Mode

PRÊT-À-PORTER féminin automne-hiver 2005-2006

Viktor & Rolf, la folie douce

Vincent Darré réussit son premier défilé pour Ungaro. Et Lagerfeld Gallery s'enroule dans la fourrure.

par Sabrina CHAMPENOIS, Françoise-Marie SANTUCCI et Olivier WICKER
QUOTIDIEN : jeudi 03 mars 2005

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Le show de Lagerfeld Gallery, marque personnelle que Karl l'Européen a récemment cédée à Tommy Hilfiger l'Américain, s'est ouvert sous les décibels euphoriques des Scissor Sisters et leur détournement discoïsant de Comfortably Numb. Et c'est ensuite avec un long remix des titres de Prince (période Purple Rain) que s'est déroulé l'ensemble du défilé, preuve que la pertinence des bandes-son va en s'améliorant autour des podiums. Le spectacle était lui aussi à connotation globalement années 80, avec ces bottines gainées de vison passées aux pieds des mannequins. La profusion de pièces issues d'animaux à poils (cagoule et étoles en renard, manteaux en astrakan, robe soulignée de vison noir) rappelait à Stella McCartney et ses copines activistes antifourrure de l'association Peta, que, décidément, «skin is in», comme le disait Patsy Stone dans Ab Fab. Les temps forts de la collection Lagerfeld : une robe du soir plissée chocolat, un simple col de chemise blanc (détail récurrent de la garde-robe personnelle du couturier) porté sur une robe noire vaporeuse alors que Prince chantait, en parfait contrepoint : «Maybe I'm just like my mother, she's never satisfied.»

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Il y avait profusion de vêtements fifille chez Stella Cadente, où la créatrice Stanislassia Klein dit s'inspirer de Mata-Hari pour un show à la musique là encore impeccable (Clash/The Killers/Starsailor remixé). Tous les mannequins défilent en collants couleur corail et chaussures dorées ­ comme on ne fait jamais mieux sa pub que soi-même, il s'agit (apprend-on) d'une référence au parfum que la créatrice vient de lancer. Par-dessus ces collants, les modèles promènent des robes mousseuses aux imprimés chargés et couleurs pastel (des fondus de rose, bleu, rouge), et sont coiffés de diadèmes très vieille Europe. Parfois, une silhouette un peu plus butch arrive, comme cette créature en pantalon très taille basse sur une culotte fuchsia, laissant à l'air un joli ventre juste chatouillé d'un blouson en plumes roses : nickel pour aller au Pulp.

C'est dans un concert de bêlements, hennissements et aboiements qu'a commencé la première collection de Vincent Darré (ex-assistant de Karl Lagerfeld) pour Ungaro : les photographes entendaient signifier qu'on n'est pas des bêtes et, plus de trois quarts d'heure de retard à l'allumage, ça commence à faire. De ce bestiaire, on est passé à un vestiaire de 52 modèles ultragraphiques, le pitch de l'affaire étant une relecture des archives de la maison, à l'époque où Ungaro collaborait avec Cristobal Balenciaga et l'artiste Sonja Knapp. Conséquence majeure, beaucoup de drapés pour des manteaux à manches kimono fermés par de gros noeuds, mais aussi des minirobes de cocktail noires : la silhouette ainsi enrobée en ressort fine, nette et plutôt pimpante. Les couleurs claquent avec un manteau en agneau bleu cobalt et des robes longues jonquille, vermillon, orange. Hair et make up conseillés : chignon et oeil khôlé façon Tippi Hedren.

Chez Viktor & Rolf, le cheveu était, lui, gaufré, au premier chef celui de Tori Amos dont le set au piano a constitué la bande-son du défilé. D'entrée, le duo néerlandais a offert un nouveau coup de théâtre : des belles au bois dormant debout portaient des cols taies d'oreiller sur lesquels s'étalaient les longues chevelures. Un truc qui peut aider pour les vols en low-cost. Par ailleurs, les vêtements proposés n'ont rien d'extravagant. Pièce maîtresse, la chemise blanche, déclinée du spectaculaire (avec plastron en énorme feuilleté) au très sobre (une inscription «I love you» en lettres de sang). Le goût du surdimensionné se retrouve dans des pans qui s'échappent d'un trench noir mais on alterne avec une robe fluide aux tonalités douces (marron glacé, pêche) et un joli peignoir noir nervuré de blanc. Toujours cet efficace alliage de délire et de retenue.


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