Livre d’Hermès : Fiction poétique et vérité théologique.

Livre d’Hermès Trismégiste.

Corpus Hermeticum version XVIème siècle

Lug Alc

Lazarel, poète chrétien, à Ferdinand Roi, intitulé le bassin d’Hermès : lequel traite la manière de connaître Dieu et soi-même. Traduit du vieux François par C. le Moal

Certes je ne peux qu’assez m’émerveiller, comme se fait que les fictions poètiques, s’accordent à la vérité Théologique.
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Dialogue concernant les enseignement du Corpus Hermeticum d’Hermès Trismégiste, entre Le Roy et Lazarel.

Fiction poétique et vérité théologique.

-  Le Roy : Certes je ne peux qu’assez m’émerveiller, comme se fait que les fictions poètiques, s’accordent à la vérité Théologique.

-  Lazarel : Tu n’as cause de t’en émerveiller, ô Sire, pourvu que tu entendes ce qu’ont laissé par écrit les anciens Théologiens. Et principalement Hermès, lequel étant prince de l’ancienne Théologie, n’a pas trouvé étrange d’envelopper et cacher la vérité Théologique, sous telles fictions. Mais maintenant de notre temps, toutes fables sont presque de tous sans nul égard et révérence de vérité acertenées apertement, et maintenues pour véritables. Ce que prévoyant Hermès devait une fois advenir, en devinant, ainsi se plaignait. O Égypte, Égypte, les seules fables de tout l’honneur et révérence que tu as faite aux dieux, demeureront autant incrédibles à tes successeurs, que de bon coeur les as faites, ni ne demeurera autre chose que les seules paroles gravées dans les pierres, récitant les tiens beaux et pitoyables faits. Semblablement les saints Théologiens de la religion chrétienne, que l’on appelle Prophètes, ont usé pareillement de telles fictions poétiques. Ce que tu trouveras être tel, si tu veux feuilleter leurs divins oracles. Desquels Saint Denys, au commencement de la hiérarchie céleste, parle en cette manière. Donnons nous garde d’être séduit par l’erreur du commun vulgaire, estimant vulgairement les célestes esprits, qui n’ont autre espèce que divine, et n’avoir divers pieds, et divers faces. Et que ne les imaginions si sottement que nous les estimions au ciel avoir leurs formes et figures, ou selon la pesanteur et solidité des boeufs, ou selon l’arrogance et fierté des Lions, ou selon l’effigie des Aigles avec leurs becs courbes, ou selon l’étendue et diversité de plumes des oiseaux : ou être en cet endroit quelques roues enflammées de feu, et siège matériels, nécessaires à la gésine de la souveraine divinité : ou quelques chevaux de diverses couleurs et gardes armés, Ducs, Barons, Roys, et Empereurs, et telles choses semblables, lesquelles nous sont par écrit rédigées fort divinement par évidente et expresse diversité de signes.

Car Théologie use à force de fictions poétiques, pour donner a entendre aux hommes, et décrire les divins esprits, n’ignorant point ( comme nous l’avons précédemment dit) l’imbécillité de l’entendement humain, et lui montrant de loin par une incrédible bénignité la propre et naturelle (bien que toutefois incongrue) voie, par laquelle se doit élever haut : Et autant qu’il lui est possible, lui dressant dans les Saintes lettres les sentiers de telle élévation. Jusqu’ici Saint Denis, Rabi Moïse Égyptien, pareillement au livre qu’il a écrit et nommé Malachin, semble avoir voulu signifier le semblable, quant il dit : il faut entendre que la Sainte écriture appelle de divers noms, le haut et sublime loyer, et le non pareil bien, de tous les prophètes de Dieu, le Tabernacle de Dieu, le Temple de Dieu, la maison finalement, et porte de Dieu. Les docteurs mêmes le nommant un banquet, ou festin, et siècle futur. Jouxte ceci semblablement Pithagoras, Empedocles, Parmenides, avec Héraclius, ont faits des fables des dieux. Mais attendu que notre âme (comme le dit le même Saint Denys) se meut par ses actions spirituelles, et s’étend aux choses intelligibles, déjà les sens sont superflus, et autres semblables choses. Tu as lu aussi autrefois, comme je le pense, dont ils disent que poésie a eu son commencement. À savoir, que tout ainsi que les anciens sages ont voulu que les temples aux dieux consacrés, fussent plus magnifiquement édifiés, que les humaines habitations, aussi ont-ils été d’avis, que la voix par laquelle leurs hymnes, et louanges se chantent, fut proférée plus haut, que le coutumier parler. En telle sorte aussi, disent-ils, que la poésie avait été inventée, sous laquelle est cachée vérité, soit elle ores couvertes de fabuleuses couleurs.

-  Le Roy : Nous avons très souvent entendu et lu cela, dans les livres des anciens. Assurément, afin que je te dise la vérité Lazarel, ce propos que nous traitons m’est si plaisant, qu’encore que le Soleil soit de nous fort approché, et tempérant le dernier quartier du printemps, soit fort acru : si me semble-t-il néanmoins être plus court que de coutume. Or avant donc maintenant puisque tu as interprété, qui sont les Géants, déclare nous conséquemment comment doivent s’entendre les femmes, desquelles nous avons parlé ci-dessus.

-  Lazarel : Les femmes avec lesquels se souillent ceux qui ne suivent pas l’agneau, sont douces déceptions, caressantes persuasions, et toutes autres affections sensuelles. Lesquelles Moïse au livre de la génération, appelle les filles des hommes, avec lesquelles les enfants de Dieu ont habité. Lesquelles filles humaines, se séparant de son unité en innumérables parts divisée (ainsi que le dit Philo) enfantent avec extrême douleur. Au moyen qu’elles enfantent milles fausses figures, fausses couleurs, et fausse concupiscence et convoitises par les yeux, belles paroles de voix, doux langage et gracieux et caressantes mignotises. Étant donc l’âme ainsi d’une multitude de filles environnée, et incontinent forcée, et lors les enfants de Dieu entrent en elle. Car pendant que les purs rayons de la Sapience reluisent en notre âme, par lesquels nous contemplons Dieu et ses vertus, nulles menteuses, deceptives, et fausses nouvelles entrent dans les pensées : mais courant ça et là extérieurement, s’en vont toutes dans les lieux purgatifs. Mais quand la division de cette unité, la lumière de l’entendement est hébétée, est rendue plus imbécile que de coutume, alors s’approchent les ténèbres, avec l’assemblée et amas de leurs efféminées et dissolues perturbations (lesquelles appelle Moïse, les filles des hommes) donnent un assaut au dit entendement, lequel finalement elles s’emparent et occupent. Ce sont ici les femmes, qui conçoivent et portent lignée pour soi-même, et non pour Dieu. Or il est commandé à notre âme de produire lignée à l’honneur de Dieu, et non au sien. Ainsi comme Abraham engendra son fils Isaac à Dieu, et non à soi-même, étant prêt à lui offrir et sacrifier. Mais Adam délaissant le bois de vie, c’est à savoir la contemplation de l’unité, et descendant au bois de science du bien et du mal, c’est-à-dire, à la suite et application des choses sensibles, a engendré plusieurs filles : et étant par ce moyen tombé de sa justice et dignité primitive a encouru la mort. Par quoi décrit Moïse, que Dieu dit ainsi de lui. Voici Adam fait quasi l’un de nous : sachant bien et mal. Et dans ses psaumes et écrit : L’homme étant en honneur, c’est tellement méconnu, qu’il a été accompagné aux bêtes irraisonnables, et sans entendement, et à elles fait semblable. Et Hermès en son Pimander : Mais après que l’homme eut considéré en Dieu son père, la création de toutes choses, lui-même aussi à l’imitation de Dieu, a voulu édifier et bâtir. Dont il est tombé de la contemplation de son père, en la sphère de génération. Et un peu après. L’homme a été supérieure harmonie, mais lui est tombé en celle de ce monde, et a été fait serf.

-  Le Roy : Cette tienne interprétation, m’est merveilleusement plaisante Lazarel. Car encore que l’on donne de ce plusieurs et diverses, non moins toutefois pitoyables, bonnes, et saines interprétations, si est-ce que celle-ci (comme il me semble) est l’âme des écritures. Qui fait qu’ores qu’il me soit survenu vouloir de te questionner de plusieurs choses, si aurai-je néanmoins patience jusqu’à un autre et plus opportun temps, craignant de trop loin nous détourner de notre propos.

-  Lazarel : Il vaut mieux s’en abstenir, Sire, pour le présent, si nous voulons venir à chef de notre intention. Car à la façon de l’hydre que tua Hercule au palais de l’Erne, si tôt qu’une tête de notre présent propos est coupée, ils s’en élèvent et sourdent plusieurs autres. Car de fait aussi le lieu s’adonnerait à éplucher que signifie le serpent, que signifie Adam, que signifie Eve, et plusieurs autres choses semblables, mais je suis d’avis (s’il te plaît) de les laisser, et retourner d’où nous sommes partis.

-  Le Roy : Ainsi l’entendais-je être fait, pourvu qu’en priorité tu me récites comment il se fait que pour avoir goûté du bois de la science du bien et du mal, l’homme ait encouru la mort.

-  Lazarel : Entends-le, ô Sire, selon que je le pourrai interpréter, et te le donner à entendre. Lorsque l’homme était le clair et luisant temple de Dieu, ou son esprit habitait, par la présence duquel il était immortel ( par grâce toutefois et don de justice originelle et non par nature : car de fait il était composé des contraires) la divine splendeur, laquelle en lui habitait, mettait paix aux désaccords et contrariétés des éléments. Mais après la transgression faite, que la lumière dédaignant, et ayant en horreur le péché, c’est de lui départie, toutes ténèbres ont occupé son lieu. Et ainsi le temple des claires et luisantes vertus, a été fait l’habitation et manoir des obscures ténèbres. D’où non seulement la bride a été lachée à toute méchanceté au moyen de quoi l’homme a été délaissé de toutes bonnes et louables vertus. Dès lors toutes maladies et infirmités se sont élevées, et vieillesse est allé toujours en croissant. Dont écrit Moïse, les hommes n’avaient pas longuement vécus après la transgression faite. Mais quelque temps après, que transgression se sont amassées sur transgressions, péchés sur péchés, iniquités sur iniquités, malheurs sur malheurs, et que les hommes y ont été attirés par les ténèbres et erreurs qui les possédaient, la vie de l’homme c’est fort amoindrie. Par quoi Moïse assure Dieu avoir ainsi dit. Mon esprit ne demeurera pas avec l’homme à perpétuité, à cause qu’il est charnel, mais seront ses jours pour plus de six fois vingt ans. Mais à présent, Sire (ô nous misérables) la vie de l’homme est tant raccourcie et abrégée, qu’à grande difficulté on atteint le centième an. Et qui pis est (ô misérables que nous sommes) les compagnons des ténèbres habitent en nous tout le long de notre misérable vie. De manière que la circoncision n’a pu nous en délivrer, ny y remédier. Le Baptême pareillement, encore que le ministre commandant à l’immonde esprit de sortit hors de l’homme, et donner lieu à celui de Dieu, nous délivre des immondes et infectes ordures du péché originel : si est-ce néanmoins qu’elles y entrent derechef violemment, et ravissent à toutes manières d’iniquités. Ce que prévoyant Hermès il s’exclame en cette façon. Il se fera (dit-il) une division douloureuse, et ennuyeuse des Anges d’avec les hommes. Les seuls malins esprits demeureront sur la terre, lesquels mêlés avec l’humanité, inciteront les misérables mortels (en donnant même confort et aide de bras) à tous les malheurs, guerres, rapines et toutes telles choses contraires à la nature des âmes.