Monde

Poncet attribue le raid sur Bouaké au clan Gbagbo

Le bombardement du camp des militaires français en Côte-d'Ivoire, il y a un peu plus d'un an, est dû à l'entourage du président, affirme devant le juge l'ancien commandant de la force Licorne.

par T. H.
LIBERATION.FR : mercredi 14 décembre 2005 - 19:33

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Qui a donné l'ordre aux forces loyalistes ivoiriennes de bombarder un camp militaire français à Bouaké, en Côte-d'Ivoire, le 6 novembre 2004? Le chef de l'Etat ivoirien? Son entourage? Un traître au sein du régime pour torpiller l'offensive en cours contre les rebelles du Nord? Plus d'un an après les faits, cette énigme resurgit à Paris... dans la bouche du général Henri Poncet. Ce dernier a été mis en examen, mardi, pour «complicité d'homicide volontaire» dans l'affaire Firmin Mahé, ce «coupeur de route» étouffé par des soldats français en mai dernier.

Interrogé comme témoin, vendredi, par la juge Brigitte Raynaud, dans le cadre d'une enquête ouverte pour «assassinats, tentative d'assassinats et destructions de biens», l'ancien commandant de la force Licorne en Côte-d'Ivoire (de juin 2004 à juin 2005) a mis en cause l'entourage direct du président Gbagbo. Selon l'officier français, son conseiller pour les affaires de défense, Bertin Kadet, et le colonel Edouard Séka Yapo, ancien patron de l'armée de l'air ivoirienne, seraient impliqués directement. Le premier, ancien ministre de la Défense et apparenté à Laurent Gbagbo, lui a répondu depuis Abidjan en mettant «au défi» le général Poncet d'apporter la preuve de ses accusations.

L'identité du commanditaire du raid sur Bouaké est centrale dans la «guerre des Six-Jours» qui a opposé les soldats de Licorne aux partisans –militaires ou «jeunes patriotes»– de Gbagbo en novembre 2004. A la suite de ce bombardement meurtrier, l'armée française a riposté en détruisant la quasi-totalité de la flotte militaire ivoirienne. A l'appel des dirigeants «patriotes», des milliers d'Abidjanais se sont vengés en attaquant les domiciles et les entreprises des Français installés dans la capitale économique ivoirienne. Plus de 8.000 d'entre eux ont fui en catastrophe la Côte-d'Ivoire. Ce mercredi, la justice française a annoncé avoir ouvert une information judiciaire sur une vingtaine de plaintes déposées par des expatriés, dont trois pour viols.

Dès le début des événements à Abidjan, Paris avait accusé l'entourage de Gbagbo, tout en prenant soin de dédouaner le chef de l'Etat ivoirien, vraisemblablement pour ne pas rompre définitivement tout contact avec lui. A Abidjan, de nombreux observateurs doutent pourtant que le président ivoirien ait pu être tenu à l'écart d'une décision aussi cruciale. A moins qu'il ne s'agisse d'une bavure ou, comme Laurent Gbagbo l'a affirmé à Libération à l'époque, d'un «coup fourré». Celui d'un traître? Quelques jours après le raid, le chef d'état-major de l'armée ivoirienne, Mathias Doué, avait été limogé. Craignant pour sa vie, il a fini par quitter le pays et appelé, cet été, au renversement du président Gbagbo.

Les pilotes biélorusses, ukrainiens et russes des aéronefs militaires employés par le gouvernement ivoirien pourraient éclairer les enquêteurs français. Une quinzaine de ces mercenaires ont été arrêtés par les soldats de Licorne après le raid, avant d'être étrangement relâchés quatre jours plus tard. Ont-ils parlé? Devant la juge Brigitte Raynaud, le général Poncet s'est contenté de dire qu'il avait obéi «aux ordres» en leur rendant la liberté.


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