Lettres

Columbia, dites-vous

                                                                                 


Plusieurs lecteurs, habitués à mes modalités de penser, s'inquiètent de savoir comment j'interprète le drame survenu le premier février 2003, à Cap Canaveral. Danièle Bismuth, qui est astrologue, m'interroge dans la perspective d'une lecture qui pourrait compléter la sienne. J'imagine que l'explosion de la navette sans être exactement prévisible - la Nasa n'en aurait-elle pas été prévenue ? - occupait un point d'ombre dans les conjonctions planétaires fixant le destin astrologique du vaisseau spatial Columbia.

Ma technique de décryptage ne repose pas sur les étoiles mais sur des concepts précis d'évolution. J'utilise un modèle structurel et systémique, toujours le même, dont les critères principaux ont été décrits dans les deux tomes de La Face cachée du Cerveau. La mise en pratique de ces constantes fait ressortir des phases fonctionnelles inédites dont certaines, parce qu'elles se reproduisent souvent, finissent par être cataloguées. L'une d'elles me touche particulièrement par la commodité qu'elle offre de faire sans cesse le point sur la situation que l'on est à vivre. Je l'appelle plan de cohérence. Ce n'est rien d'autre que le plan en coupe qui se dessine de lui-même en travers du temps à chaque moment, là où le présent est actif, dans la brièveté de son passage. Là les faits s'arrangent à leur guise. Ils s'ordonnent comme vaisselle et nourritures sur un plateau, que ce soit pour le petit déjeuner, le thé de cinq heures ou le repas sur le pouce à midi. La présentation varie selon les utilités du moment. Chaque instant inscrit sa présence et sa signification sur cette surface virtuelle. Il faut l'observer hâtivement quand elle exhibe les événements mondiaux car chaque jour a sa charge de nouveauté et le sens fuit au rythme de l'avancement incessant du temps. De temps à autre, une circonstance, par sa tonalité tragique, impose la réflexion. C'est le cas pour le retour de la navette qui a explosé à la frontière de l'espace et de l'air. Le drame s'est produit le premier février de l'an 2003, aux alentours de trois heures et demie, heure locale en France.

Columbia est un nom qui m'a fait penser à Columbo, le fameux lieutenant de la police criminelle. Bien des spectateurs auront pu le remarquer, dans chacun de ses films, il y a toujours un moment, au début en général, où le scénario place le meurtrier à côté de l'enquêteur. Columbo doit découvrir l'assassin et l'assassin, comme un fait exprès, le croise dans l'escalier ou même lui parle, sans que l'on sache si le malin investigateur en gabardine défraîchie tient compte ou non de la singularité de la rencontre. Je pense quant à moi qu'il en prend note et que le souvenir qu'il en garde va agir dans son esprit. Si j'étais cet inspecteur, je serais attentive à cette donnée du hasard. J'y verrais un coup de dés implacablement joué par la structure et le système cyclique en couche I. D'ailleurs, l'enquête que réalise Columbo et qui devient l'intrigue même du film comporte toujours plusieurs moments de rencontre entre les deux protagonistes et l'on assiste à la gradation de plus en plus caractérisée de l'antipathie et de l'opposition entre eux, jusqu'à ce qu'une manœuvre ou machination de type deus ex machina fasse la preuve de la perspicacité infaillible du personnage iconique jouée par Peter Falk. Le découpage du film repose en quelque sorte sur une gradation bien calculée de plans de cohérence.

Le phénomène est observable en embryologie. Sur une coupe transversale du fœtus, quelque soit le stade de sa maturation, toutes les cellules ont le même âge. Toutes définissent le même état, parmi les innombrables situations qui se peuvent caractériser. La synchronicité se marque entre les éléments et les divers niveaux d'organisation apparus sur cette projection à l'horizontale, à quelque hauteur qu'elle s'effectue sur le projet en cours. Le cycle de neuf mois qui correspond à la grossesse apparaît alors comme une unité comportant des échelons typiques.

Le Modèle dont je me sers en compte six du point de vue structurel et dix du point de vue fonctionnel. Ce modèle étant d'essence corticale, il implique toujours la division en deux hémisphères droite et gauche, dont l'un Sait tandis que l'autre Fait, l'inversion qui joue entre les deux donne le signe positif au premier et le négatif au second. Le " qui Fait " présente alors un phénomène qui est le contraire de l'information captée par le " qui Sait ". Cette contradiction a ses degrés d'intensité mais si forte qu'elle soit, elle ne cesse pas de relier des éléments de même nature. La sagacité consiste à remarquer ces rapports de sens, à les individualiser, à sonder les noms propres qui les balisent, à rechercher la cohérence agissant entre ces divers éléments et à doser le tout en fonction du paramètre cyclique qui en a été l'appariteur.

Qu'en est-il de l'accident Columbia survenu le premier février 2003, à quinze heures, heure française ? Une règle s'impose, se placer d'office en partenaire légal de l'événement remarquable. C'est une réaction que nous avons toujours d'instinct. Quelqu'un dira par exemple :

  • J'étais à la salle de bains en train de me laver les mains quand j'ai entendu la radio, dans le salon, annoncer l'explosion de la navette Columbia au dessus d'un village appelé Jérusalem dans le Texas. J'ai été choquée par ce fait, d'autant plus qu'il y avait un astronaute israélien dans la carlingue.

L'émotion lui aura fait entrevoir la présence d'un attribut juif, spécifiquement actif dans le drame, d'autant que c'était la première fois qu'un israélien participait à une expédition de ce type. Supposons que la même personne ait entendu le chroniqueur rapporter l'incident surgi au moment de l'embarquement.
Assistant à la cérémonie du départ, le fils de l'astronaute israélien, cinq ans, aurait dit: -J'ai perdu mon père.

Prémonition ? Son père reviendra dans un cercueil, son corps ayant été retrouvé dans les décombres.

Si la personne qui se lavait les mains est juive, elle aura ressenti douloureusement le fait exceptionnel qu'était la participation de monsieur Ramon au dernier voyage de Columbia. J'ai des amis israéliens qui s'appellent Ramon et je me suis inquiétée de savoir s'ils étaient apparentés au disparu. Cette coïncidence a attiré mon attention sur le patronyme Ramon, d'origine probablement séphardite. Curieusement ce nom se transloque en Norma, ce qui indiquerait l'existence d'une dimension normative dans le drame. Je retiens la suggestion.

Ramon c'est aussi l'anagramme de roman. Et là, j'en ai un coup au cœur. Je suis l'auteur d'un roman paru le premier février 2003, intitulé Le Pouvoir de la Rose. Un roman très spécial, qui relate une communication d'essence initiatique concernant une norme fonctionnelle méconnue dans la gestion cosmique des choses. La date du Ier février a été calculée de longtemps, par des moyens kabbalistiques précis. Elle joue un rôle dans l'histoire racontée. Elle en est la clé fonctionnelle. Elle y agit. Et voici qu'elle fait lien entre l'accident Columbia et mon livre, ce roman véridique, dont l'envoi précise, à la première page, que cet épithète vient de l'hébreu véred. Comment ne pas le citer ? Tout est dit de ce qu'il faut savoir pour saisir le lien de correspondance : Roman véridique de véred qui, en hébreu, désigne la rose, mot-concept marqueur d'un phénomène historique devant se produire quand le système de vérité, après un long parcours dans la réflexion humaine, passera de l'état de message à celui de Connaissance avérée.

Serait-ce que l'explosion de la navette se situe à l'opposé de cette prévision, dans la dualité droite-gauche du cycle civilisateur qui se termine si mal en ce moment ? Je ne puis refuser ni contester les ligatures de sens qui tendent leurs fibres d'un événement à l'autre, dans le plan de cohérence qu'a été la journée du Ier février. D'autant que plusieurs personnes m'ont demandé de dire ce que j'y voyais. Et voilà que je m'y vois, en personne, actrice involontaire dans un cercle phénoménal où les opposites sont clairement identifiables : connaissance sacrée d'un côté, hyper technologie de l'autre. Métaphysique respectueuse de la Création d'un côté. Ignorance arrogante de la réalité cosmique de l'autre. Rappel de l'ordre qui régit la vie sur la planète dans un livre qui s'efforce d'en saisir la poésie d'un côté. Offense scientifique de l'autre où des êtres humains, pourtant conscients de leur conditions physiologiques, misent sur une colonisation de l'espace comme si c'était découvrir la nouvelle Amérique à hauteur d'un cycle dont ils oublient de voir qu'il en est à finir et non encore à rêver d'avenir.

Dialectique stupéfiante.

A trois heures de l'après-midi, au moment où explosait la navette Columbia (au dessus des villages américains appelés Palestine et Jérusalem, selon une information-radio qui n'a pas été reprise), j'étais dans ma maison de Damville, au salon, en compagnie de madame et monsieur Rubin, aimablement venus me livrer à domicile les premiers exemplaires de mon dernier livre Le Pouvoir de la Rose. Sur les six cents volumes numérotés de l'édition originale, une note en page 278 mentionne que l'ouvrage a été achevé d'imprimer le 1er février 2003 sur les presses de leur imprimerie. En vérifiant cette mention, j'ai découvert que l'entreprise Béné (qui a gardé le nom de son fondateur) n'avait plus son siège 12 rue Pradier à Nîmes mais à Uchaud BP 18, 30 620. Mon esprit trotte dans son manège habituel. Eu chaud ? C'est une chaleur anormale qui a été la cause, dit-on, de l'explosion. BP, initiales de boite postale. Où est le courrier ? Dans le 18 ? Valeur numérique de Haï, la vie en hébreu. 30 620 en serait-il l'adresse ? 30 = lamed, l'enseignement. 6, désigne la dernière couche de l'unité évolutive en cause. 20 laisse entendre que là, on en serait à la deuxième instance, le BOP. Situation parfaitement définie : la vie nous enseigne que le cycle civilisateur n'a plus d'espace où se prolonger. Le mur de la fin est touché. L'explosion de la navette en est la preuve.

Columbia est son nom. Télégramme audible en hébreu.

Col = tout. mais aussi la voix.

Um = mettre en déroute.

Bia = venue, arrivée, action d'entrer.

La voix divine entre en action. Vous en serez abasourdis.

Élucubrations ! Charlataneries! diront avec leur hargne et leur mépris les esprits rationalistes embourbés dans la mélasse du réel. Mais qu'ils lisent donc mes livres. Ils verront si la cohérence fait défaut à la doctrine du Sacré telle que je l'expose. Et qu'ils prennent garde ! Ils n'auront plus le temps de crier victoire. Les événements vont se précipiter. L'heure de Dieu arrive. le plus sage est de l'accueillir comme elle en a le désir : par la prière opportune et nécessaire qu'est aujourd'hui l'acte de comprendre.

Damville 7 février 2003.
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