VERONIQUE LAMQUIN
Le Soir dimanche 06 juillet 2008, 22:41
http://www.lesoir.be/actualite/belgique/de-gucht-invoque-la-loi-du-2008-07-06-613872.shtml
« Notre Constitution prévoit des mesures de protection pour les minorités. C’est un principe évident de démocratie. Mais cela ne veut pas dire que la minorité doit se prévaloir en permanence de ces protections comme d’un droit de veto. » Et Karel De Gucht, auteur de ce petit rappel de droit à usage des négociateurs (francophones), de souligner, dans une interview au Standaard, ce samedi: « A terme, la loi du nombre l’emportera toujours. »
Une déclaration qui n’a pas manqué de choquer, au Sud… Le ministre des Affaires étrangères (Open VLD) s’étonne des « réactions exagérées » de certains. « Dans une démocratie, on doit pouvoir dire ce qu’on pense. »
Voilà pour la forme. Mais, sur le fond, le libéral flamand est-il à ce point exaspéré de la tournure des négociations ?
« Je pense très sincèrement que le mutisme des francophones, leur religion du non n’est pas une bonne approche. Dire non, c’est peut-être une tactique, ce n’est pas une stratégie. » Et de mettre en garde: « Il y a des choses sur la table qui n’auraient pas dû être aussi difficiles à résoudre. Ces difficultés, depuis un an, nuisent au modèle belge. » Peu amène sur le comportement des négociateurs francophones, Karel De Gucht s’empresse de préciser que, dans le blocage actuel, « les torts sont partagés ». Et de dénoncer les décisions prises à Vilvorde, Liedekerke ou Merchtem, « inacceptables » et « nuisibles pour notre image ».
Comment, dans ce contexte, espérer un dénouement pour le 15 juillet ? « Dix jours, c’est une éternité. Et durant cette éternité, tout peut changer. »
LUC DELFOSSE
Elevons un monument à Karel De Gucht !
Le Soir lundi 07 juillet 2008, 07:42
http://www.lesoir.be/forum/editos/elevons-un-monument-a-karel-2008-07-07-613890.shtml
rédacteur en chef adjoint En rappelant samedi avec la brutalité, le mépris et le cynisme constitutifs de sa personne que, « à terme, la loi du nombre primera toujours », Karel De Gucht a fait œuvre pie.
Car enfin le « diplomate » à l'éthique ambulatoire selon qu'il s'adresse aux nations en déliquescence économique ou aux superpuissances émergentes mais tout aussi tyranniques, malmenant les uns, ménageant les autres, ne fait que confirmer ce que l'on sait depuis… le 7 novembre de l'an dernier.
Ce jeudi de sinistre mémoire, en commission parlementaire fédérale, les partis flamands, usant précisément de la loi du nombre, avaient voté comme un seul homme, démocrates et néofascistes confondus, la scission de BHV. Et il ne s'en sera fallu que d'un cheveu de la tête à Matthieu et d'une pirouette constitutionnelle pour que ce coup de force se reproduise au printemps en séance plénière.
Il faut donc être reconnaissant vis-à-vis de Karel DeGucht de nous faire cette piqûre de rappel. De nous ramener sans ménagement à la nouvelle réalité belgo-belge : la Flandre est bel et bien passée du statut de… majorité opprimée à laquelle il paraît que l'on voudrait chiper sous, sol et langue, à celui de… majorité sinon opprimante, à tout le moins oppressante.
Au fond, avec le Premier ministre, le chef de la « diplomatie » en aura fait plus pour éclairer la lanterne des francophones et des Wallons que toutes les vociférations des partis extrémistes.
La sortie de De Gucht est évidemment l'une de ces « mortelles étincelles » que redoutait, le même jour dans Le Soir, Rudy Demotte. Relisez sans tarder les propos du double ministre président sur le « devoir d'en sortir ».
Dans le climat politique affligeant, y compris dans son propre parti, ce sont ceux d'un homme d'Etat.
Trop tard ? Le vieux canevas belgo-belge d'entente plus ou moins cordiale, de parité, d'équilibre et de solidarité plus ou moins cohérents a déjà volé en éclats. L'invective et l'ostracisme (sans Beulemans, hélas) sont en train de prendre le pas sur la négociation. La majorité n'est qu'un agrégat d'opposants en campagne. Oui : il faut en sortir. En imaginant un autre modèle.
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