Henry casse l'ambiance

21/10/2005 Par SYLVAIN LABBE
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Quatre jours après son retour fracassant à Prague, en Ligue des Champions, où son doublé l'a placé au sommet de la légende des Gunners, Thierry Henry devrait retrouver Highbury et conduire de nouveau l'attaque d'Arsenal samedi face à Manchester City lors de la 10e journée de Premiership. Une bénédiction pour des Londoniens mal en point au classement. Mais l'attaquant français, qui n'a toujours pas prolongé son contrat, a douché cette douce euphorie en mettant en cause depuis la politique de recrutement du club, lui reprochant de ne pas avoir remplacé Patrick Vieira.

Highbury n'attend que ça. Samedi, pour la réception de Manchester City, les supporters d'Arsenal réserveront une ovation monstre à celui qui porte sur ses seules épaules ou presque tous leurs espoirs de réhabilitation. Thierry Henry est de retour et dans l'esprit de chaque fan des Gunners, cela change forcément tout. En inscrivant les deux buts de la victoire (2-0) des Londoniens mardi, à Prague, succès qui valide quasiment le billet de Wenger et ses hommes pour les huitièmes de finale de la Ligue des Champions, Henry a confirmé, après un mois et demi d'absence en raison d'une pubalgie, son statut de messie.

Privés de Henry, les Gunners n'ont pris que sept points sur quinze possibles, concédant deux défaites à Middlesborough (1-2) et à West Bromwich (1-2), assorti d'un nul quelconque (0-0) face à West-Ham. Un rythme à des années lumières des cadences infernales qui avaient cours avant l'avènement des Blues de Mourinho et qui place Arsenal, après dix journées, à 14 points de Chelsea au classement (avec un match en moins, ndlr). Un gouffre que même un Thierry Henry au sommet de son art et de sa forme risque d'avoir du mal à combler à lui tout seul. Tant et si bien que l'attaquant français, au risque de casser l'ambiance euphorique née de son retour, n'a pas tardé à pointer les insuffisances de la politique de recrutement de ses dirigeants.

Henry: "Nous manquons de joueurs clés"

A 24 heures de son retour en championnat, Henry a tenu à exprimer sa déception devant le manque d'ambition de sa formation en matière de recrutement et à pointer du doigt le retard toujours plus flagrant pris sur les plus grosses écuries européennes. "Sans chercher d'excuses, nous avons manqué et nous manquons toujours de joueurs clés, a-t-il confié à la BBC. Certains clubs ont des internationaux sur le banc ou dans les tribunes, pas nous et c'est frustrant." A demi-mots s'exprime cette frustration de ne pas pouvoir rivaliser depuis la saison dernière à armes égales avec le Chelsea d'Abramovitch. Un sentiment accentué plus encore depuis l'intersaison et le départ de Patrick Vieira à la Juventus de Turin. "Le plus important était de faire oublier le départ de Patrick et de réaliser une belle série pour revenir à hauteur de Chelsea. Nous avons échoué". Un discours sans concession qui trouve écho parmi les adversaires des Londoniens. Et pas seulement parmi les plus huppés...

Il y a peu, devant la dégringolade des Gunners, Martin Jol, l'entraîneur néerlandais de Tottenham, le rival plus historique et géographique que sportif d'Arsenal, profitait du très bon début de saison de ses Spurs, aujourd'hui deuxièmes de la Premiership, et de l'absence de Henry, pour dire tout haut ce que bon nombre d'observateurs outre-Manche pensent tout bas: "Si les joueurs clés ne sont pas là –Vieira est parti et Henry est sur le flanc– alors peut-être qu'Arsenal devient une équipe comme les autres."

Le contrat de l'attaquant de l'équipe de France arrivant à échéance en juin 2007, les propos d'Henry relancent du même coup l'hypothèse de plus en plus pressante d'un éventuel départ en fin de saison. L'attachement du successeur de Ian Wright au palmarès des meilleurs buteurs du club à son équipe et à ses couleurs a sans doute ses limites...

Un pont d'or repoussé

Avant de se blesser, l'ancien Monégasque avait ainsi plongé dans l'angoisse le public d'Highbury en refusant d'entamer les négociations pour la prolongation de son contrat, et ce malgré le pont d'or (*) que ses dirigeants sont prêts à lui concéder: "Je veux me concentrer uniquement sur le football et je préfère gagner des trophées plutôt que de m'inquiéter de mon contrat", déclarait-il, toujours à la BBC. "A la fin de la saison, nous en reparlerons, je discuterai avec le boss mais mon esprit est ailleurs en ce moment." D'ici là, le Real Madrid, dont on dit qu'il aurait déjà sous la main une enveloppe de 30 millions d'euros pour attirer Henry à Santiago-Bernabeu, pourrait bien avoir lancé les grandes manœuvres...

(*) Actuellement payé 75 000 livres (109 000 euros) par semaine, Henry pourrait voir son salaire revalorisé à 100 000 livres (145 500 euros). Il deviendrait ainsi le joueur d'Arsenal le mieux payé de l'histoire, record jusque-là détenu par Patrick Vieira (82 000 livres/119 000 euros).