POLITIQUE / En cas de scission du pays, ils veulent s'unir à Bruxelles
VERONIQUE LAMQUIN
Le Soir samedi 21 juin 2008, 09:16
78 % des Wallons souhaitent un Etat unitaire ou plus fédéral. Ou un statu quo. 56 % d'entre eux plaident pour une fédération Wallonie-Bruxelles si la scission du pays devenait une réalité. 29% des sondés pourraient s'accommoder d'un rattachement à la France, au cas où...
44 % des Wallons veulent le retour de l’Etat unitaire, 22 % souhaitent renforcer les compétences du fédéral.
De tous les peuples de Belgique, les Wallons sont les plus belgicains. Telle est la principale conclusion d'une enquête réalisée, d'octobre 2007 à janvier 2008, auprès de 717 Wallons, par l'institut TNS-Dimarso, pour le compte du Pôle interuniversitaire sur l'opinion publique et la politique de l'UCL. Les principales conclusions ?
Les Wallons veulent toujours plus de Belgique. Deux tiers d'entre eux rament à contre-courant de l'évolution institutionnelle: 44 % veulent le retour de l'Etat unitaire, 22 % veulent renforcer les compétences du fédéral. Ajoutez à cela 12 % de partisans du statu quo et vous ne laisserez que 21 % de soutien aux forces centrifuges – 17 % veulent confier davantage de compétences aux Régions et Communautés, 4 % seulement veulent la scission.
La précédente étude réalisée par l'équipe d'André-Paul Frognier, en 2003, ne proposait pas les mêmes réponses, aussi l'évolution est-elle difficilement mesurable. Relevons quand même que la Belgique a gagné des supporters en quatre ans : ils étaient alors 37 % à prôner l'Etat unitaire et 20 % le renforcement de l'Etat central, contre 23 % qui voulaient des transferts de compétences aux entités fédérées.
La comparaison est en revanche tout à fait possible avec les Flamands, l'équipe de Marc Swyngedouw, à la KUL, ayant réalisé la même étude (Le Soir du 10 juin). Le divorce Nord/Sud est criant: 11 % seulement des sondés flamands veulent la Belgique unitaire, 11 % sont favorables au renforcement du fédéral, 20 % rêvent d'un statu quo, ce qui laisse la majorité (46 %) en faveur d'une régionalisation accrue et 9 % d'une scission.
Les verts se distinguent. L'étude tenter de cerner où se cachent les Belgicains. Réponse: partout. En proportions quasi identiques au PS, au MR et au CDH. Seul Ecolo se démarque un peu. « C'est probablement dû au fait que les Wallons qui ont voté pour ce parti en 2007 provenaient pour partie du Parti socialiste », analyse André-Paul Frognier.
Et si le pire arrivait ? Une fédération Wallonie-Bruxelles! Si les Wallons ne rêvent pas de la fin du pays, ils envisagent, sans hésiter, les scénarii, au cas où… Leur modèle ? Une fédération Wallonie-Bruxelles, qu'ils sont 56,5 % à privilégier. « Cette très grande clarté est assez récente », commente le professeur de l'UCL. Elle est d'autant plus remarquable que la question a été posée avant que Rudy Demotte et Charles Picqué ne lancent l'idée… Autre réponse qui ne laisse pas d'étonner : le deuxième choix des Wallons se porte… sur le rattachisme à la France (29 %) ! Viennent ensuite l'indépendance (20,5 %) et la cogestion de Bruxelles par la Wallonie et la Flandre (16 %). « Clairement, l'association entre Wallons et Bruxellois a gagné du terrain, la coupure que l'on observait auparavant a disparu. »
Pas touche à BHV! Ce lien entre la Wallonie et Bruxelles se traduit également dans les réponses récoltées sur le dossier de Bruxelles-Hal-Vilvorde: 66 % des Wallons s'opposent à la scission. « Le sujet ne les laisse donc pas du tout indifférents », commente André-Paul Frognier.
A la Sécu non plus. Interrogés sur la nécessité de maintenir une Sécurité sociale fédérale, une immense majorité de Wallons répond OUI ! Plus contrastés, en revanche, s'avèrent les avis sur une éventuelle régionalisation de l'emploi: 43 % y sont opposés, contre 38 % qui y seraient plutôt favorables.
Ce qui fait voter ? Le boulot ! Quand on leur demande quel est l'enjeu qui détermine le plus leur choix électoral, les Wallons citent, dans l'ordre, la création d'emplois et la mise au travail (22 %), les soins de santé (12 %), l'éducation (11 %), les impôts et le budget (10 %). Pour trouver trace de la réforme de l'Etat, il faut plonger à la 12e place: ils ne sont que 1 % à y songer au moment de voter ! A méditer par les négociateurs réunis autour d'Yves Leterme.
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