Par SudOuest.fr avec AFP
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Mobilisés depuis mercredi en faveur de la Palestine, les étudiants de Sciences Po Paris se sont installés dans le bâtiment historique de l’école. Ils ont évacué vendredi soir, après un accord avec la direction de l’établissement

Sit-in dans la rue, occupation des locaux et face à face tendu avec des manifestants pro-Israël : une mobilisation propalestinienne, sous surveillance étroite des forces de l’ordre, a perturbé vendredi Sciences-Po Paris où les revendications de certains étudiants font écho aux contestations qui agitent de prestigieux campus américains.

La tension est montée d’un cran en fin d’après-midi avec l’arrivée d’une cinquantaine de manifestants pro-Israël criant notamment « Libérez Sciences po » ou « Libérez Gaza du Hamas ». Certains étaient masqués.

Après une bousculade entre partisans des deux camps, les forces de l’ordre se sont positionnées pour séparer sans violence les groupes puis exfiltrer les manifestants pro-Israël.

Les forces de l’ordre ont ensuite demandé en début de soirée aux étudiants, militants ou sympathisants du comité Palestine, mobilisés depuis quelques jours dans et en dehors des locaux historiques de Sciences Po, au cœur du huppé VIIe arrondissement, de s’en aller. Des députés LFI étaient présents à leurs côtés, écharpe tricolore bien visible, en « soutien » selon l’un d’entre eux, Thomas Portes.

Une centaine de manifestants sont partis d’eux-mêmes et « l’action de la police a permis de faire partir une autre centaine de personnes dans le calme », a-t-on indiqué de source policière.

Vers 20 h 15, une centaine de personnes restaient devant l’école, a constaté une journaliste de l’AFP.

Un bâtiment de Sciences Po Paris est toujours occupé par des étudiants de soutien aux Palestiniens, le 26 avril 2024.
Un bâtiment de Sciences Po Paris est toujours occupé par des étudiants de soutien aux Palestiniens, le 26 avril 2024.
DIMITAR DILKOFF/AFP

La direction « condamne »

Ces manifestants ont bloqué vendredi matin l’accès de l’« école des élites », alors que des étudiants avaient passé la nuit dans le bâtiment historique de Sciences Po. Mercredi soir, une dizaine de tentes avaient été installées dans la cour d’un autre bâtiment avant que la police ne vienne déloger les étudiants favorables à la cause palestinienne.

Les étudiants ont reçu vendredi le soutien de plusieurs figures de LFI, dont la militante franco-palestinienne Rima Hassan, candidate sur la liste « insoumise » pour les élections européennes.

Ils portent « l’honneur de la France », a déclaré à la presse Mme Hassan, reprenant les propos du leader insoumis Jean-Luc Mélenchon qui a adressé un message audio aux manifestants.

La direction a décidé de fermer plusieurs locaux de son campus parisien et « condamne fermement ces actions étudiantes ». Quelque 70 étudiants ont occupé un autre site de Sciences Po Paris, au Havre, selon la direction.

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La direction a organisé une rencontre avec des représentants. Après cette entrevue, elle a annoncé un accord par lequel elle s’engage à organiser un débat interne et à suspendre des procédures disciplinaires lancées contre des manifestants. « Compte tenu de ces décisions, les étudiants se sont engagés à ne plus perturbés les cours, les examens ainsi que toutes les activités de l’institution », écrit Jean Bassères, administrateur provisoire de Sciences Po Paris, dans un message transmis aux étudiants.

Le comité Palestine revendiquait notamment « la condamnation claire des agissements d’Israël par Sciences Po » et « la fin des collaborations » avec toutes « les institutions ou entités » jugées complices « de l’oppression systémique du peuple palestinien ».

« Le débat, oui. Le blocage, non », a déploré sur BFMTV la ministre de l’Enseignement supérieur Sylvie Retailleau qui a tiré à boulets rouges sur le « jeu dangereux » attribué à LFI dans la mobilisation à des « fins électorales ».

Comme aux États-Unis où la mobilisation d’étudiants pro-Gaza enflamme le débat politique, le militantisme des étudiants pro-Gaza à Sciences Po est accusé d’alimenter l’antisémitisme sur le campus.

Fin des cours

« Qu’on fasse preuve de solidarité à l’égard des Palestiniens, qu’on montre le rejet des crimes qui sont commis à Gaza, c’est naturel », a jugé Raphaël Glucksmann, tête de liste du Parti socialiste et de Place publique aux européennes, sur BFMTV.

L’entrée de Sciences Po Paris a été bloquée par des étudiants, le 25 avril 2024.
L’entrée de Sciences Po Paris a été bloquée par des étudiants, le 25 avril 2024.
DIMITAR DILKOFF/AFP

« Après […], est-ce qu’on est capable d’organiser des discussions avec ceux qui ne partagent pas le point de vue ? Et jusqu’ici […], ce n’est pas le cas. Donc on a un problème et la direction de Sciences Po a le droit de décider d’évacuer », a-t-il complété.

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Pour le président du Conseil représentatif des institutions juives de France Yonathan Arfi, qui s’exprimait sur LCI, « il n’y a rien de massif » mais « ça fonctionne, ça prend en otage le campus entier, ça empêche la liberté académique et fait peser un climat de terreur intellectuelle sur une partie des étudiants juifs ».

« On n’a rien contre les étudiants de confession juive, il y a des étudiants juifs qui militent avec nous », a plaidé Hubert Launois, 19 ans, membre du comité Palestine. « Ce qui nous pose problème, c’est la politique coloniale et génocidaire du gouvernement d’extrême droite israélien », a-t-il ajouté.

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La question se posait de la suite de cette mobilisation alors que, pour une majorité des élèves, ce vendredi marque la fin des cours et le début des révisions avant les examens.