ÉDITORIAL.
Ce serait emprunter un raccourci glissant que de chercher une résonance de la crise financière et économique, qui s'est déclenchée il y a tout juste un an, dans les raisons qui ont conduit au 32e suicide constaté chez France Télécom depuis le mois de février 2008. Il faut se méfier des symboles hâtifs et ne jamais perdre de vue tous les éléments, complexes, qui poussent un être humain à se donner la mort. Pourtant, comment ne pas établir de parallèle entre la marche forcée choisie pour transformer une entreprise de service public traditionnelle en multinationale profitable et la sanction morale infligée au credo libéral depuis la mise au jour du pot aux roses des subprimes ?
Certes, France Télécom n'est pas une banque et il lui faut se battre dur pour protéger ses parts de marché face à ses puissants rivaux de la téléphonie mobile. Mais il n'y a rien de pire que les fraîchement convertis, et les responsables de l'ancienne entreprise publique ont peut-être trop vite rêvé de ressembler aux grands patrons de compagnies privées dont les règles de management ne sont pas aussi libérales qu'ils l'imaginent. Changer aussi vite de culture, de ville, de métier, et donner un nouveau sens à son travail nécessitent un long accompagnement humain pas toujours compatible avec une recherche rapide de résultats.
Il est cependant difficile de faire ici la morale à France Télécom, car un an après la chute de Lehman Brothers, la recherche des nouvelles valeurs propres à construire un ordre mondial plus respectueux de l'humanité que celui qui est en marche n'a toujours pas abouti. La dette publique s'est ajoutée à celle du crédit à la consommation, mais la fuite en avant vers encore plus de richesse artificiellement créée reste sur orbite. Les intérêts contradictoires des grandes puissances font accoucher de maigres souris les sommets successifs du G20.
Dans la nouvelle saison de « 24 heures chrono », le hors-la-loi Jack Bauer, armé d'une technologie chaque fois plus sophistiquée, chasse le terroriste avec une vitesse et une ultraviolence renouvelées. Pourtant, comment ne pas voir qu'en quelques mois le modèle que nous propose ce monde paranoïaque est passé de mode ?
Langon
le 14/09/2009 à 11h01
On n'en parlerait même pas parce que l'information ne filtrerait jamais du pole emploi.
Mais qu'en est-il au juste, du nombre de suicides chez les millions de chômeurs qui marchent les yeux bandés au bord d'un précipice et que l'on contraint à avancer, j'aimerai bien le savoir ?
Le nombre est peut-être horrifiant d'inhumanité...
Zinette