèmes nerveux irradiant une bulle d'autonomie de grand diamètre. Zinedine a reçu son carton rouge pour avoir piétiné un joueur auquel il reprochait de le serrer de trop près. Sa bulle de sensibilité n'a pas aimé le contact avec celle, coupante, de l'adversaire. Certes, comme dans les arts martiaux, c'est comportement normatif que déséquilibrer l'opposite en lacérant sa sphère d'auto-isolement. Je n'approuve pas la réaction rageuse de notre numéro 10, fâché d'être marqué de trop près, par un joueur qui en avait le droit. Mais moi aussi, je m'impatiente, quand quelqu'un effleure la coquille de mon œuf.
Ronaldo est comme une icône au cœur de son rayonnement subtil. Il a vécu, sans en percer le sens, une souffrance d'ordre poétique, celle d'un système nerveux supportant mal qu'on lui retire sa part cosmique de puissance. Mourir, non. Mais fini l'épisode messianique. L'aire hispanique en a été désoccupée. Petite mort, comparable à l'assouvissement sexuel chez les hommes que les andalous appellent la mort blanche. Evacuation d'une force qui s'en va féconder l'avenir. Rien de tragique, dans la perspective du Brésil et de son sport national. Ce n'est qu'affaire de signal. Un signal qui ne peut pas être vécu comme un malheur, le serait-il, provisoirement, pour aider le sens profond à prendre sa place à côté du score. L'avenir rendra le pouvoir d'être à toutes les patries.
Je me suis donc retrouvée perdante, le soir du 12 juillet.
Faut-il que j'aie eu l'esprit brouillé pour ne pas faire deux croix dans l'espace de la première mi-temps et une troisième dans celui de la seconde! Si j'avais été aussi perspicace que je crois l'être, disposant de la table des valeurs périodiques de l'Absolu, j'aurais poussé la prévision jusqu'à deviner que Niv 1 et Niv 2 seraient servis par des coups de tête! Il suffisait de se raccorder au Reisch acteur derrière la Coupe du Monde, pour l'augurer.
Un être humain raisonne convenablement lorsque la pensée active dans sa conscience rejoint les décisions de la pensée cosmique, sitôt que la réalité les a mises en symboles. Savoir ces choses comme un enfant sa table de multiplication et rater son pari ! J'étais si fâchée contre moi-même que, pour mieux me critiquer, j'entrepris de réviser les signaux qui, dans ma vie privée, depuis le commencement, m'avaient aidée à percer le sens du Mondial. Il s'en était accumulé des semences d'idées! Jusqu'à ce que la mémoire à court terme me restitue la séance d'achat du billet de loto, dans la salle du café de mon village. Au moment de remplir ma grille, je n'avais pas de stylo. La serveuse, à la caisse, s'apprête à me prêter le sien. Le patron me fait observer qu'il y en a un de disponible sur la tablette réservée au remplissage des bulletins. J'étais mal placée devant la caisse, empêchant un client d'acheter ses cigarettes.
Mal postée devant la caisse!
Il ne m'était pas demandé de miser sur le score pour gagner de l'argent. Ma place était à la tablette, à l'endroit où les enjeux s'écrivent. Un travail de plume était donc à envisager.
Il y a des années que, de temps à autre, je joue au loto, dans l'espoir d'emporter la cagnotte, bien sûr. Faute de mieux, je me contente de rechercher ce qui parle dans mon enjeu. J'en compare les chiffres avec ceux sortis de la boîte à boules. Il y en a toujours deux. Lus en numérologie hébraïque, ils deviennent des lettres écrivant un mot qui fournit un renseignement. Dans mon code de vie, cela fonctionne.
J'ai donc comparé le score de ma prévision à celui marqué par les Bleus. Il n'y avait de commun que le zéro asséné au Brésil. J'avais joué les prolongations, escompté le "But en Or". Eh quoi, pas de réponse? Aucune indic a tion entre le score à trois points et mon pari? Aucun des buts marqués ne s'est rangé dans la zone des prolongations. Et moi, c'est là que ma prévision a situé la victoire. Erreur fatale. Mais les erreurs ne sont jamais funestes dans le système de pensée initiatique. Ce sont les effets inversés de l'information en train de s'activer. Sa livraison au vécu s'amorce à l'envers. Conséquence irréductible de notre insertion dans la partie "qui Fait" du Rosch de la Création. Tout s'inverse au miroir du Cosmos. Le savoir s'avère infiniment pratique: retourne au positif la faute présentée en négatif, et tu obtiens le secret de la situation. Procédure classique du réel, au moment même où l'on exécute cette manœuvre, un signe extérieur percute le redressement qui en résulte. Une lettre tombe sur ma table en contrepoint exact de l'idée qui perce. Mal placée devant la caisse, mais bien située à l'endroit d'écrire. Et voilà qu'un de mes fidèles lecteurs m'invite à le faire. Par écrit. Il s'appelle Rémy Pécot. La succulence d'un conseil s'écoule de ces prénom et nom. Rémy se retourne en mirez, regardez; et Pécot se détache en Pé, Co et Ot, trois mots lisibles en hébreu : la bouche (Pé) ici ( Co) est le signe (Ot). J'étais donc formellement invitée à fournir le commentaire du Mondial, sous l'angle un peu spécial où l'énergie du PEL me brûle la bouche, transmise par Don Quichotte.
Rémy Pécot raconte que, traversant Paris en vélo, entre onze heures et minuit, après la demi-finale contre la Croatie, il avait été pris, rue de Rivoli, dans un concert de coups de klaxon, un flot de joie populaire inimaginable. Il perçoit l'annonce d'un basculement. Il sent que quelque chose dépasse les joueurs. On dit souvent que " tout est dans la tête", mais d'où vient ce qui est dans la tête; qu'est-ce qui conditionne ce qui est dans l'air? Il me demande de le lui dire avec mes mots. Je m'exécute. Une lettre, d'abord, qui devient un article, jusqu'à ce que je prenne conscience de ce qui fait " But en Or", dans ce travail commandé.
Quand Zinedine Zidane eut marqué ses deux buts de la tête, il se mit à courir devant la caméra, embrassant les insignes de la France sur son maillot bleu. Au dessous, le blanc du tricot était marqué Adidas. La victoire est en nous. Lu de droite à gauche: ça dit D. A. Ma vie demanderait-elle à ce que je joue ici les prolongations ? Le portrait du Reisch attend depuis dix ans d'être identifié dans La Face cachée du Cerveau. Il ne suffit pas d'avoir écrit cet essai. Maintenant, il faut donner le coup de pied du shoot qui marque. Inscrire le "But en Or" dans mon palmarès d'exégète du Quichotte. Façon de descendre sur le terrain afin d'ajouter ce qui manque : le sens.
Car il manquerait, et gravement, le sens, si personne ne l'épinglait. Il a flotté très bas au-dessus des stades, si bas que son ozone a été respiré par les foules. Si bas, qu'il a été pratiquement expectoré sitôt qu'inspiré. Tant de souffles l'ont rabattu en paroles, comme en bulles de bandes dessinées. Si l'on pouvait recueillir tous les mots ainsi jaillis des poitrines faisant mur autour de l'événement, on détiendrait, pêle-mêle, le matériel verbal ayant disséminé le sens aux quatre coins de l'air du temps. Vox populi, vox Dei. Ces coups de klaxon partout dans le pays évoquent un mariage au niveau national, observe Rémy Pécot. La métaphore s'applique judicieusement à la nature du phénomène cosmique accolé à celui de l'évidence. Union de la France à son thème astral. Epousailles de la nation avec sa part de message civilisateur, mission de tous temps pressentie. Qui doit être identifiée afin d'être accomplie. Si ce n'est la captation d'une telle invite, qu'est-ce qui aurait mis l'âme du peuple en fête, au point que l'allégresse éprouvée ait été comparée à celle vécue à la Libération ? C'est la deuxième libération de la France, a jeté, à la gueule de la caméra, un homme à peau bronzée, bras grands ouverts. Cela peut se dire dans ces termes, mais ce ne sont pas ceux que le sens souhaite entendre. Le sens
veut que ses choses lui soient dites en langage de sens.
Le soir du samedi 18 juillet, un journaliste, sur je ne sais plus quelle chaîne, a demandé à Aimé Jacquet si l'événement dépassait l'exploit sportif. Oui, a répondu le vainqueur, cela dépasse l'exploit sportif. En quoi consiste ce dépassement ? De quoi est-il fait ? La coupe de l'émotion serait-elle aussi la coupe d'un mystère échappant à tout contrôle? Si tel était le cas, que ferions-nous, dans l'avenir, pour donner suite à cette victoire qui a soulevé l'ardeur populaire et scellé un merveilleux pacte d'entente et d'unification entre les esprits?
Énigmatique, l'importance accordée à l'événement ? Si elle devait le rester alors, oui, l'événement ne serait que de football. Mais un souffle puissant l'a traité en symbole. A l'intelligence et la réflexion de dégager le message. Nous en avons tous respiré l'encens, l'odeur surprenante du Sacré. J'y songeais, le 14 juillet, tandis que passaient en direct à l'écran les images de la réception présidentielle dans les jardins de l'Élysée. Joueurs, entraîneur et Chef d'État, se passaient de mains en mains le globe d'or. Aujourd'hui, on touchera plus facilement Dieu que la Coupe du Monde! s'est écrié avec humour, à l'adresse de la caméra, un spectateur qui n'était pas invité à monter sur le parvis. Il avait raison, cet homme. Et si le grand vainqueur, c'était Dieu?

Dominique Aubier
 
Lettres