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Les animateurs de colonies de vacances, des travailleurs comme les autres ?

Créé le 30-07-2011 à 12h29 - Mis à jour à 12h40 2 réactions

La Cour de Justice de l'Union européenne souhaite que le droit du travail s'applique normalement aux animateurs. Pour l'instant ils sont soumis au "contrat d'engagement éducatif".

Lyon : Des enfants attendent leur train à leur départ en colonie de vacances, le 05 juillet 2008 à la gare de la Part-Dieu à Lyon. Avec plusieurs millions de vacanciers attendus sur les routes, dans les gares et les aéroports, ce premier week-end de juillet marque le début des grandes migrations estivales. Aux vacanciers français s'ajoutent ceux de Belgique et de certaines régions des Pays Bas qui sont également en vacances et dont les habitudes sont plutôt de partir en juillet qu'en août, venant ainsi grossir le trafic entre le nord de la France et le sud du pays. AFP/Fred Dufour

Lyon : Des enfants attendent leur train à leur départ en colonie de vacances, le 05 juillet 2008 à la gare de la Part-Dieu à Lyon. Avec plusieurs millions de vacanciers attendus sur les routes, dans les gares et les aéroports, ce premier week-end de juillet marque le début des grandes migrations estivales. Aux vacanciers français s'ajoutent ceux de Belgique et de certaines régions des Pays Bas qui sont également en vacances et dont les habitudes sont plutôt de partir en juillet qu'en août, venant ainsi grossir le trafic entre le nord de la France et le sud du pays. AFP/Fred Dufour

Prisées par les familles, les colonies de vacances pourraient connaître des difficultés financières à l'avenir si le droit du travail, notamment en matière de repos obligatoire, devait s'appliquer aux animateurs et à terme renchérir le coût de ces séjours.

Les associations organisatrices de séjours s'inquiètent des conséquences d'un arrêt de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) d'octobre 2010 qui remet en cause le "contrat d'engagement éducatif" (CEE), statut dérogatoire proposé aux moniteurs et directeurs de colonies de vacances et centres de loisirs.

Pas plus de 80 jours par an

La CJUE a jugé que ce contrat n'était pas conforme à la législation européenne car il ne prévoit pas de "période minimale de repos journalier" ni de temps de repos compensateur.

Le CEE se situe entre travail salarié et engagement citoyen. Il concerne quelque 500.000 jeunes et se limite à 80 jours par an.

Créé en 2006, ce contrat de travail, qui figure dans le code de l'action sociale et des familles et non celui du travail, peut être proposé par des collectivités, des associations mais aussi des entreprises privées si elles proposent un accueil collectif de mineur (ACM) à caractère éducatif.

Solidaires Isère l'a contesté devant le Conseil d'Etat sur plusieurs points, dont l'obligation du temps de repos journalier (11 heures).

Sur ce point, le Conseil d'Etat tranchera en septembre et il devrait demander l'application des demandes européennes. Puis le gouvernement devrait se prononcer dans la foulée, selon le ministère de la Jeunesse.

Pour Solidaires Isère, le CEE est "un vrai scandale", "exploitant de manière éhontée les jeunes 24 heures sur 24".

Démarche "volontaire et citoyenne"

"Sous couvert de bénévolat, les jeunes qui encadrent les colonies sont bien des travailleurs", insiste Jacques Dechoz, en appelant à des négociations sur l'emploi éducatif.

C'est une démarche "volontaire et citoyenne" qui "n'est pas un métier et ne peut pas en être" un, rétorque de son côté la Ligue de l'Enseignement, qui plaide pour un "engagement volontaire occasionnel".

"On a la responsabilité des enfants 24 heures sur 24, on est dans une dynamique collective, éducative et sociale très particulière. Si le jeune veut vraiment travailler, il va dans une chaîne de fast food et aura un vrai salaire", estime Jacques Chauvain, chargé de mission à la Ligue, qui gère chaque année 400.000 enfants, sur les 3 millions qui partent en France en centre de vacances ou accueil de loisirs.

Si la décision de la CJUE était appliquée, il faudrait davantage d'encadrants et "c'est minimum 15% d'augmentation des prix de séjour et donc l'incapacité des familles à financer les séjours, ce qui est inacceptable", plaide-t-il.

Problèmes de sécurité

Une proposition de loi, déposée le 13 juillet par un député UMP, abonde dans le sens des associations et vise "à reconnaître un régime spécifique aux personnels pédagogiques occasionnels des ACM".

Interrogée sur les intentions du gouvernement, la secrétaire d'Etat chargée de la Jeunesse et de la Vie associative Jeannette Bougrab reconnaît qu'il "faudra tenir compte du droit européen".

"Pour des questions de sécurité, les animateurs doivent avoir des repos", a-t-elle déclaré à l'AFP. "On réfléchit, mais ça ne peut pas se faire au détriment de la sécurité des enfants" ni de celle "des moniteurs qui ne doivent pas se retrouver dans une situation de fragilité sociale parce qu'ils sont liés à un projet éducatif", a-t-elle ajouté.

"Il ne faudrait pas qu'un statut dérogatoire pour ces jeunes permette à des très grosses structures de bénéficier d'un effet d'aubaine", a-t-elle ajouté, soulignant que les ACM sont gérés pour 70% par des associations, contre 30% par des entreprises privées.

Le Nouvel Observateur - AFP

 

Vos réactions (2)

Anne le Restif

Anne le Restif a posté le 2-08-2011 à 14:20

je suis d'accord avec Katy... ce contrat, qui était sur les rails depuis longtemps et soutenu par les "grandes federations d'education populaire" leur a permis de se positionner favorablement sur les appels d'offre..parallèlement, les conventions collectives utilisatrices d'animateurs occasionnels ont supprimé les annexes (3 et 4 selon ccn) qui permettaient de remunerer correctement ces personnes.
et parallèlement, les moyens alloués par les financeurs ont baissé, evidemment, ce qui rend dificile le retour en arrière, SAUF A RECONNAISSANCE DE L'UTILITE PLUBLIQUE DES Accueils de loisirs...
d'autre part, le CEE etant limité à 80 jours, les dirigeants HONNETES de ces structures doivent former 2 équipes/an DE CE PERSONNEL DE QUI DEPEND LA SECURITE DE VOS ENFANTS!...et ceux cis doivent s'adapter au changement d'encadrants...
les syndicats de salariés se sont toujours elevés contre ce contrat inique!
RESTE AUX FINANCEURS PUBLICS A REMUNERER CORRECTEMENT LES STRUCTURES PORTEUSES!!!

Katy Tari- Lequesne

Katy Tari- Lequesne a posté le 2-08-2011 à 13:44

Il était temps que l"union européenne se penche sur la question de la grande arnaque qu'est le contrat d'engagement éducatif. je suis plus que d'accord avec solidaire Isère quand ils parlent de "scandale"

Que la ligue ose dire qu'il ne s'agit pas d'un métier mais d'un engagement citoyen est tout simplement inacceptable. En effet, n'est ce pas ces mêmes organismes issus de l'éducation populaire qui forment ces mêmes jeunes au BAFA pour la somme dérisoire de 900€ tout compris. Quel bel engagement, vous payez pour être formé, puis vous devenez "volontaire occasionne"l à 2,2 x le smic par jour,soit 19,80€/ jour. Certains organismes vont même jusqu'à demander aux jeunes de payer leur transport pour rejoindre la colonie! Ca devient un grand luxe d'être animateur ou comment disent ils déjà "volontaire occasionnel".Cela coûte cher,c'est pas donné à tout le monde!

Je lis par ailleurs que ces mêmes organismes craignent que cela les obligent à augmenter le coût pour les familles et qu'il y a un risque que les familles les plus défavorisées ne puissent plus inscrire leurs enfants. A 700 euros la semaine/ enfant en moyenne, on peut le comprendre! mais rassurez vous les familles de cadre moyen ne peuvent pas plus se le permettre si leur entreprise n'a pas de gros comité d'entreprise.
Pour ce qui est des familles défavorisées, à ce jour, elles ne peuvent faire partir leurs enfants que grâce aux bons CAF , les aides des communes ( quotient familial) et