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Paris XIXe, une tradition de bandes, aujourd’hui plus communautaires

Violences. Après l’agression d’un jeune juif, des habitants racontent l’évolution du quartier.
STÉPHANIE BINET
Libération: vendredi 4 juillet 2008

Des stands de fripes jalonnent la rue Petit, dans le XIXe arrondissement de Paris. Un groupe de musiciens s’époumone dans le square. Mis à part les caméras et les photographes en grand nombre, l’ambiance de calme de la fête annuelle du quartier, ce samedi 28 juin, tranche avec celle du week-end précédent, lorsque Rudy H., 17 ans, avait été roué de coups jusqu’à tomber dans le coma. Point d’orgue tragique d’un après-midi qui avait vu des bandes de garçons noirs, arabes et juifs se battre sans relâche. «En fait», précise Adji Ahoudian, 28 ans, adjoint à la jeunesse de l’arrondissement, «ça fait un mois que ça dure à cause d’un contentieux entre deux jeunes. Mais on n’arrive pas à savoir ce qui est à l’origine de leur embrouille: un scooter volé, un portable, une fille ?» Comme beaucoup d’habitants de cet arrondissement du nord de Paris, ce responsable d’une équipe de médiation refuse d’évoquer la couleur de peau ou la confession des jeunes belligérants, «parce qu’on ne veut pas rentrer dans le jeu de ce qu’on dénonce: le communautarisme. Ce lynchage aurait eu lieu entre des jeunes d’une même communauté, on n’en aurait probablement pas parlé. La religion de la victime ne doit pas cacher ce qui nous inquiète tous: la violence de nos jeunes

Rapatriés. Comme tous les samedis, c’est shabbat pour les juifs du quartier. Les jeunes, qui ne se distinguent pas des autres d’habitude, portent une kippa. Un père de famille juif orthodoxe, accompagné de ses deux garçons, traverse tranquillement la fête en direction de la synagogue. Après avoir passé la cité et sa façade en céramique, il trouve sur son chemin l’école privée pour filles Beth Loubavitch, ouverte en 1998, puis des commerces casher tout au long de la rue. Le XIXe arrondissement abrite l’une des plus grosses communautés juives de France. «Mais ce ne sont pas les juifs bourgeois de la rue Cadet», souligne Daniel Marcovitch, chargé des affaires scolaires à la mairie d’arrondissement, juif non-pratiquant. «Au début du XXe siècle, des tailleurs venus d’Europe de l’Est se sont installés dans les petits ateliers de Belleville. Puis, en 1961, la Cité Michelet a accueilli les rapatriés d’Afrique du Nord, dont beaucoup de juifs séfarades

Les immigrés venus d’Afrique subsaharienne sont, eux, logés dans les tours HLM des rues Crimée et Riquet, de l’autre côte du canal, et dans les immeubles vétustes aux abords de la place Stalingrad. Aujourd’hui réhabilitée autour de deux cinémas et du bassin de la Villette, cette place était, jusqu’au milieu des années 90, une plaque tournante du crack à Paris, mais aussi le lieu où, pendant des années, des bandes se sont affrontées: des skins, des chasseurs de skins, des taggeurs… «À l’époque», se rappelle Adji Ahoudian, «c’était pour le coup des bandes vraiment organisées, avec un nom, un code vestimentaire, parfois un tatouage, mais sans origine géographique ou communautaire. Aujourd’hui, on a plus affaire à des regroupements de jeunes qui habitent le même immeuble, souvent communautarisés à cause du peu de mixité sociale

«Sionisme».Selon les habitants et leurs élus, les jeunes juifs n’échappent pas au phénomène des bandes et à la délinquance: «Ce ne sont pas forcément des détrousseurs de passants mais des mercenaires qui ne cherchent qu’à se bagarrer», reconnaît Daniel Marcovitch. «Ils règlent leur sionisme par procuration en tapant sur des beurs. Comme un jeune Arabe se voit comme un Palestinien, un jeune Noir comme un descendant d’esclave, un jeune juif se voit comme un Israélien, idéalisant Israël, comme d’autres l’Algérie ou l’Amérique, car les perspectives leur semblent bouchées ici.» Il date les premiers incidents lors de la deuxième Intifada, en 2000: «Des enfants répétaient ce qu’ils avaient vu à la télé, caillassaient des familles juives dans le parc. Des services de sécurité ont commencé à apparaître.»

Calie, une Française d’origine togolaise, habite près des Buttes-Chaumont: «J’ai déjà vu des groupes d’hommes de tous âges partir avec des bâtons chercher l’agresseur d’un des leurs, mais je n’ai jamais senti la pression des bandes dont on parle à la télé. Il y a, certes, un climat antisémite: des réflexions de gens qui ne supportent pas les rassemblements de familles loubavitch le samedi après-midi dans le parc.» Calie a aussi constaté que «beaucoup de parents juifs de [sa] génération inscrivent leurs enfants dans des écoles privées.» À la mairie du XIXe arrondissement, le conseiller chargé des affaires scolaires reste sceptique: «Il n’y a pas de nouvelle construction d’école confessionnelle juive depuis dix ans, pas une seule musulmane. Je suis d’ailleurs incapable de vous dire combien il y a d’élèves juifs inscrits dans le public car, heureusement, en France, on ne demande pas aux enfants leur religion.»

Sources:
http://www.liberation.fr/actualite/societe/336862.FR.php
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